Milieu humain

Histoire

XVIe et XVIIe siècle : les premiers explorateurs

De mémoire d'homme, le lac Saint-Pierre a toujours suscité des commentaires enthousiastes des voyageurs qui le traversent, à cause des nombreuses caractéristiques qui lui sont propres.

Jacques Cartier (1535), Champlain (1609), Pierre Boucher (1664) ont exploré l'archipel du lac Saint-Pierre. Leurs récits de voyage convergent dans le même sens : il est longuement question de la présence de nombreuses îles, du peu de profondeur de l'eau et d'une grande quantité de poissons fort remarquables pour leur quantité.

Les voyageurs subséquents décrivent également les paysages bâtis au lac Saint-Pierre. Le lac est considéré comme un point central des communications de toute la colonie, à cause du nombre remarquable de cours d'eau qui l'alimentent. Blanchard rapporte que l'Île Saint-Ignace aurait été le théâtre d'une foire annuelle de fourrures au tout début du XVIIe siècle.

XVIIe siècle : les premiers établissements permanents

Les premiers ouvrages sont de nature défensive. Attirés par les nombreux avantages du lac Saint-Pierre, notamment celui que représente la facilité de rencontrer les bandes indigènes, grandes pourvoyeuses de fourrures, les Français se heurtent rapidement aux ennemis jurés de leurs alliés Hurons et Montagnais, les Iroquois. Ainsi, la principale route commerciale de la colonie est menacée. Conséquemment, en 1642, le gouvernement Montmagny décrète la construction d'un fort à l'embouchure du Richelieu. Ce fort sera abandonné puis reconstruit en 1647 par Pierre de Saurel.

Trois-Rivières a été fondé en 1634. Bientôt, toute une série de seigneuries sont concédées sur le pourtour du lac Saint-Pierre. Rapidement, la nécessité d'établir des relais le long de cette importante voie de communication s'impose. À partir des années 1665-1670, la fondation de multiples agglomérations situées aux abords du lac ou à la confluence de cours d'eau navigables vient modifier le profil de la région : Nicolet, la Baie-du-Febvre, Saint-François-du-lac, Riviève-du-Loup (Louiseville), Yamachiche, Maskinongé.

XVIIIe siècle : du commerce des fourrures au regain de l'agriculture

L'agriculture et les défrichements prennent, jusqu'au moment de la conquête, un retard considérable dans la région du lac Saint-Pierre. L'attrait de la course aux fourrures, activité facile et lucrative, amène de très nombreux colons, parfois la population mâle de villages entiers, à déserter leurs champs pendant de longues périodes chaque année. L'occupation anglaise du territoire du lac Saint-Pierre, à partir de 1760, se traduit par une prise de conscience de la situation générale de la région. Les revenus de la course aux fourrures sont passés aux mains de compagnies anglaises spécialisées et fort bien organisées. Dorénavant, cette activité économique échappera aux « habitants ».

Le regain de l'agriculture, encouragé par certaines mesures incitatives des autorités gouvernementales, rapporte de considérables dividendes. Les cultures de céréales comme l'orge, le seigle, le sarrazin, l'avoine et le blé feront rapidement de la région le grenier du Bas-Canada.

XIXe siècle : navigation commerciale, chemin de fer, population

Au début du XIXe siècle, les localités prospères sont celles où les voies de terre, qui s'organisent, peuvent toucher les voies d'eau. Bouchette rapporte que Rivière-du-Loup (Louiseville) et Berthier sont pleins de magasins par où le blé est embarqué avec la potasse et qui reçoivent les produits anglais importés. Nicolet devient, grâce au Port Saint-François situé tout proche, l'un des plus grands centres de commerce du bois.

La région du lac Saint-Pierre voit s'implanter de nombreuses lignes de chemin de fer à partir de 1862. D'abord sur la rive sud, puis sur la rive nord. Le train, moyen de transport fiable et qui fonctionne à longueur d'année, relie la plupart des localités.

La remontée en flèche de l'agriculture, l'organisation de petites industries, la création d'un réseau de transports et de communications efficaces et l'apparition de petits contres commerciaux dans bon nombre de municipalités sont tous des facteurs qui vont amener le développement des agglomérations et un accroissement phénoménal de la population.

XXe siècle : stagnation de l'agriculture et implantation de l'industrie

Les fermiers installés sur les basses terres du lac Saint-Pierre se rendent vite compte, sitôt la période dite « des céréales » terminée, de l'inestimable valeur de leur exploitation en regard d'une nouvelle conjoncture nord-américaine : l'ouverture de marchés pour leur foin. Pendant plus de trois décennies, soit de 1900 à 1930 approximativement, ils vont en retirer de grands avantages. En 1929-1930, le temps de l'opulence prendra fin. On assiste alors au retour à l'agriculture traditionnelle et au développement de la polyculture : le lait et des dérivés, l'élevage. Quant à la culture maraîchère, elle s'établira aux abords des grands centres, prête à fournir aux marchés locaux toutes les denrées désirées.

La reprise de l'agriculture ne fait pas disparaître toute activité à caractère industrielle dans les villages; elle la transforme. En effet, les boutiques d'artisans, dont le nombre a considérablement diminué avec les années, ont une partie fait place à de petites et moyennes manufactures telles les scieries, les usines de bois de sciage, les entreprises de fabrication d'engrais chimiques, etc. La grosse industrie, pour sa part, a besoin d'une main-d'œuvre plus abondante que celle que peuvent lui fournir de petites localités et s'implante rapidement dans les grands centres tels Berthier, Louiseville et Sorel. 


Source : Massé, G. & Roussel, Y. (1987). Étude du potentiel d'interprétation du patrimoine. Plan directeur pour la conservation et la mise en valeur de la région du lac Saint-Pierre. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, pp. 31-40.

 
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