De quelle manière les espaces de classe ont-ils évolué?

Les espaces de classe ont évolué selon la réalité de l’époque et les besoins de la société.

L'ère préindustrielle

Les individus apprenaient les coutumes, les valeurs et développaient des compétences pour travailler ou gérer le quotidien en participant à diverses tâches qui se déroulaient dans la vie de tous les jours. L’enfant était appelé à s’occuper de tâches qui progressaient en difficulté et en complexité jusqu’à ce qu’il devienne autonome. Il n’existait pas de bâtiment spécial pour les artisans. L’éducation formelle de nature plus abstraite, telle les mathématiques ou la rhétorique, était réservée à une classe élite, dans un environnement généralement passif où un maitre transmettait les savoirs et les normes culturelles sous la forme de récitation et de répétition. L’éducation religieuse prenait une forme similaire, soit à travers des sermons ou des études d’écrits (Archambault et Chouinard, 2016).

L'ère industrielle

La venue de l’ère industrielle au dix-neuvième siècle a créé la nécessité de former un nombre important de travailleurs éduqués. Ceux-ci devaient acquérir une base en lecture, en écriture et en arithmétique. De plus, ils devaient être en mesure de se conformer aisément aux exigences de larges manufactures. Pour répondre à ces besoins, un nouveau modèle d’école a été conçu, nommé le Modèle Ford ou encore l’approche « Cellules-et-cloches ». Le bâtiment de l’école a été imaginé semblable à une usine avec des corridors où s’alignent des classes, dans lesquelles des rangées de pupitres sont tournés vers l’avant. Le temps des périodes d’activités était contrôlé par un système de cloches (Archambault et Chouinard, 2016; Nair et al. 2013)

L’approche Modèle Ford repose sur quatre principes :

  1. Tous les élèves sont prêts à apprendre la même chose en même temps, de la même manière et de la même personne;
  2. Apprendre est un acte passif
  3. La personne enseignante peut assumer tous les rôles : mentor, guide, experte, pourvoyeuse de soins, etc;
  4. L’apprentissage se réalise sous la supervision de la personne enseignante.

Ce modèle est encore très présent dans plusieurs endroits dans le monde, même s’il existe de moins en moins de ressemblances avec les milieux de travail actuels ou futurs (Archambault et Chouinard, 2016; Nair et al., 2013).

L'ère digitale

L’ère digitale a amené un mode de vie plus complexe, plus branchée et plus rapide. Le fossé s’est élargi entre l’expérience vécue à l’école et celle vécue en-dehors de l’école par les apprenants, et ce, tant au niveau des compétences développées qu’à l’environnement dans lequel elles le sont. Dans cette ère, un des buts de l’école est aussi de préparer les apprenants aux différents milieux de travail. Dans cette perspective, ils doivent savoir utiliser la technologie, développer des idées et résoudre des problèmes de façons innovantes. Dans ce but, certaines compétences sont mises de l’avant en éducation : la pensée analytique, la reconnaissance et la résolution de problèmes, la gestion du temps, la collaboration ainsi que la communication efficace. La prolifération de la technologie digitale, notamment celle mobile et sans fil, ainsi que le e-learning amènent à concevoir une infrastructure différente pour l’espace classe. Par conséquent, de nouvelles options s’offrent et permettent aux personnes enseignantes de conceptualiser et de repenser les possibilités dans leur acte d’enseigner (Imms et Byers, 2017).

L’éducation se transforme durant cette ère, tant dans sa nature que dans son processus. Le phénomène de la mondialisation a contraint les individus à développer des compétences qui leur permettent de travailler en coopération et de manière plus créative. Les apprenants sont appelés à exercer plusieurs métiers durant leur carrière et occuper des postes qui n’existent pas encore. Par conséquent, les bâtiments d’enseignement doivent être repensés dans cette nouvelle réalité (Blyth, 2013).


Influences du constructivisme sur les espaces de classe

L’émergence du paradigme en éducation de l’approche constructiviste a mis l’accent sur l’apprentissage plutôt que sur l’enseignement. Cet angle a permis de réévaluer et de réinventer la salle de classe en offrant une place plus importante pour l’apprentissage informel (Oblinger, 2006).

Pour citer cette page : St‑Vincent, L‑A. (2022). Évolution de la société et des espaces. De quelle manière les espaces de classe ont-ils évolué? Dans G. Bergeron, L. Bergeron, J. Caron, A. Gareau, J. Lacerte, S. Lefebvre, S. Parent, M. Point et L. St‑Vincent (dir.), L’aménagement de classes flexibles. Document produit dans le cadre des Projets inédits du ministère de l’Éducation. Université du Québec à Trois‑Rivières.

Lise-Anne St-Vincent, UQTR