Le tremblement de terre de 1663

 

Résumé :

Ce tremblement de terre a fait dévier les rivières Saint-Maurice et Batiscan. Les gens pensaient que c'était une
punition de Dieu.

Référence :

AUDET, Mario et Réjean HOULD, Les Grandes Catastrophes en Mauricie, Cahiers historiques, no 4,
Trois-Rivières, 1982.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Le 25 novembre 1988, les Québécois ont vécu l'expérience d'un tremblement de terre. Les plus vieux se sont
souvenus d'un autre séisme survenu en 1935 ; les gens de plus de 70 ans ont même décrit avec beaucoup
d'émotions les conséquences de celui de 1925 : cheminées d'usine tombées, écroulement d'une partie de l'église de
Shawinigan, vitres brisées à Trois-Rivières, panique générale dans les rues, évanouissements.

Toutefois, dans l'histoire du Québec, aucun tremblement de terre ne semble avoir été plus violent que celui du
5 février 1663. Vers la fin de la journée, la première secousse a commencé par un bruit semblable à celui du tonnerre.
Les maisons oscillaient comme le haut des arbres lors d'un grand vent. Il y avait un bruit pareil à un feu qui pétille dans
les greniers.

Selon les récits des Jésuites et de Mère Marie de l'Incarnation, les tremblements auraient duré une demi-heure.
Pendant presque quinze minutes, ils auraient eu une grande force. «  La terre imitait tantôt le branle d'un navire qui se
balance sur ses ancres et donne le mal de mer, et tantôt elle procédait par secousses inégales ou par bonds. »

À Trois-Rivières, « les pieux de la palissade et des clôtures semblaient danser. La terre s'élevait à l'œil de plus
d'un grand pied, bondissant et roulant comme des flots agités. » Les maisons de Trois-Rivières étaient en bois. Aussi,
les dommages se sont résumés à la chute de quelques cheminées.

Il y eut beaucoup plus de dommages un peu plus haut sur le Saint-Maurice. Près de l'endroit nommé aujourd'hui
Saint-Étienne-des-Grès, les falaises qui, de chaque côté de la rivière atteignaient quelques 200 pieds de hauteur, sont
tombées dans la rivière. Une chute de plus de 100 pieds aurait aussi complètement disparu.

Les falaises se sont affaissées sur une longueur de plus de 8 km. «  Ces deux montagnes, avec toutes leurs forêts,
ayant été renversées dans la rivière, y formèrent une puissante digue. » À cause de ce nouveau barrage, la rivière a dû
s'écouler par un autre chemin. L'eau s'est donc répandue sur les deux rives avant de se creuser un nouveau lit.

Cette eau s'est mêlée à la terre dans la nouvelle plaine. Ce terrain est devenu un immense parc de boue. Trois
mois après le tremblement de terre, l'eau du fleuve Saint-Laurent était encore toute brouillée à cause de cette boue
provenant du Saint-Maurice.

Selon Mère Marie de l'Incarnation, les dégâts auraient été encore plus considérables le long de la rivière Baptiscan.
Plusieurs petites chutes sont disparues, une colline s'est affaissée, un peu partout la terre s'est fendue et il s'est
formé de profondes crevasses. Plusieurs cabanes de résidants se sont écroulées dans ce village où vivait une
cinquantaine de personnes.

À Baptiscan, Amérindiens et Français « étaient sous l'empire de la terreur la plus complète. » Les Amérindiens tiraient
des coups de fusils pour chasser le manitou. Toute la nuit, les gens ont senti des bouffées de chaleur qui sortaient
du sol. « On entendait des bruits qui ressemblaient à des décharges de canons ou à des coups de tonnerre. »

Cependant, c'est dans l'imagination des gens que les effets ont été les plus grands. À cette époque, le trafic de
l'eau-de-vie avec les Amérindiens causait les pires problèmes. Chez beaucoup de colons, l'ivrognerie était une habitude.
Et les prêtres ne manquaient pas de prédire que le ciel enverrait les pires malheurs pour punir une population si
oublieuse de ses devoirs.

Lors du tremblement de terre, les gens ont pensé que les bruits effroyables et les secousses étaient une punition de
Dieu. C'était, du moins, un avertissement. Dieu leur disait ainsi de se conduire correctement. Certains ont même affirmé
avoir vu un fantôme, portant le flambeau à la main, flotter dans les airs au-dessus de Trois-Rivières.

Toutes ces histoires, ajoutées à de réelles catastrophes, réussissaient à changer les habitudes des gens. La peur,
mieux que les sermons, ramenait les gens à l'église et les rendait moins ivrognes pour quelques semaines.

 

 

 

Nombre d'accès : 1651
Énoncé de confidentialité