Les débuts du français au Canada

 

Résumé :

Les nouveaux colons qui arrivaient tous de France, mais parlaient différentes langues, ont tous appris rapidement le
français en arrivant en Nouvelle-France.

Références :

BARBAUD, Philippe, Le choc des patois en Nouvelle-France, Québec, Presse de l'Université du Québec, 1984.

TRUDEL, Marcel, La population du Canada en 1663, Montréal, Fidès, 1973.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Tu seras peut-être étonné d'apprendre que les Canadiens ont parlé français avant les autres habitants de la France.
En 1700, au moins la moitié des Français ignoraient à peu près tout de la langue française et seulement le tiers utilisait
le français dans leur vie quotidienne. Comme se fait-il, alors, qu'à la même époque, tous les habitants du Canada
parlaient français ?

On a prouvé que seulement le tiers des personnes qui ont émigré au Canada entre 1640 et 1670 parlait français. Pourtant,
le français était la langue du roi. Les gens du gouvernement, les soldats, les prêtres et les religieuses parlaient français.
De plus, le français était la langue parlée par tous les habitants nés dans la grande région de Paris.

Les gens qui habitaient dans les régions voisines de la grande région de Paris connaissaient un peu le français, mais ils
parlaient une langue différente. Et plus les gens habitaient loin de Paris, plus leur langue était différente du français. Ainsi,
des colons canadiens, nés au nord de Paris, ne pouvaient pas comprendre leurs voisins qui, eux, étaient nés au sud de Paris.

En 1663, il n'y avait que 3000 français au Canada. Un pays si peu habité ne pouvait se permettre de posséder plusieurs
langues. Et si les colons n'avaient pas besoin de connaître le français pour défricher leur terre, ils devaient toutefois être
capables de parler avec leurs voisins.

Même si les gens d'un même village au Canada avaient des langues maternelles différentes, la plupart connaissaient
quelques mots de français. C'est donc avec ces quelques mots de français que les colons pouvaient se comprendre entre
eux. Et parce que la plupart des enfants allaient à l'école, ils ont rapidement appris le français.

En effet, dès les débuts de la colonie, 8 enfants sur 10 allaient à l'école au moins deux ou trois ans, le temps d'apprendre
à lire, à écrire et à compter. Le français appris à l'école était une langue de qualité, celle du roi, des gens instruits et bien
éduqués.

Quant aux gens qui ne connaissaient pas le français en arrivant au Canada, pourquoi ont-ils appris la langue de la région de
Paris plutôt que celle d'une autre région ? On a prouvé que c'est avec le français que le plus grand nombre de personnes
arrivaient à communiquer, même si moins de la moitié des gens parlaient vraiment cette langue.

Pour comprendre comment le Canada de 1660 est devenu rapidement un pays où les gens parlent français, je vais
te donner un exemple.

Imagine que tu déménages dans un pays nouveau et désert. Dans ce pays, il est impossible de recevoir plus de 2 ou 3
lettres par année de ta famille ou des tes amis. Imagine aussi que dans ton nouveau pays, il y a seulement une école de
100 enfants. Dans cette école, il y a 4 professeurs qui parlent anglais. Parmi les enfants, il y a 20 francophones,
30 anglophones, 10 Espagnols, 10 Arabes, 10 Vietnamiens, 10 Grecs et 10 Chinois. Suppose que tous les enfants ont appris
comme toi, un peu d'anglais dans leur pays. Avec quelle langue penses-tu pouvoir communiquer avec tes nouveaux amis ?

Tu vas sûrement me répondre : l'anglais. Pourquoi ? Parce que l'anglais est la seule langue qui soit un peu connue par
tous. De plus, tous les cours seront en anglais, puisque c'est la seule langue que les professeurs connaissent. Tu as raison
de penser comme cela. Et je peux même t'assurer qu'en moins de 6 mois presque tous parleront très bien l'anglais.

Cet exemple sert à montrer comment le français, qui était la langue de seulement 3 nouveaux arrivants sur 10, est
devenu très rapidement la langue de tous les Canadiens. C'est parce qu'ils étaient peu nombreux que les gens habitant
ce nouveau pays ont dû apprendre une même langue.

Ces gens avaient besoin de parler à leurs voisins, à leur curé, à leur marchand, etc. Et, ne l'oublions pas, à cette époque,
le français était une langue très noble, très importante aux yeux de toute l'Europe. On peut supposer que tous les arrivants
en Nouvelle-France étaient fiers d'apprendre le français de Paris.

 

 

 

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