Andréanne Angehrn

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Comment la personnalité et le genre influencent-ils la résilience des policiers et policières au Québec?

Les policiers et les policières font face à une expérience professionnelle et des défis uniques. Ces employés rapportent également des taux de trouble de santé mentale plus élevés que dans la population générale et exercent dans une culture de travail généralement réticente au changement. En raison en partie de cette culture et des défis spécifiques au genre, les femmes policières sont particulièrement vulnérables en ce qui est de la santé mentale. Pourtant, les femmes policières semblent également plus propices à développer des stratégies de résilience et d'adaptation face à ces défis. Bien que les femmes et les hommes travaillant en milieu policier semblent mettre en place des stratégies les aidant à faire face aux demandes de leur milieu, nous en savons encore peu sur ce qui promeut la résilience chez les policiers.

Mon étude doctorale a comme objectif de mieux comprendre ce qui contribue ou fait obstacle à la résilience chez les policiers, et comment ceci pourrait différer chez les hommes et chez les femmes. En tout, 380 policiers, dont 44% de femmes, ont répondu à un questionnaire en ligne évaluant la résilience, les facteurs de protection, le harcèlement sexuel et la personnalité. Les hommes et les femmes policiers avaient des taux similaires de résilience et de facteurs de protection. Bien que les femmes et les hommes rapportaient des taux similaires de comportements en lien avec le harcèlement sexuel, les femmes étaient plus propices à rapporter une expérience subjective de harcèlement sexuel. Les hommes policiers rapportaient des taux plus élevés de dysfonctionnement sur le plan de la personnalité et les fragilités sur le plan de la personnalité étaient le plus grand prédicteur de résilience, impactant négativement l’habileté à rebondir face à l'adversité.

Ceci nous guide donc dans l’intervention auprès de cette population, nous guidant vers un travail sur la régulation des émotions et la capacité d’auto-évaluation et d’autoréflexion. Une meilleure compréhension de la résilience des policiers et des différents facteurs qui pourraient favoriser ou entraver la résilience pourrait donc aider à la création de programmes qui favorisent le bien-être de ces travailleurs, de leur famille, et de la société dans laquelle ils exercent.

Directrice de recherche : Colette Jourdan-Ionescu