Armand SÉGUIN

Armand Séguin

Parcours universitaire

Par Armand SÉGUIN, Département des Sciences humaines

La remise de la médaille commémorative des « Pionniers » de l’Université du Québec à Trois-Rivières, en juin 1979, aux professeurs et à tout le personnel de la première heure, 219 au total, nous a remplis d’une grande fierté et d’une grande satisfaction. Cet hommage est devenu une source additionnelle d’inspiration et de motivation à renouveler notre engagement envers cette jeune institution que nous avions contribué à mettre en marche ici à Trois-Rivières. C’était le moment propice pour faire individuellement et collectivement le point sur le chemin parcouru dans la réalisation de ce grand projet durant cette dernière décennie, et pour projeter un regard sur l’avenir.

Pour ma part, j’avais amorcé ma carrière d’enseignant en géographie en septembre 1964 à l’École normale Maurice-L. Duplessis, l’une des deux principales constituantes locales qui allaient contribuer en 1969 à créer l’UQTR. C’était au sortir de la faculté des Lettres de l’Université de Montréal où je venais de terminer la scolarité d’une Maîtrise ès arts en géographie. Cette jeune institution (1959), vouée à la formation des maîtres et destinée plus spécifiquement aux garçons, fonctionnait déjà depuis cinq ans, et occupait depuis peu (1962) l’actuel pavillon des Humanités du CÉGEP de Trois-Rivières.

Les cours offerts, sur une période de quatre ans, conduisaient à l’obtention d’un Brevet d’enseignement de classe A, qui permettait à leur détenteur d’enseigner dans toutes les écoles publiques au Québec. On leur accordait en même temps un Baccalauréat en pédagogie. Le niveau des études et leur durée étaient comparables à ceux d’un Baccalauréat ès arts ou d’un Baccalauréat en pédagogie. Les deux premières années étaient consacrées à une formation générale de niveau collégial; les deux dernières étaient centrées sur la formation professionnelle unissant théorie et pratique, et sur l’approfondissement disciplinaire offert en option, plus apparenté à l’enseignement universitaire.

Cette année-là, nous étions quatre jeunes diplômés universitaires : Pierre Boucher (religion), Jean-Bernard Guindon (philosophie), Yves Paquin (anglais), et moi-même (géographie), à nous joindre à une équipe déjà bien diversifiée, compétente, dynamique, stimulante, entièrement dévouée à la formation concertée de futurs enseignants, et étonnamment très ouverte au milieu scolaire local et régional. Avec notre arrivée, l’ENMD comptait alors 24 professeurs à temps complet incluant la direction et 6 chargés de cours. Notre embauche s’inscrivait dans la préoccupation de la Direction générale de la formation des Maîtres, au Département de l’Instruction publique, d’augmenter la qualité de la formation disciplinaire des diplômés des Écoles normales. Cette orientation était déjà localement en mode de réalisation en histoire, à titre d’exemple, avec la présence des professeurs Maurice Carrier et de Denis Vaugeois.

Le programme d’études des Écoles normales, fixé et supervisé par le Département de l’Instruction publique, prévoyait pour l’enseignement de notre matière les cours : Géographie 106 (6 cr.), 206 (6 cr.), M426 (10 cr.), ou M429 (17 cr.) dans une version plus développée. Un cours distinct sur la Méthodologie de l’enseignement de la géographie (2 cr.) était inclus dans ces derniers, conçus d’une façon modulaire. L’un et l’autre représentaient une concentration optionnelle disciplinaire qui était offerte à la fois aux étudiants de l’École normale Maurice-L. Duplessis, et à ceux des écoles normales privées du Christ-Roi et de Nicolet. En 1967, cette collaboration nécessaire entre les institutions locales de formation des maîtres allait s’accentuer et donner lieu à la création du Centre de formation des maîtres de Trois-Rivières, regroupant au total 562 étudiants et étudiantes en 1967-68, et 645 en 1968-69. Ainsi, pour répondre aux exigences du programme et à l’augmentation de la population étudiante, l’ENMD embauchait en 1968 un deuxième professeur pour l’enseignement de la géographie, Jean-Marie Lancery, un jeune diplômé (Licence) de l’Université de Montréal, à qui l’on confiait l’enseignement de la géographie physique et de la cartographie.

Dès mon arrivée, une tâche prioritaire s’imposait, celle de la création d’une classe-laboratoire destinée spécifiquement à l’enseignement de la géographie, une directive reliée à l’application du programme. Nous avons d’abord meublé ce local de 15 tables de travail, fabriquées en bois et sur mesures, pour accommoder un groupe cible de 30 étudiants, jumelés deux à deux. Puis nous y avons joint de l’ameublement complémentaire et tout l’équipement, documentation et matériel didactique requis pour pouvoir, de diverses façons, entraîner les étudiants à l’observation et à l’analyse de l’espace géographique, sur cartes topographiques ou photos aériennes verticales en vision stéréoscopique, ou autres procédés. En fait, toute l’organisation de cette classe-laboratoire visait à favoriser le recours aux méthodes actives d’apprentissage, tout en proposant aussi un modèle du genre aux futurs enseignants du secondaire.

Comme prélude aux grandes transformations qui attendaient la formation des maîtres localement, il y eut la création du Collège d’enseignement général et professionnel (CÉGEP) de Trois-Rivières, le 15 mai 1968. Cet événement eut une répercussion immédiate sur notre établissement. Pour accueillir cette nouvelle institution, le Ministère de l’Éducation reteint les locaux de l’École normale Maurice-L. Duplessis (pavillon des Humanités), de même que ceux de l’Institut de technologie de Trois-Rivières (pavillon des Sciences) situé à peu de distance sur la rue De Courval. Cette opération se combinait à une relocalisation de L’ENMD sur le campus du Séminaire Saint-Antoine pour l’année académique 1968-69, nouvellement acquis par le gouvernement. Dans cette relocalisation, l’ENMD perdait son école d’application et la résidence pour accueillir ses étudiants venus de l’extérieur. Par contre, elle y gagnait en locaux et en espace avec quatre pavillons construits sur un terrain de près de 50 hectares. Elle héritait temporairement d’un site et d’une situation géographiques des plus avantageux dans l’espace urbain trifluvien, représentant pour l’avenir un exceptionnel potentiel de développement institutionnel.

Par ailleurs, la création du Centre d’études universitaires de Trois-Rivières (16 août 1965) allait définitivement ouvrir la voie à l’implantation d’une université à Trois-Rivières. Ce projet, soutenu par le milieu local et régional, était en même temps épaulé et accrédité par l’Université Laval qui y voyait une belle occasion de faire l’extension de plusieurs de ses programmes en région. Ainsi, à partir de 1968, a-t-on offert entre autres au CEU, des cours des deux premières années d’un programme de Licence en géographie et en histoire. Pour assumer cet enseignement en géographie, on a eu recours à l’embauche de jeunes diplômés, dont Régis De Roquefeuil (cartographie) en 1967, et l’année suivante, Raymond Pelletier (démographie) et Jacques Gagnon (analyse régionale et aménagement). Des professeurs réguliers rattachés à la faculté des Lettres de l’Université Laval complétaient occasionnellement cette équipe locale, à titre de chargés de cours. L’un de ceux-ci, Louis-Edmond Hamelin, géographe bien connu, signale dans son remarquable ouvrage «Les chemins de l’université» (1985, p.60), le fait suivant : « … l’inauguration des cours de géographie (au CEU) a été officiellement faite en septembre 1966, par celui qui allait devenir le deuxième recteur de l’université de Trois-Rivières, Louis-Edmond Hamelin ». Ces cours étaient dispensés dans des locaux au centre-ville de Trois-Rivières, notamment dans les pavillons Niverville et Boulet.

En 1964, le monde de l’éducation était en grande réflexion, à l’aube de grandes transformations directement inspirées des observations et des recommandations de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec, inscrites dans le rapport Parent. Ce rapport allait fortement influencer l’évolution et la destinée des collèges classiques, des divers instituts, et bien sûr, des écoles normales privées et publiques. Nous pouvions y lire entre autres : « La formation des enseignants doit, en grande partie, appartenir à l’université. » (vol. 2, p.63). Ou encore : « …l’élévation constante des études pédagogiques et la nécessité de la spécialisation pour l’enseignement secondaire placent désormais ces études au niveau universitaire.» (vol. 2, p.273). Enfin : « Nous recommandons, par conséquent que la formation des maîtres soit intégrée à l’enseignement supérieur et ne soit confiée qu’aux établissements universitaires, c’est-à-dire aux universités actuelles, aux nouvelles universités à charte limitée et aux centres d’études universitaires.» (vol. 2, p.273). C’est dans cette voie que devait s’engager le Ministère de l’Éducation.

L’ENMD aussi était du côté de la spécialisation. Comme exemples, ces deux recommandations faites officiellement à leurs finissants. À la question d’un finissant (1963-67) : «D’après vous, quel est le pourcentage des étudiants qui devraient poursuivre leurs études ?» Raynald Lacerte, directeur des études à l’ENMD, répond : « Que je considère votre brevet A ou votre baccalauréat en pédagogie, je dois vous dire que vous n’êtes en rien parvenus à un point d’arrivée. Vous êtes au point de départ (…) c’est 100% des étudiants qui devraient poursuivre leurs études. Quant à la façon de les poursuivre, c’est à chacun de décider.» (Journal des finissants, p.5). Dans la même ligne de pensée, s’adressant aux finissants (1965-66), le principal de l’ENMD, l’abbé Louis Massicotte, leur dit aussi clairement : « Vous avez à peine fini vos études à l’École Normale qu'il faut déjà penser à en commencer d’autres. Dans 5 ans, celui qui n’aura qu’un baccalauréat en pédagogie ne sera plus à la page. Il faut déjà songer à compléter votre préparation, à vous spécialiser dans un domaine ou un autre.» (Journal des finissants, p.3). C’était l’expression d’une conviction bien enracinée et partagée par tous. Pas étonnant qu’un très grand nombre de nos étudiants se soient inscrits au CEU, et par la suite à l’UQTR.

L’équipe professorale partageait avec la direction l’intime conviction d’effectuer un excellent travail au niveau de la formation des maîtres, dans la cadre d’opération qui était le sien, mais consciente aussi qu’elle pouvait éventuellement faire encore mieux dans un nouvel environnement. C’est pourquoi lorsqu’au printemps 1968 fut déposé le projet de participer à la création de l’UQTR, celui-ci apparut comme une solution rassembleuse des ressources locales, stimulante, bénéfique pour la formation des maîtres et porteuse d’avenir. Il méritait d’être bien analysé et compris dans toutes ses implications. Une libre adhésion à cette proposition se devait d’être à la fois collective et individuelle.

Comme la grande majorité de mes collèges (90%), je présentai ma candidature pour œuvrer dans cette toute nouvelle institution à titre de professeur de géographie. J’étais bien conscient des exigences de la nouvelle fonction. Dans le contexte universitaire, s’ajoutaient à la tâche d’enseignement et du service à la collectivité, celle de la recherche et, éventuellement, l’administration académique. Enfin, je m’engageais formellement à poursuivre au moment jugé opportun mes études pour l’obtention d’un doctorat. Mais pour le moment, j’acceptai un contrat à titre d’enseignant temporaire, d’une durée de deux ans, renouvelable à condition de terminer la rédaction de ma thèse de maîtrise. Étant déjà rendue à l’étape du parachèvement, celle-ci fut effectivement déposée en novembre 1970 et soutenue avec succès au printemps de l’année 1971.

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Figure 1: Photo prise à l’École Normale Maurice-L. Duplessis, le 26 novembre 1966, lors d’un colloque régional sur l’enseignement de la Géographie. Sont réunis sur cette photo : Armand Séguin, hôte de ce colloque, Maurice St-Yves géographe, chef de la division Géographie au Ministère de l’Éducation, conférencier invité, et Louis-Edmond Hamelin, professeur à l’Université Laval, initiateur du colloque.

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Figure 2: Photo prise en mars 1978 à la cartothèque de l’UQTR, sise au pavillon Michel-Sarrazin, dans le dernier des modules préfabriqués. À l’avant-plan sur cette photo : Normand Brouillette, chef de la section Géographie, Louise Lafond, première cartothécaire à l’UQTR, et Armand Séguin, professeur responsable du développement de ce centre de documentation.

À la création officielle de l’UQTR, le 19 mars 1969, son organisation académique et administrative était déjà complétée, inscrite dans le rapport déposé en janvier de la même année par un Comité de planification regroupant les partenaires locaux. On était prêt à passer à l’étape de la réalisation. Ainsi, dès sa première assemblée le 30 mai 1969, le Conseil d’administration procède à diverses nominations, dont celles des directeurs des différents départements, puis à l’engagement, à divers titres, des professeurs provenant du CEU et de l’ENMD, auxquels viennent se joindre de nouveaux professeurs venus de différents horizons. Le Département des Sciences humaines, mon nouveau milieu de travail, voyait ainsi le jour à ce moment-là.

Le Département des Sciences humaines, à ses débuts, regroupait les professeurs spécialisés dans l’une ou l’autre des trois disciplines suivantes : Géographie, Histoire et Récréologie. À l’intérieur de celui-ci, chaque groupe disciplinaire allait former à leur tour une section distincte. Le mandat de directeur de ce département fût confié à Maurice Carrier, professeur d’histoire. Selon le Rapport 1969-1970 de l’UQ (p.73), à l’automne 1969 le département peut compter sur 25 professeurs à temps plein et sur un à temps partiel, pour accueillir 341 étudiants à temps plein et 141 à temps partiel. L’année suivante, automne 1970, le nombre de professeurs passe à 29 pour ceux du temps plein et à cinq pour ceux du temps partiel, afin de répondre aux besoins de 643 étudiants inscrits à temps plein et 492 à temps partiel. Ainsi dès le départ, nous assistons à une croissance pour le moins spectaculaire de la population étudiante et des besoins de service qu’elle commande.

De ce nombre de professeurs réguliers, huit sont géographes de diverses spécialités : Raymond Pelletier, Jacques Gagnon et Régis De Roquefeuil, provenant du CEU, Jean-Marie Lancery et Armand Séguin, provenant de l’ENMD; enfin de trois nouveaux venus : Serge Ochietti, Joseph Lytinski et de Georges Larouche. Ces effectifs sont réduits à cinq, en avril 1970, suite à la démission de Georges Larouche, et au départ aux études de Régis De Roquefeuil et de Jean-Marie Lancery. Pour combler cette réduction des ressources professorales et répondre adéquatement à une commande de cours qui s’alourdit, le département procède à l’embauche de Normand Brouillette, Yves Cartier et Jean Cermakian.

Cette première année s’est déroulée dans le double encadrement, départemental d’une part, et modulaire d’autre part. Chaque programme d’étude possède son module qui a comme mission son élaboration et l’encadrement du cheminement des étudiants dans celui-ci. Raymond Pelletier est le premier à assumer le poste de directeur du Module Géographie. Il en est de même pour Jean-Marc Paradis au Module Histoire. Avec une année d’expérimentation, on trouve utile de former des sections correspondantes aux disciplines à l’intérieur du département, conformément aux directives exposées dans le Document 1 de l’UQ. Ainsi sera officiellement créées en mai 1970 la Section Géographie, avec Joseph Litynski comme Chef de section, et la Section Histoire, avec René Hardy dans le rôle de Chef de section. N’ayant pas à ce moment-là, le nombre de professeurs réglementaire requis, l’opération est remise à plus tard pour la Récréologie.

L’emplacement de l’enseignement de la géographie et de l’histoire a migré à deux reprises sur le campus de l’UQTR. À l’origine (1968), une classe-laboratoire destinée à la géographie avait été aménagée au dernier étage du pavillon Saint-Augustin (Pierre-Boucher) dans l’aile sud, là où l’on retrouve actuellement le bureau du Décanat de la Recherche et de la Création. J’y ai enseigné durant la dernière année de l’ENMD et la première année de l’UQTR. Dès janvier, nous étions prévenus que nous serions rapatriés, des locaux loués au centre-ville et de ceux du Pierre-Boucher, et regroupés à l’édifice du Grand Séminaire (Michel-Sarrazin). En juin 1970, les bureaux de tous les professeurs du Département des Sciences humaines se sont retrouvés au troisième étage de cet édifice, dans l’aile sud. Afin de répondre rapidement et temporairement aux besoins du moment en espace pour les classes et les laboratoires, on assembla un alignement de modules préfabriqués dans la cour arrière, remplacés depuis par un bâtiment permanent. On y emménagea la cartothèque, la salle de cartographie, le laboratoire d’histoire et quelques salles de cours. Lorsque fut inauguré (1981) le pavillon Léon-Provancher, tout le département vient s’y installer en juin dans des locaux spécifiquement conçus par lui et pour lui. Non seulement pouvions-nous disposer d’un espace beaucoup plus fonctionnel, mais de plus, bénéficier d’une proximité des services généraux et de la présence de collègues des sciences de l’environnement.

Notre programme de « Baccalauréat spécialisé en géographie » était au point de départ fortement apparenté à celui de l’Institut de géographie de l’Université Laval. Dans un assez court laps de temps, il va s’en différencier et acquérir sa propre identité. « Nos cours de géographie sont de plus en plus axés sur les problèmes d’environnement et d’aménagement », affirme-t-on dans le premier Rapport annuel 1969-1970 de l’UQ, p.69. Cette tendance va se confirmer dans les années à venir, avec l’avènement de plusieurs législations relatives au développement régional et à l’aménagement du territoire. Pensons à la création de l’OPDQ en 1969, et aux lois sur la qualité de l’environnement (1972), sur la protection du territoire agricole (1978) et sur l’aménagement du territoire (1979). Chacune d’elles a des incidences majeures sur l’usage et l’organisation de l’espace. Ainsi, la mise en œuvre de toutes ces politiques a influé sur l’orientation de ce programme d’étude, dont l’un des objectifs généraux est de former des géographes professionnels capables de travailler à l’intérieur d’organismes voués à la gestion territoriale et à la maîtrise de son développement.

Effectivement, bon nombre de nos finissants de cette période sont parvenus à s’imposer dans ces secteurs d’activité. Cette opportunité d’emploi a même attiré deux de nos collègues, Jacques Gagnon (1975) et Yves Cartier (1976), fervents promoteurs de la géographie appliquée. Ils ont poursuivi une belle carrière comme hauts fonctionnaires à l’OPDQ.

Ce programme initial en géographie visait également, comme deuxième finalité, la formation des maîtres. À l’intérieur de celui-ci, on avait prévu un cheminement particulier, le « Profil enseignement », pour les étudiants se destinant à l’enseignement au secondaire ou collégial. Cette mission allait être par la suite plus clairement affirmée et identifiée à un programme d’étude bien spécifique. Ainsi est apparu le « Baccalauréat d’enseignement en géographie » (7757) en parallèle au « Baccalauréat en géographie » (7756). Un tronc commun formé de cours de base se complétait de cours de spécialité rattachés à la réalisation des objectifs généraux de chacun des deux programmes. Un processus identique a été suivi dans les autres disciplines, comme en Histoire.

Mes champs d’intérêt en enseignement, dans le cadre de ces programmes d’étude, ont porté principalement et d’une façon régulière, sur l’espace rural dans toute sa diversité et sur la région, la nôtre en particulier. On peut dire que j’ai été, et que je suis toujours, un géographe ruraliste et un régionaliste prioritairement. Dans un autre cours, celui sur la Géographie agraire, je me suis intéressé à l’étude des divers paysages ruraux à travers le monde, un cours à caractère plus culturel. J’ai assumé le cours Géographie et aménagement au départ de notre collègue Jacques Gagnon, avec grand intérêt et plaisir. On m’a confié aussi les cours sur Le Québec régional, l’Interprétation des cartes et photos aériennes, celui sur les Méthodes de recherche en sciences humaines, celui de la Didactique de l’enseignement de la géographie, évidemment, et quelques autres encore de façon plus occasionnelle.

Mes champs d’intérêt dans le domaine de la recherche s’inscrivent dans le prolongement de ceux de mon enseignement. Les principaux sujets explorés portent sur des problématiques rurales : l’identification et la délimitation des espaces ruraux basées sur les fonctions, la hiérarchie des centres urbains et ruraux dans notre région, l’urbanisation des campagnes, la dévitalisation des espaces ruraux périphériques, les structures d’exploitation agricole, le zonage agricole, et finalement, la problématique du vieillissement démographique locale et régionale. Plusieurs de ces thèmes de recherche ont été développés dans le cadre de ma thèse de doctorat.

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Figure 3: Photo prise en avril 1996, parue dans le journal universitaire «En Tête », édition du 9 septembre 1996.

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Figure 4: Photo prise le 2 novembre 2000, à l’occasion du départ à la retraite de Jean-Marie Lancery. Pour souligner l’événement, la presque totalité des professeurs retraités ayant participé à la mise sur pied de la section Géographie à l’UQTR était présente : Armand Séguin, Jean Cermakian, Denis G. Leroux, Serge Ochietti, Yves Cartier, Jacques Gagnon, Joseph Litynski, Jean-Marie Lancery et Normand Brouillette. Sont absents, Raymond Pelletier (décédé) et Régis De Roquefeuil (résident en France).

Dans le cadre d’une politique institutionnelle de perfectionnement du personnel enseignant, en 1974, après dix ans d’enseignement, j’effectuai comme prévu un retour aux études pour une période de deux ans, en vue d’obtenir un doctorat en géographie. Je choisis d’aller parfaire ma formation en France, à l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg 1, à l’U.E.R. de Géographie où l’on offrait un programme d’études supérieures menant à l’obtention d’un Doctorat de troisième cycle spécialisé en « Géographie et Aménagement ». Un choix qui rejoignait mes champs d’enseignement et de recherche.

La première année de ce congé de perfectionnement a été consacrée à suivre la scolarité inhérente et à finaliser la problématique et le plan de recherche détaillé sur le sujet de ma thèse. J’ai eu l’occasion de suivre des cours avec les professeurs : Henri Raymond, un spécialiste de l’analyse quantitative en géographie, Michel Pruvot, en méthodes quantitatives et analyse factorielle, Louis-Marie Coyaud, sur les méthodes d’analyse de l’espace rural, enfin, Henri Nonn, mon directeur de thèse, un spécialiste des problèmes de régionalisation et d’aménagement du territoire. Ce fut l’occasion d’une remise à jour en ces matières.

La seconde année, je me suis appliqué à colliger, traiter et analyser les données de nature très diverse les plus pertinentes, pour réaliser une régionalisation, basée sur des critères de centralité et d’homogénéité, des 124 municipalités rurales des régions Mauricie et Centre-du-Québec. Cette thèse ayant pour titre « Régionalisation de l’espace rural dans la région administrative de Trois-Rivières au Québec », a été finalisée par la suite, par segments, et déposée à l’U.E.R. de Géographie de l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg 1, à l’automne 1983 et soutenue avec succès et satisfaction l’année suivante.

Au cours de ma carrière, j’ai eu quelques occasions d’apporter ma contribution à l’administration académique. J’ai assumé la direction du Module Géographie de 1983 à 1989, et celle de la Section Géographie, de 1994 à 1997. J’ai accepté d’être représentant des professeurs au conseil du Module Histoire, de 1979 à 1981, et à celui de Géographie pour quelques mandats. À cela, on pourrait ajouter ma participation au Conseil de discipline (1986-1988), et à la Sous-commission de l’enseignement (1992-1994). Enfin, mandaté par la Section, j’ai accepté (1976) la responsabilité du développement de la cartothèque, une fonction que j’ai exercée avec continuité et grand intérêt jusqu’au transfert de celle-ci à la bibliothèque.

Le service à la collectivité figure comme l’un des moyens de contribuer au rayonnement de l’université dans le milieu. Mon implication à ce niveau m’a amené en premier lieu, à participer activement à la gestion de deux organismes à vocation éducative chez les jeunes. D’abord à l’École des sports de Trois-Rivières inc., de 1977 à 1979, comme secrétaire du comité de direction, et comme responsable de la création d’un « Programme d’éducation sportive gradué » pour les jeunes de l’élémentaire. Ensuite, à l’École des Petits Chanteurs de Trois-Rivières où je devins membre du conseil d’administration, à titre de vice-président (1978-79) et de président (1979-80). Pour soutenir financièrement à moyen et à long terme les activités de cette école de formation musicale, avec Michel Poisson et Ronald Martin de l’UQTR, nous avons mis sur pied la « Fondation des PCTR Inc. » et participé à son administration et à ses activités de financement de 1980 à 1995.

Plus directement relié à mon rôle de professeur de Géographie à l’UQTR, je me suis également impliqué dans deux organismes d’encadrement professionnel au niveau provincial. En premier lieu, avec la «Société des professeurs de Géographie du Québec», de 1966 à 1974, en tant qu’animateur d’activités de formation au niveau de la Section Mauricie, avec aussi des contributions occasionnelles jusqu’en 1990, comme la participation à la rédaction de divers mémoires de la SPGQ adressés au Ministère de l’Éducation. En second lieu, j’ai participé aux activités de l’ « Association professionnelle des Géographes du Québec », de 1984 à 2004, connue antérieurement sous d’autres appellations entre 1966 et 1984. Comme membre de l’exécutif de cette association, j’ai assumé la vice-présidence de 1990 à 1993, responsable entre autres de l’information.

Enfin, comme service à la communauté universitaire, j’ai accepté d’être membre du comité de coordination aux campagnes de financement de La Fondation de l’UQTR à deux reprises, soit en 1987-88 à titre de représentant du Département des Sciences humaines, et en 2001-02 à titre de représentant de l’Association des professeurs retraités de l’UQTR.

Tel a été mon parcours de carrière que j’ai essayé de présenter ici dans ses éléments essentiels, en l’inscrivant dans un cadre plus large, celui de la création et du développement de l’UQTR durant ses premières décennies. Il a pris fin avec mon départ à la retraite le 1er juillet 1997, à l’approche de mes 60 ans, après 33 ans d’enseignement. Je quittais alors une institution à laquelle je crois avoir consacré le meilleur de mes capacités. Je laissais aussi un groupe de collègues Géographes et Historiens que j’ai toujours tenus en haute estime, et desquels je conserve un excellent souvenir. Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour les saluer et les remercier pour le support qu’ils m’ont toujours accordé, individuellement et collectivement, dans la réalisation de mes objectifs de carrière.

En cette année du 50e anniversaire de sa fondation, je salue le franc succès que représente notre Université et lui souhaite de continuer sa progression dans la voie de l’excellence, fidèle à ses objectifs de développent : « Savoir. Surprendre. ».

ARMAND SÉGUIN

Janvier 2019


SOMMAIRE BIBLIOGRAPHIQUE

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC (1969) Cadre général de l’organisation de l’enseignement pour 1969-1970, Guide de travail à l’intention des étudiants, professeurs et administrateurs, Québec, Service de l’information de l’UQ, 41 p.

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC (1970) Rapport annuel 1969-1970 du président Alphonse Riverin, Québec, Service de l’information de l’UQ, 157 p.

UQTR (1969) Sommaire des cours pour septembre 1969, Édition préliminaire, 11 août.