Une maison de colon pour l'hiver

 

Résumé :

Les premiers colons canadiens ont inventé des maisons adaptées à l'hiver.

Références :

DOUVILLE, Raymond et Jacques-Donat CASANOVA, La vie quotienne en Nouvelle-France, Paris, éd. Hachette, 1967.

LESSARD, Michel et Huguette MARQUIS, Encyclopédie de la maison québécoise, Montréal, Les Éditions de l'Homme, 1972.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Les premiers colons en Nouvelle-France ne connaissaient pas les longs et froids hivers. Dans le nord de la France, la neige
recouvre le sol à peine dix jours par année ; la température descend sous zéro moins de 80 jours par hiver. Au Québec, il
fait froid et il neige d'octobre à avril. Le Canadien, au début de la colonie, a eu deux grands ennemis : l'Iroquois et l'hiver.

Pour se protéger des Iroquois, les premiers habitants ont construit des postes où toutes les familles vivaient dans des pièces
collées les unes aux autres. L'ensemble des constructions formaient un carré entouré d'une palissade et d'un fossé. Peu
à peu, les colons se sont séparés de la maison du gouverneur. Ils se sont construit des maisons en dehors des postes fortifiés.

Les maisons individuelles mesuraient environ 8 mètres de long sur 5 mètres de large. Elles étaient un peu plus petites
que la moyenne des maisons modernes.

Les maisons devaient avoir un toit en pente pour éviter que la neige ne s'y accumule. On élevait une cheminée en pierre.
On recouvrait la maison de deux rangs de planches et on mettait de la paille mêlée de glaise pour boucher les trous.
À la fin, on entourait la maison d'une rangée de pieux de cèdre.

La grange-étable était un bâtiment aussi important que la maison. Elle était plus grande que la maison car elle devait loger
les animaux et contenir toute leur nourriture pour les six à sept mois d'hiver.

La grange moyenne mesurait 20 mètres sur 7. C'était quand même beaucoup plus petit que les granges modernes, car
souvent les gens n'avaient qu'une dizaine d'animaux. Les murs étaient épais et soigneusement calfeutrés. On prévoyait
aussi une bonne ventilation afin d'éviter les épidémies.

Les premières maisons construites en pierre supportaient mal l'hiver canadien. Elles n'avaient pas de cave. Aussi,
les murs se fendillaient sous l'action du froid et la charpente ne pouvait pas résister aux mouvements du sol lors du dégel
de la terre au printemps. D'autre part, les maisons de bois présentaient un danger d'incendie dans les villes. On les
construisait de préférence à la campagne.

Après plusieurs expériences, on a trouvé une solution qui permettait de construire de solides maisons de pierre à la ville.
On a pensé faire reposer la maison sur un appui en pierre. Pour construire cet appui, on creusait un trou de près
de 2 mètres de profondeur, assez creux pour que la terre au fond du trou ne gèle jamais. Puis on plaçait une rangée
de pierres plus large que les murs de la maison autour du trou.

Pour nommer ce mur de pierres, les Canadiens ont inventé le mot solage, qui vient du mot sol. Pour protéger ce solage
contre le froid, on entourait la base de la maison avec de la paille et de la terre chaque automne. Il fallait aussi donner
un nom à cette nouvelle opération ; et peut-être parce qu'elle rappelait le fait de chausser des bottes pour ne pas geler
des pieds, on a appelé cette opération « renchaussage ».

Tu sais que la pierre est un meilleur conducteur de chaleur et de froid que le bois. Donc, pour qu'il entre moins de froid
dans la maison, les gens garnissaient l'intérieur des murs de pierre avec de petites lattes de bois recouvertes de plâtre
ou de crépi à base de glaise. Malgré cela, les anciennes maisons étaient très froides car il n'y avait qu'un ou deux foyers
pour réchauffer toute la maison.

Dans les maisons où il n'y avait qu'un foyer, il n'y avait qu'une pièce. Près de l'entrée, c'était le côté cuisine. Là, se trouvait
la cheminée et son âtre ouvert (les foyers anciens n'avaient pas de portes), un grand chaudron, des marmites et différents
ustensiles de cuisine. Sur une tablette au-dessus de la cheminée, on rangeait les fers à repasser, un fanal et des chandeliers.

À l'autre bout de la pièce, on installait le coin chambre à coucher. Le lit des maîtres était un lit à baldaquin entouré de
rideaux. Les rideaux servaient à garder la chaleur des corps près du lit.

Sur le lit, on mettait une paillasse (de la paille ou des pelures d'épis de maïs dans une grande poche), un matelas de plumes,
des draps de laine et une courte-pointe. À côté du grand lit, on plaçait les couchettes des enfants et le berceau du bébé.

Au centre de la pièce, on plaçait une table et des chaises avec des sièges en paille ou en lanières de cuir tressées. Cette
partie de la maison devenait le lieu de rassemblement de la famille et des visiteurs.

Toutes les familles possédaient un rouet pour filer la laine et le lin, ainsi qu'un métier pour tisser les pièces de tissu. Il y
avait peu de meubles. Mais dans toutes les maisons, on pouvait voir une huche pour ranger le pain, quelques coffres
pour ranger les vêtements et les couvertures ainsi qu'une armoire à vaisselle.

Les premières maisons au Canada ont été peu à peu transformées afin de rendre l'hiver de plus en plus confortable. On
a construit des poêles aux Forges du Saint-Maurice à partir de 1733. Le poêle fermé, qui réchauffait la maison beaucoup
plus qu'un simple foyer ouvert, fut une des plus importantes victoires des colons canadiens sur l'hiver.

On peut dire que l'hiver a grandement contribué à développer l'esprit d'invention et de débrouillardise de nos ancêtres.

 

 

 

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