Le premier éditeur francophone à Montréal :

le Nicolétain C.-O. Beauchemin

 

Résumé :

Comment Charles-Odilon Beauchemin, relieur de Nicolet, devient libraire-imprimeur à Montréal ?

Référence :

LANDRY, François, La Librairie Beauchemin, doyenne de l'édition au Québec, dans Présence francophone,
Sherbrooke, Université de Sherbrooke, no 28, 1986, p.57-78.

Auteure :

Micheline Champoux

 

La première grande industrie du livre français du Québec est née à Nicolet en 1841. Cette année-là, Charles-Odilon
Beauchemin achète à Québec un lot de livres en feuilles et tout le matériel nécessaire pour les relier (fil, colle, presse).
Les feuilles sont déjà imprimées. Il ne reste qu'à les attacher en bon ordre avec du gros fil, à coller la couverture et à
presser le livre.

Il s'installe dans un petit atelier à Nicolet et commence à relier ses livres. En juin 1842, il a terminé. Il embarque ses caisses
de livres sur une goélette pour aller les vendre.

La première idée de Beauchemin est d'aller vendre ses livres aux États-Unis parce que là-bas, les Canadiens français
immigrés ne peuvent pas s'acheter de livres français. Beauchemin doit s'arrêter à Montréal avant de poursuivre sa route.
On suppose qu'il doit changer de bateau puisqu'il débarque ses caisses de livres. Ce transfert de bateau va changer
toute sa vie.

Pour débarquer les caisses, on les a d'abord mises sur des madriers qui s'appuient d'un bout, sur le bord de la goélette
et de l'autre, sur le bord du quai. Tout à coup, des madriers se déplacent et toutes les caisses de livres tombent à l'eau.
Beauchemin va-t-il laisser dans l'eau le résultat d'un an de travail ? Non !

Avec l'aide des bateliers (conducteurs de bateaux), Beauchemin réussit à récupérer les caisses. Il prend conscience
que, s'il veut sauver ses livres, il faut qu'il les fasse sécher très rapidement. Une fois séchées, les pages et les
couvertures seront sûrement tordues ou gondolées. Après le séchage, il faudra mettre chaque livre sous une presse
afin qu'il retrouve une forme normale.

Beauchemin loue donc un vieux hangar qui donne sur une cour près du quai. Pour faire sécher ses livres, il imagine
un réseau de ficelles tendues en forme de toile d'araignée et il place ses livres cheval sur les ficelles afin que le soleil
les sèche le plus rapidement possible.

Les nombreux passants remarquent alors cette nouvelle installation. Par curiosité, beaucoup s'arrêtent et demandent à
Beauchemin en quoi consiste cette petite industrie rudimentaire. Puis, la plupart des visiteurs repartent avec un livre
de prières ou un roman à la mode que Beauchemin vient de réparer.

Les nombreux curieux achètent tous les livres, et Beauchemin n'a plus de raison de continuer son voyage aux États-Unis.
Il revient donc à Nicolet pour récupérer tout son outillage de relieur et s'installe à Montréal. Il s'achète une presse à
pied qui servira à l'imprimerie de petits travaux. Charles-Odilon Beauchemin devient alors libraire-imprimeur.

À l'époque, il n'y a qu'un libraire-imprimeur à Montréal qui imprime et vend surtout des livres anglais. Beauchemin a
vingt ans. Il est très ingénieux puisqu'il invente des pièces et des machines entières afin d'améliorer son atelier. Son
commerce devient rapidement florissant.

En 1869, il publie l'Almanach du Peuple. Le livre est publié chaque année depuis ce temps et n'a jamais cessé d'être
populaire. Charles-Odilon Beauchemin meurt en 1887. Son fils, Louis-Joseph-Odilon, prend la relève.

Vers 1900, la Librairie Beauchemin est le plus important vendeur de manuels scolaires du Québec. Elle le demeura jusque
vers 1950. À cette époque, de nouvelles maisons d'édition plus modernes lui font une dure concurrence. Après avoir
publié plus de 1500 livres depuis 1842, la Librairie Beauchemin est actuellement la plus ancienne maison d'édition du Québec.

Même si cette librairie n'est plus aussi importante qu'autrefois, on doit cependant se souvenir que Charles-Odilon
Beauchemin, né à Sainte-Monique de Nicolet en 1822, a été, dans son atelier de Nicolet, à l'origine d'une partie importante
de l'histoire du livre québécois.

Aujourd'hui, beaucoup de maisons d'édition publient des manuels scolaires. Regarde dans les premières pages de
tes manuels. Tu verras plusieurs noms différents de maisons d'édition (Mondia, Guérin, etc.). Combien de noms
peux-tu trouver ?

 

 

 

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