L'école de rang

 

Résumé

Grâce au système des écoles de rang, l'enseignante réussit à éduquer et à alphabétiser les enfants de la campagne. 

Référence

DORION, Jacques, Les écoles de rang au Québec, Les éditions de l'Homme, 1979. 

Auteure

Hélène Renault 

  

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Avant l'arrivée des polyvalentes, les enfants de la campagne n'allaient pas à l'école en ville. Les autobus scolaires n'existaient
pas et les cultivateurs n'avaient pas le temps de les transporter eux-mêmes à l'école. On a alors pensé construire, un peu
partout dans la campagne, des petites écoles qu'on a appelé les écoles de rang. 

On les appelait ainsi parce que les gens les construisaient au milieu d'un rang, près du plus grand nombre possible
d'enfants. Pendant plus de 150 ans, les écoles de rang ont permis aux Québécois de la campagne d'obtenir leur
diplôme d'études primaires. Entre les quatre murs de ces modestes « lieux de savoir », on apprenait l'histoire, la religion,
le français, l'arithmétique, les règles de politesse… 

Ces institutions ont constitué la base de notre système d'éducation actuel. L'âme de l'école de rang, c'était la maîtresse
d'école. Après les parents et le prêtre, elle jouait le rôle le plus important dans la destinée des enfants. À la fois surveillée
et soutenue par l'inspecteur d'école, le curé du village, les commissaires et les parents, elle véhiculait nos valeurs
sociales et religieuses. 

Mais comment se déroulait la vie quotidienne dans une école en hiver ? Lisons le témoignage de Bernadette qui a enseigné
pendant 40 ans dans une école de rang. 

«  Il y a cinquante ans, peu de jeunes filles pouvaient devenir maîtresse d'école. Je pense que j'ai été chanceuse d'obtenir
un diplôme me permettant de « faire l'école ». J'ai eu ainsi l'occasion d'enseigner plusieurs années dans une école de rang
et d'être la « maîtresse » de nombreux garçons et filles en quête de savoir. Je vais vous raconter comment se passe une
journée d'hiver dans une école de rang. 

Je me lève à l'aube. Ma première préoccupation est d'allumer le poêle à deux ponts. J'y cuis mon déjeuner. Ensuite, je me
lave la figure dans un grand bol d'eau claire. Fraîche et dispose, je peux affronter ma journée de travail.

Il faut que je pense à ma classe. Mes élèves n'ont pas tous le même âge. Certains sont en première année, d'autres en
septième ; mais tous s'entendent assez bien. Je rédige minutieusement ma préparation de classe adaptée à chacune
de mes sept divisions et puis, j'écris les travaux de chaque division au tableau noir.

À partir de 8 heures, mes 30 élèves, grands et petits, arrivent par famille. La classe commence à 9 heures. Je leur
enseigne le catéchisme, le français, l'arithmétique, la bienséance, l'hygiène et les travaux manuels. Ils reçoivent même
des notions d'agriculture, d'anglais, de théâtre, de chant. 

À midi, je sonne la cloche pour annoncer l'heure du dîner. Les enfants ouvrent alors les sacs de papier qui contiennent
leur repas. Je me retire momentanément dans ma cuisine pour mon propre repas. Jusqu'à une heure, les élèves
peuvent s'amuser dehors. De nouveau, la cloche sonne. Ensemble, on dit le chapelet et l'enseignement reprend. 

À 4 heures, les écoliers retournent chez eux. À la lueur de la lampe à l'huile, je corrige les travaux, prépare les bulletins.
Dans un cahier spécial, appelé le journal d'appel, je note les présences et les absences de la journée. Je fais également
le ménage de l'école. 

Peu avant minuit, j'emplis le poêle de grosses bûches et je profite des bienfaits d'un sommeil réparateur qui va me
permettre de recommencer demain. »

 

 

 

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