Les garderies du 19e siècle

 

Résumé :

Comment fonctionnaient les garderies des sœurs Grises au 19e siècle à Montréal ?

Référence :

DUMONT, Micheline, Des garderies au 19e siècle : les salles d'asile des sœurs Grises à Montréal, dans Maîtresse de
maison, maîtresse d'école, Montréal, Boréal Express, 1983.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Tu crois peut-être que les garderies sont des inventions modernes qui n'existent que depuis une vingtaine d'années ?
Tu as un peu raison ; mais il y a eu quelques garderies, au Québec, de 1858 à 1920. La première de ces garderies, qu'on
appelait asile, a ouvert ses portes dans un quartier ouvrier de Montréal.

À Montréal, en 1858, les mères qui travaillaient à l'usine pouvaient conduire leurs enfants âgés de deux à sept ans dans
une maison d'asile. Cette maison, qui mesurait 35 mètres sur 12, avait deux étages.

Deux mois après son ouverture, cet asile, dirigé par les sœurs Grises, recevait plus de 100 enfants par jour. Rapidement,
d'autres maisons se sont ouvertes à Montréal, à Québec et même à Sorel, Saint-Jérôme et Saint-Hyacinthe.

Dans les villes, beaucoup de pères qui travaillaient dans des usines gagnaient très peu d'argent. Aussi, les mères
devaient aller travailler afin que la famille ait assez d'argent pour se nourrir.

Avant qu'il y ait des garderies, les parents qui allaient travailler étaient obligés de laisser les jeunes enfants seuls à la
maison toute la journée : l'enfant de 5 ou 6 ans prenait soin des plus jeunes. Parfois, des accidents graves se produisaient
et d'autres fois, les enfants traînaient dans la rue sans surveillance toute la journée.

C'est pourquoi les sœurs Grises ont ouvert des maisons d'asile pour les enfants. Ces asiles étaient bien différents de la
garderie que tu as fréquentée. Il n'y avait qu'une ou deux sœurs pour s'occuper de plus de 100 enfants.

À l'asile, les garçons avaient comme jouets des cordes à nœud et des fusils pour jouer aux exercices militaires. Ils
avaient aussi quelques tambours et quelques instruments de musique en cuivre. Les filles avaient des cerceaux,
des balles, des poupées et des cordes à sauter.

Dans la grande salle, il y avait une mappemonde, des tableaux pour illustrer les chiffres et les lettres, ainsi que des images
représentant Jésus, ses parents et plusieurs saints dont l'histoire était connue des enfants.

Dans la grande salle, se trouvaient 10 gradins où s'assoyaient les enfants. Il y avait un harmonium qui servait à
accompagner les chants.

Si les enfants pouvaient jouer lorsqu'ils étaient dehors, ils devaient être très disciplinés dans la grande salle ; assis dans
les gradins, ils écoutaient la sœur qui leur apprenait les lettres et les chiffres. Ils apprenaient aussi à réciter de petits poèmes.

Il semble que les petits apprenaient leur alphabet très rapidement. Ils pouvaient aussi reconnaître les cinq parties du monde
ou repérer sur la carte le fleuve Saint-Laurent. Ils apprenaient à compter en chantant, ils achetaient des pommes et
des oranges imaginaires.

Pour compter, les enfants déplaçaient des boules sur le boulier-compteur. Si tu n'as jamais vu de boulier-compteur,
demande à tes grands-parents de t'expliquer ce que c'est et comment on s'en servait pour apprendre à compter.

Les sœurs Grises avaient trouvé un moyen ingénieux pour recueillir assez d'argent pour financer les dépenses de l'asile.
À tous les jours, les enfants répétaient des numéros qu'ils exécutaient lors de spectacles. Les parents, les amis, mais
surtout des gens riches de la haute société venaient assister à ces spectacles.

Lorsque les enfants donnaient un bon spectacle, les bienfaiteurs donnaient plus d'argent. Pour faire un bon spectacle,
les enfants devaient être très obéissants et très sages. À cette époque, être sage signifiait être sérieux, demeurer
longtemps sans bouger et, en présence d'adultes, parler seulement pour répondre aux questions de l'adulte.

Donc, pour avoir plus d'argent, les sœurs étaient très sévères lors des répétitions. Chaque spectacle devait être parfait.
Sinon, les sœurs manqueraient d'argent pour garder leur garderie ouverte.

Pour ces spectacles, les enfants pouvaient apprendre à réciter le nom de toutes les villes du Québec, chanter des
conjugaisons de verbe ou réciter des fables. Parfois, les garçons mimaient des exercices militaires. Quelquefois, un petit
garçon de 5 ou 6 ans, déguisé en curé, récitait un sermon pour imiter le curé à la messe du dimanche. Ce numéro était
toujours très drôle et très apprécié du public.

Les enfants qui allaient à l'asile s'habituaient très jeunes à obéir sans discuter. Ils s'habituaient aussi à demeurer sagement
assis sans se lever pendant presque deux heures chaque matin et chaque après-midi. Quelle différence avec les garderies
modernes !

Aujourd'hui, les petits enfants de la garderie sont en groupe de 10 ou12. Il y a beaucoup d'éducatrices pour les aider
à faire du bricolage. Mais aujourd'hui comme hier, les enfants font des rondes et apprennent à chanter. Peux-tu
trouver d'autres différences entre les garderies du 19e siècle et celles d'aujourd'hui ?

 

 

 

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