Sylvain ROBERT

Quel a été mon cheminement de carrière ?

Par Sylvain ROBERT, professeur émérite, Département de chimie, biochimie et physique

Sylvain Robert

La science dans son ensemble m’a toujours passionné. Mais l’événement qui a cristallisé en moi le désir d’une carrière scientifique a été de voir Neil Armstrong poser le pied sur la lune. J’avais 10 ans à l’époque et, comme plusieurs jeunes, je voulais devenir astronaute.

Mais un astronaute ne porte pas de lunettes. Et nous étions très loin de la médecine ophtalmique que nous connaissons maintenant.

À l’école secondaire, des professeurs tout aussi passionnés et stimulants éveillent ma passion pour les sports, le football surtout, et les deux sciences fondamentales que sont la chimie (Jean Hamelin) et la physique (Bernard Tousignant). Un passage au collégial en sciences pures et au football m’amène à choisir ma voie au niveau universitaire : le football ou la chimie ? Un essai avec les Alouettes de Montréal me démontre que, bien que j’aie amplement le calibre pour le niveau universitaire. Mon choix se porte donc sur l’UQTR comme université d’accueil, avec une bonne équipe de football dans la grande ligue universitaire (les Patriotes venant de vaincre Queens la saison précédente), et un bon programme de chimie. Je vais entreprendre ma première année universitaire en chimie en 1979, mais je prends aussi une année sabbatique de football afin de me consacrer à mes études. Malheureusement, cette année fut la dernière de notre équipe, l’UQTR abandonnant le football en 1980.

Je me lance dans mes études tout en travaillant dans les équipes de plusieurs professeurs : Leroy Pazdernik (programmation de logiciels de modélisation sur la plateforme PLATON) et surtout Pierre Tancrède qui deviendra mon mentor, mon directeur de thèse et mon ami. Je deviens accro à la recherche en débutant une maîtrise en biophysique au Centre de recherche en photobiophysique. J’ai ensuite effectué un passage direct au doctorat en biophysique (le premier accordé à l’UQTR) dans le cadre d’un projet de recherche sur la physico-chimie des structures organisées (bicouches lipidiques). Plus particulièrement, je me suis intéressé aux problèmes de transfert d’excitation entre un donneur et un accepteur d’électrons dans ce type de structure. Durant cette période, Pierre m’a aussi encouragé à enseigner à titre de chargé de cours, ce que j’ai adoré.

Par la suite, j’ai entrepris mes travaux au Centre de Recherche en Pâtes et Papiers (UQTR) en juillet 1987, tout d’abord à titre de stagiaire de recherche dans l’équipe de Claude Daneault, puis comme chercheur postdoctoral dans le domaine des pâtes et papiers. Plus particulièrement, je travaillai alors sur les phénomènes de jaunissement et de réversion de couleur causés par la lignine dans les pâtes à haut rendement, PHR (thermomécaniques et chimicothermomécaniques). Les connaissances que j’ai acquises en photochimie des produits naturels et sur les mécanismes de transferts d’électrons (électrochimiques) durant mes études doctorales m’ont permis d’entreprendre efficacement ce travail de photochimie appliqué à un problème important de l’industrie papetière.

En avril 1988 je fus embauché comme attaché de recherche du MESS dans le cadre de l’Action Structurante dans ce même centre. J'œuvrai sur les phénomènes physico-chimiques de jaunissement et de réversion de couleur causée par la lignine dans les PHR en collaboration avec le Dr Claude Daneault, notamment dans le cadre du réseau canadien des Centres d’Excellence (RCE) sur les pâtes de bois (Mechanical Wood-Pulp Network). C’est alors que je démarrai des travaux de recherche portant sur les nouveaux procédés de blanchiment réducteurs appliqués aux PHR.

En juin 1990, je devins attaché de recherche permanent à l’UQTR au CRPP. Puis, en juin 1992, j’obtins un poste de professeur régulier au département de Chimie-biologie et je fus alors rattaché au Centre de Recherche en Pâtes et Papiers. Cela m’a permis d’obtenir mes propres subventions du CRSNG et du Réseau Canadien des Centres d'Excellence sur les Pâtes de Bois pour les Phases II (1994-1998) et III (1998-2002). Je suis devenu professeur permanent en juin 1996.

Mes intérêts de recherche comprenaient :

  • Amidons chargés et chimie de la zone humide (1997-2002)
  • Analyses de traces et empreintes digitales sur les papiers (2013-en cours)
  • Blanchiment réducteur des pâtes à haut rendement (1988-2010)
  • Caractérisation des polysaccharides (2004-2010)
  • Modélisation moléculaire (1988-en cours)
  • Nanocelluloses (2008-2018)
  • Photochimie des matériaux lignocellulosiques (1988-2018)
  • Physico-chimie du désencrage (1988-1997)

Lors de ma carrière de professeur, j'ai enseigné sur les trois cycles d'études, tantôt comme cours théoriques, tantôt comme cours de laboratoires. Les principaux domaines touchés sont :

  • Biophysique
  • Chimie analytique
  • Chimie de l'environnement
  • Chimie du bois et des pâtes et papiers
  • Chimie générale
  • Chimie industrielle
  • Chimie inorganique
  • Chimie organique et des produits naturels
  • Chimie physique
  • Histoire des sciences
  • Modélisation moléculaire

Mon grand intérêt pour l'informatique date de 1977, alors que nous étions bien loin des ordinateurs actuels. Au fil des années, j'ai développé une grande expertise dans le domaine informatique et j'ai été souvent à l'avant-garde des percées technologiques à l'UQTR et de l'utilisation de l'informatique comme outil d'enseignement des sciences, et plus particulièrement de la chimie. Le premier serveur Web était d'ailleurs localisé sur mon ordinateur personnel, en 1994, alors même que l'UQTR ne disposait d'aucune ressource pour supporter le domaine, à la demande même du Service des relations publiques de l'époque. Depuis ce temps, l'informatique et les logiciels spécialisés de chimie ont toujours occupé une place importante dans mes enseignements et mon travail en recherche. À cet effet, j'ai présenté de nombreuses conférences à ce sujet comme représentant de l'UQTR, et ces travaux m'ont même amené à être candidat pour le prix de reconnaissance en enseignement en 1997 et 1998.

De 1995 à 2003, j'ai aussi été webmestre du site du CRPP. Je me suis acquitté de cette tâche bénévole durant 8 ans. J'ai également été responsable, à la demande du CRPP, de la mise sur pied de la réseautique du nouveau pavillon du CIPP en 2006. Depuis 1997, j'ai participé à de nombreux comités de veille technologique et des TICs à l'UQTR.

De juillet 1997 à juin 2002, j'ai été directeur du Comité d'études de cycles supérieurs en sciences des pâtes et papiers, UQTR. Nos programmes gradués en pâtes et papiers comptaient alors plus de 100 étudiants actifs. Durant cette période, j'ai été responsable de l'extension de notre programme de maîtrise en sciences des pâtes et papiers au Venezuela, ou d'ailleurs j'ai eu le plaisir d'enseigner à deux reprises. J’ai aussi procédé à l’évaluation et à la modification de ces programmes gradués.

Mon implication dans le réseau canadien des Centres d'Excellence sur les pâtes mécaniques (1990-2002) m'a valu, en 1999, d'être choisi parmi tous les chercheurs du réseau (plus de 50 de partout au Canada) pour prendre la responsabilité des formations particulières des étudiants de cycles supérieurs de toutes les universités impliquées («Jobskills program»). Pendant cette période, un de mes étudiants les plus brillants, Christian Pellerin, s’est vu accorder la médaille du Gouverneur général du Canada (1997).

En 2006, la direction du SSPT m'a aussi demandé de faire partie du comité d'élaboration de la version 2 du Portail de l'UQTR parce que je suis considéré comme un utilisateur fervent et expérimenté de cette technologie dans le cadre de la formation des étudiants à l'UQTR. Ici encore, j'ai accepté avec plaisir cette nomination et cette responsabilité, ceci dans le but de mieux servir nos étudiants et notre mission d'enseignement.

Mon investissement en formation continue et mes diverses activités de recherche sont une indication de mes efforts soutenus en recherche et de mon désir de continuer à œuvrer dans ce domaine comme en témoignent les sessions de diffusion de travaux auxquelles j'ai participé ainsi que mon implication à des sociétés savantes.

Le 9 mai 2007, l’UQTR m’a décerné le Prix d’excellence en enseignement pour l’ensemble de ma contribution à l’enseignement en général, et à celle de la chimie en particulier.

Le 12 octobre 2007, l’Association pour l'enseignement de la science et de la technologie au Québec, AESTQ m’a décerné le Prix Raymond-Gervais afin de reconnaître et faire reconnaître l'excellence et la contribution exceptionnelle à l'enseignement des sciences au Québec, volet collégial-universitaire.

En novembre 2007, le vice-recteur de l’UQTR m’a demandé de faire partie du Comité d'élaboration du cursus en criminalistique. Ce projet résultera en un programme de baccalauréat en chimie avec profil en criminalistique et débutera en septembre 2012.

En février 2009, l’ATPPC m’a décerné le Prix F.G. Robinson pour services exceptionnels rendus à un comité. Ce prix fut instauré en l’honneur d’un ancien président de l’Association canadienne des pâtes et papiers et honore chaque année le président d'un comité de l'ATPPC qui, selon l'opinion du Conseil exécutif, a le plus contribué à l'avancement des buts et objectifs de l'association et qui a démontré un leadership et un service marquants pour son comité.

Toujours en février 2009, j’ai reçu le Prix 3M Canada de Reconnaissance en enseignement universitaire. Créé en 1986 grâce à la générosité de 3M Canada et de la SAPES/STLHE (Société pour l’avancement de la pédagogie dans l’enseignement supérieur / Society for Teaching and Learning in Higher Education), le Prix 3M a permis de reconnaître le travail de plus de 200 professeurs canadiens provenant de 43 universités différentes. Chaque année, le comité reçoit plus d’une cinquantaine de dossiers de candidature sur les 35,000 professeurs admissibles à ce prix. Le Prix 3M est la reconnaissance la plus prestigieuse soulignant l’excellence et le leadership dans l’enseignement universitaire canadien. Je suis maintenant membre honoraire à vie de la société depuis ce temps. À ce jour (2022), seulement trois professeurs de l’UQTR on mérité cet honneur : feu Estelle Lacoursière (1988), Régis Olry (1998) et moi-même.

En août 2009 on m’a nommé au Cercle d'excellence de l'Université du Québec, et en août 2010 j’ai reçu le prix d’Excellence en enseignement, volet carrière du réseau de l’UQ.

De 2010 à 2013, l’UQTR et le Collège Laflèche ont étroitement collaboré à l’élaboration du volet chimie du Centre de démonstration en sciences dans le cadre des « Actions d’intéressement aux sciences par des démonstrations interactives en chimie en milieu scolaire », MELS Québec - Programme de collaboration universités – collèges. Le but, que nous avons atteint, est d’intéresser les jeunes du primaire et du secondaire au domaine des sciences, et plus spécialement à la chimie. Les expertises en éducation du professeur Ghislain Samson de l’UQTR, en chimie appliquée du professeur Martin Lepage du Collège, et les miennes ont été mises à profit de façon efficace et spectaculaire, menant même à des articles publiés dans des revues arbitrées, des conférences, et bientôt un des tout premiers livres numériques publiés par l’UQTR.

En 2014, lors du concours des Prix du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie et afin de souligner le 50e anniversaire du rapport Parent, un document qui a transformé de manière fondamentale l’enseignement supérieur et qui a contribué de façon majeure à l’épanouissement du Québec, qui sera célébré en 2014, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, M. Pierre Duchesne, a annoncé la création de deux nouveaux prix dans le cadre du volet Reconnaissance de l’excellence en enseignement afin de souligner notamment la qualité de l’enseignement ainsi que l’inventivité et la qualité des méthodes de transmission du savoir au collégial et au premier cycle universitaire afin de mettre en valeur les qualités de pédagogues œuvrant au sein des établissements d’enseignement supérieur du Québec et de souligner l’inventivité et l’originalité de leurs méthodes de transmission du savoir : le prix Paul-Gérin-Lajoie récompensera une ou un enseignant d’un établissement collégial tandis que le prix Guy-Rocher récompensera un membre du personnel enseignant d’un établissement universitaire. Je suis le premier récipiendaire de l’histoire du prix Guy-Rocher.

J’ai aussi pris la direction du Centre de recherche sur les matériaux lignocellulosiques (CRML), anciennement le CRPP), en juin 2011, au même moment où je suis devenu membre du Centre québécois sur les matériaux fonctionnels (CQMF).

De plus, j’ai été aussi nommé directeur du département de chimie, biochimie et physique, et j’ai occupé ce poste de juin 2014 à juin 2018. J’ai cumulé deux mandats de directeurs, en plus de m’acquitter de ma tâche d’enseignement ainsi que la direction de mes étudiants dans mon laboratoire de recherche.

J’ai joint le Laboratoire de recherche en criminalistique (LRC) en 2015.

PAPTAC lance le programme "Fellowship" pour le 100e anniversaire lors de PaperWeek Canada 2015. Lors du premier événement afin de décerner le titre de Fellow, il me fut accordé cet honneur en 2017.

Je suis d'avis que ma vie professionnelle à l’UQTR est bien remplie. Lors de l'accomplissement de toutes mes tâches et fonctions, j’ai fait de mon mieux pour bien effectuer mon travail et bien représenter mon institution, mon département et mon centre de recherche.

Depuis le 1er septembre 2018, je suis à la retraite, mais je continue à œuvrer comme professeur associé au DCBP et au LRC.

J’ai aussi obtenu la distinction de professeur émérite à l’UQTR le 1er septembre 2018.