Témoignages sur la langue de la Nouvelle-France

 

Résumé :

Plusieurs témoignages attestent que la langue des habitants de la Nouvelle-France est pure et sans accent.

Références :

DULONG, Gaston, Bibliographie linguistique du Canada Français, Québec, Presses de l'Université Laval, 1966.

LECLERC, Jacques, Qu'est-ce que la langue, Laval, Mondia, 1979.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Notre histoire conserve plusieurs écrits où des visiteurs commentent la qualité de la langue au Canada avant l'arrivée
des Anglais. En 1691, le père Le Clercq a écrit que « le Canada possédait un langage plus poli, une énonciation nette
et pure, une prononciation sans accent ».

En 1744, le roi de France a demandé au père Charlevoix de faire un voyage au Canada pour écrire une histoire ainsi
qu'une bonne description du nouveau pays. À propos de notre langue, il a écrit que « nulle part ailleurs on ne parle plus
purement notre langue. On ne remarque même ici aucun accent. »

En 1749, le Suédois Pierre Kalm fait un voyage en Amérique. Il parle le français avec un fort accent étranger. Il raconte
que les dames de Montréal rient de ses fautes de langage et de son accent. Même s'il est un peu « choqué » par leurs
moqueries, il les excuse parce que, dit-il, au Canada, « on n'entend presque jamais parler le français par des étrangers. »

L'historien Bacqueville de la Photerie écrit, en 1753, qu'au Canada, « on parle (…) parfaitement bien sans mauvais
accent. Quoiqu'il y ait un mélange de presque toutes les provinces de France, on ne saurait distinguer le parler d'aucune
province dans les régions du Canada. »

À son tour, un officier français, qui vécut au Canada de 1755 à 1760, dit que les Canadiens parlent « un français pareil
au nôtre ». Il mentionne quelques mots très populaires qui ne sont pas utilisés en France comme « tuque » et
« c'est de valeur ».

Enfin, le marquis de Montcalm écrit dans son journal, le 13 mai 1756 : « J'ai remarqué que les paysans canadiens
parlent très bien le français, et comme sans doute ils sont plus accoutumés à aller par eau que par terre, ils emploient
volontiers les expressions prises dans la marine. »

On utilise encore aujourd'hui plusieurs expressions que Montcalm avait remarquées : embarquer, débarquer, faire des
radoubs, suivre le courant, gréer (au sens de préparer), etc. Certaines expressions sont toutefois en train de disparaître.
Ainsi, seuls les vieux fermiers disent encore faire des radoubs pour signifier faire des réparations et gréer la sucrerie pour
dire qu'ils vont se préparer à faire les sucres.

Mais cette belle langue, dont tous les témoignages de Français disent qu'elle est sans accent, va beaucoup se différencier
de la langue de France après 1760. Les Anglais vont conquérir le Canada ; toute la noblesse et de nombreux
officiers ou soldats français vont retourner vivre en France.

Alors que les nobles retournent en France, les fermiers demeurent sur leur terre du Canada. Mais ils n'auront plus de gens
instruits pour leur apprendre « les nouvelles modes » du parler français. Il n'arrive plus de nouveaux immigrants français
au Canada. Les Canadiens ne connaîtront pas les nouveaux mots qui transforment constamment la langue en France.

Après 1800, ce n'est plus un roi ni des nobles qui dirigent la France. Les nouveaux dirigeants ont aussi une autre
façon de parler la langue. Alors que le roi disait « toé, moé, dret, etc. », après 1800, pour bien parler, il faut dire :
toi, moi, droit, etc. Mais, au Canada, il n'y a personne qui connaît ce nouveau parler. Les fermiers continuent donc de
parler le français démodé de l'ancien roi de France.

 

 

 

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