Le moyen français

 

Résumé :

La guerre de Cent ans va transformer la langue française qui va devenir la langue officielle du pays.

Références :

BRUNEAU, Charles, Petite histoire de la langue française, Paris, Armand Colin, 1969.

BRUNEAU, Charles et Ferdinand BRUNOT, Précis de Grammaire historique de la langue française, Paris,
Masson et Cie, 1949.

Auteure :

Micheline Champoux

 

À partir du 12e siècle, le français devient la langue la plus importante en Europe après le latin. Les Italiens du Nord la
trouvent si belle qu'en 1296, Marco Polo, un commerçant qui voyagea jusqu'en Chine, fait écrire le récit de ses voyages
en français.

Vers le 14e siècle, les Hollandais à leur tour vont introduire beaucoup de français dans leur vocabulaire. Cependant, malgré
cette attirance des Européens pour le français, les gens écrivent les mots chacun à leur manière, car les dictionnaires
et les grammaires n'existent pas encore.

De plus, une guerre de cent ans, dans plusieurs pays du nord de l'Europe, dont la France, va amener un changement dans l'administration de la France. Ces nouveaux administrateurs vont modifier considérablement la langue française. Avant la
guerre, le français des nobles ressemble beaucoup au latin. Après la guerre, c'est le français des administrateurs qui domine.

Cent ans plus tard, la langue qui ressemblait au latin est disparue, même à la cour du roi. Le nouveau français parlé à la
cour se rapproche du français moderne. Mais comment un changement si rapide a-t-il été possible ?

Avant la guerre, les nobles, qui étaient de grands propriétaires de terres, étaient aussi les maîtres de tous les habitants
de leurs territoires. L'ensemble des nobles gouvernait donc, avec le roi, l'ensemble du pays.

La langue des nobles était donc la langue de l'administration. Pendant la guerre, le roi, qui doit prendre rapidement des
décisions, embauche des hommes de loi et des écrivains qui travaillent près de lui à Paris. Ces nouveaux fonctionnaires
ont une langue différente de celle de la noblesse.

Toutes les lois, avis et ordonnances du roi seront envoyés dans toutes les parties du pays dans la langue des fonctionnaires.
Cette langue, qu'on appellera langue de Paris, va ainsi pénétrer pour la première fois, en même temps, dans toutes les
régions du pays. Mais seuls les gens instruits vont la comprendre car le reste du peuple continue de parler la langue de
sa région.

Même si la langue française est peu répandue, une invention va aider à la stabiliser : l'imprimerie. Depuis longtemps, on
connaissait le papier fait avec des fibres de coton et, depuis le 12e siècle, on écrivait à la main, en France, les faits
importants de l'histoire et les règlements des villes. Écrire était un métier spécialisé même s'il n'existait pas de règles
pour dire comment écrire les mots.

En 1455, Gutenberg réussit à inventer une machine qui imprime des textes sur du papier. Le premier livre imprimé est une
bible. Avec la nouvelle machine, on peut reproduire le même livre en plusieurs exemplaires. Ainsi, des centaines de
personnes pourront alors lire les mêmes mots avec la même orthographe. En 1470, une première imprimerie s'installe à
Paris et publie des livres écrits en français.

Avec l'imprimerie, les avis du roi seront imprimés et diffusés dans tous les coins du royaume. En 1539, le roi, par l'Édit de
Villers Cotterets, oblige les dirigeants des provinces à utiliser la langue française dans tous les documents administratifs.
À partir de ce moment, les dialectes (langues) de chaque région vont perdre de l'importance.

Les gens instruits, qui ne parlaient que le latin, devront apprendre le français s'ils veulent travailler pour le roi. Un français,
Robert Estienne, fera imprimer un premier dictionnaire latin-français. En 1541, un groupe de protestants adopte le français
comme langue officielle de leur culte. Par contre, les évêques catholiques continuent de parler et d'écrire en latin. Lire la
Bible en français est défendu.

En 1549, Du Bellay écrit un premier mémoire pour expliquer la beauté et l'utilité de la langue française. Ce livre, encore très
célèbre aujourd'hui, a pour titre : Deffense et Illustration de la langue françoise. Ce titre nous illustre en même temps deux
formes d'évolution de la langue moderne.

Le mot « deffense » est écrit avec deux « f » et ne porte pas d'accent aigu sur le « e » de la première syllabe car, à cette
époque, les accents étaient rares. C'est plus tard que les accents ont remplacé des lettres disparues. Ainsi, « teste » et
« beste » sont devenus « tête » et « bête » alors que l'ancienne forme est conservée dans l'adjectif « bestial ». « Hospital »
devient « hôpital » alors que l'on a « hospitaliser ».

L'adjectif « françoise » est devenu « française », tout comme « angloise » qui changera le « o » pour un « a ». Aussi,
« malaise », « craie », etc, s'écrivaient « maloise », « croie », etc. Ces changements n'ont eu lieu qu'au début du 19e siècle,
soit après l'apparition des règles dans la langue.

C'est au 17e siècle que les règles de grammaire viendront expliquer comment écrire le français. Cette période sera le début
du français moderne. On l'appellera la « période classique ».

 

 

 

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