Les mangeurs de pommes de terre

 

Résumé :

Suite à la famine en Irlande, plusieurs centaines d'Irlandais partent pour le Québec dans les années 1840.

Référence :

Québec Science, vol. 14, no 12, août 1976, p. 18-24.

Auteurs :

Pierre Girard

Micheline Champoux

 

Si tu prends l'annuaire de téléphone, tu verras que plusieurs Québécois portent des noms comme : Allan, Barry,
O'Brien, Ryan, O'Sullivan et bien d'autres qui commencent par « O ». Ce sont des noms irlandais. Beaucoup de leurs
ancêtres sont arrivés au Québec vers 1840, lors de la grande famine d'Irlande.

Un peu comme aujourd'hui, les immigrants de cette époque pensaient que la vie serait plus facile au Canada que dans
leur pays. C'est pour cette raison que de nombreux Irlandais se sont installés au Québec vers 1840.

En Irlande, il y a 200 ans, la vie était difficile. Beaucoup d'Irlandais cultivaient des terres qui appartenaient à de riches
propriétaires. Pour payer le loyer de la terre, les fermiers donnaient une partie de leur récolte aux propriétaires. Quelquefois
la récolte était mauvaise, mais les propriétaires exigeaient la même quantité de légumes et de céréales que lors des
bonnes années.

Les pauvres fermiers n'avaient alors qu'un peu de pain et de pommes de terre pour se nourrir, d'où leur surnom de
« mangeurs de pommes de terre ».

Dans les années 1840, la vie devient encore plus difficile. Une maladie fait mourir les plants de pommes de terre. C'est
la famine pour les Irlandais, car leur aliment principal est la pomme de terre. Ils vendent tous leurs biens, même leurs habits,
pour tenter de survivre. C'est la grande misère. Avec elle, arrive la maladie pour des milliers de familles irlandaises.

Les propriétaires ne peuvent plus compter sur les Irlandais pour cultiver leurs terres. Ils demandent alors au gouvernement
britannique de les envoyer ailleurs. Le gouvernement choisit le Bas-Canada, qui est une colonie depuis 1760. C'est ainsi
que, entassés sur des bateaux, des milliers d'Irlandais partent pour l'Amérique.

Plusieurs d'entre eux sont malades à l'arrivée, souvent faute d'être en bonne santé avant de partir. De plus, leur maladie,
le choléra, est extrêmement contagieuse. On empêche alors les Irlandais de s'installer tout de suite dans les villes du
Québec. On les met en quarantaine ; c'est-à-dire que tous les immigrants doivent débarquer sur une île du Saint-Laurent,
appelée Grosse Île.

Des médecins les examinent. S'ils ne sont pas malades, les arrivants peuvent sortir de l'île après quelques semaines.
Quant aux malades, ils seront soignés dans un très grand hôpital construit sur l'île. Beaucoup d'Irlandais sont enterrés sur
cette île. Mais ceux qui ont pu s'en sortir ont contribué à moderniser tout le Canada.

Ils ont travaillé à la construction de la voie maritime qui relie les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent. Ce sont eux
aussi qui ont construit une partie du chemin de fer qui relie, vers 1850-1860, Sarnia, en Ontario, à Rivière-du-Loup, en
passant par Toronto, Montréal et Québec. Ils ont aussi participé à la construction de plusieurs ponts, dont ceux qui relient
Montréal aux rives du Saint-Laurent.

Les descendants des Irlandais n'ont pas oublié leur origine. Par exemple, ils célèbrent chaque année «la Saint-Patrice»
le 17 mars. C'est leur fête nationale. Ils la fêtent avec autant de fierté que les Québécois francophones fêtent la
Saint-Jean-Baptiste.

 

 

 

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