Drummondville, le 24 juin 1938

 

Résumé :

Comment la population des villes, par l'exemple des fêtes de Drummondville, fêtait la Saint-Jean dans les années trente.

Référence :

HUGUES, Éverett, Rencontre de deux mondes, Montréal, Éditions Boréal Express, 1972.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Pour tous les Québécois, aucune fête patriotique n'est plus importante que celle de la Saint-Jean-Baptiste, le 24 juin.
Depuis longtemps, toutes les villes du Québec organisent des activités spéciales pour la fête de la Saint-Jean. Le genre
d'activités a beaucoup changé depuis 25 ans. Mais les fêtes continuent de rassembler autant les enfants que les adultes.

Tu veux pouvoir comparer les anciennes fêtes de la Saint-Jean avec les fêtes modernes ? En lisant ce texte, tu sauras
comment les gens fêtaient la Saint-Jean, il y a 50 ans, à Drummondville. Tu sauras aussi comment étaient les fêtes
dans les autres villes, puisqu'il y avait des activités similaires un peu partout.

À Drummondville comme ailleurs au Québec, la fête commençait le soir du 23 juin. Dès 8 heures, le parc municipal
était rempli de femmes et d'enfants. Vers 8h30, une fanfare de jeunes garçons faisait une parade autour du parc.
Deux conseillers distribuaient des petits drapeaux fleurdelisés aux enfants.

Puis, la fanfare repartait vers la cour de l'Académie des garçons, suivie par plusieurs centaines d'enfants qui agitaient
leur drapeau. Dans la cour de l'école, la foule s'assemblait près d'un bûcher de sapins. Certaines petites filles avaient
mis leurs plus beaux vêtements : « manteau du dimanche », chapeau, gants blancs.

Les frères de l'école dirigeaient la chorale. On chantait des chants patriotiques et la foule se joignait à la chorale pour
chanter l' «Ô Canada ». Lorsqu'il faisait noir, on allumait le feu. Les branches de sapin pétillaient et la flamme montait
très haut. Les gens faisaient un cercle autour du feu.

Plus loin, un groupe d'ouvriers étaient assis et fumaient leur pipe. Ailleurs, des garçons chantaient, criaient et lançaient
des pétards. Ils trouvaient très drôle de faire peur aux adultes.

Le lendemain, 24 juin, les fêtes commençaient dès le matin. Il y avait d'abord une première parade, formée de
représentants des associations de la ville, de la fanfare, de la garde d'honneur, du curé et de quelques conseillers
municipaux. La parade partait de la paroisse mère pour se rendre à la cour d'école de la paroisse voisine.

Dans cette cour d'école, on avait dressé un autel pour la messe et des banderoles rouge et or décoraient le site. Pour la
messe en plein air, les femmes qui n'avaient pas de chapeaux se mettaient des petits mouchoirs sur la tête. À cette époque,
toutes les femmes devaient avoir quelque chose sur la tête pour assister à la messe, même si celle-ci se déroulait en plein air.

Toutes les femmes portaient des chapeaux, des gants et des bas, même pendant les grandes chaleurs de l'été. Aussi, au
moment de l'élévation, avant de s'agenouiller sur la terre, les femmes étendaient un autre mouchoir blanc pour ne pas
déchirer leurs fragiles bas de soie.

À la fin de la messe, la foule chantait « Ô Canada ». Puis la parade repartait avec un nombre accru de participants. Le clergé
et tout le conseil municipal était à l'honneur. Il y avait un char allégorique qui rappelait la lutte des « Patriotes » contre les
Anglais en 1837. Un deuxième char commémorait la mort de Chénier, un patriote tué par les soldats anglais.

Un autre représentait une classe où de jeunes écoliers récitaient leurs leçons. Le haut du char était décoré d'une banderole
où il était écrit : « Protégeons notre héritage français ». Le plus beau char présentait Saint-Jean-Baptiste prêchant
devant la cour d'Hérode.

Toutes les maisons étaient décorées de drapeaux. Lors d'un arrêt de la parade, les garçons de l'Académie faisaient le
serment de toujours conserver leur foi, leur langue et leurs traditions. En arrière de la parade, un groupe de jeunes
« drôles », se promenant dans une vieille Ford, criaient, faisaient les clowns, ce qui faisait rire la foule.

Dans l'après midi, des jeunes dirigeaient des jeux de plein air. D'autres organisaient des parties de balle au camp.
Le plus grand moment de la fête était le grand rassemblement du soir, au parc municipal. La fanfare donnait un concert,
un épicier distribuait des bonbons aux enfants et on prononçait des discours patriotiques pour dire aux gens de conserver
leur langue, leur foi et leurs traditions.

Les discours rappelaient aussi que même si les principales usines de Drummondville appartenaient à des Anglais, il fallait
acheter des marchands canadiens français et ne pas se laisser diriger par les Anglais. Après les discours, la foule descendait
près de la rivière pour voir le feu d'artifice, point final de cette belle fête patriotique.

 

 

 

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