Les couturières des usines de textile (1935-1945)

 

Résumé :

En 1935, plusieurs femmes travaillaient comme couturières dans les usines de textile. Le travail était pénible et très mal payé.

Référence :

HÉTU, Jean-Paul, C.S.D. - Lutte des travailleurs du textile au Québec, Québec, C.S.D., 1979, 80 pages.

Auteur :

Pierre Girard

 

Claire a 34 ans. Elle est couturière dans une usine de textile depuis 10 ans. Elle a deux enfants de 4 et 6 ans. Le premier
est né en 1925. Depuis ce temps, elle travaille presque 18 heures par jour pour prendre soin de ses enfants et gagner un
peu d'argent pour sa famille. Elle gagne 3$ par semaine pour coudre des pantalons et des chemises 12 heures par jour.
Quand on pense que le logement coûte 15$ par mois, c'est vraiment un petit salaire.

Debout à cinq heures et demie, pour faire le déjeuner des enfants, elle part travailler en les laissant seuls faute d'avoir
une gardienne. Quand le plus vieux est né, elle a cessé de travailler à l'usine pour s'en occuper. Mais le salaire du mari ne
suffisait pas à faire vivre la famille. Aussi, dès que son plus vieux a eu 6 ans, elle est retournée à sa machine à coudre à l'usine.

Pendant qu'elle était à la maison, elle faisait des petits travaux de couture chez elle, mais le patron la payait moins cher. Le
patron disait qu'elle économisait sur le prix du tramway, car elle n'avait plus besoin de le prendre pour aller travailler.

Dans la salle où elle travaille, à l'usine, elles sont 120 femmes assisses à leur machine 12 heures par jour. Les
contremaîtres (les « petits boss ») les surveillent afin qu'elles ne perdent pas de temps.

Le propriétaire de l'usine donne un cadeau en argent au contremaître quand il oblige les femmes à dîner à leur table de
couture, pour éviter les pertes de temps. Si elles se lèvent, le contremaître les menace de les mettre à la porte. Les femmes
se lèvent seulement pour aller aux toilettes. Comme il n'y en a que deux, la file est longue et souvent on retourne travailler
sans avoir eu son tour.

En 1939, c'est la guerre. Claire coud maintenant des uniformes pour les marins et les soldats. Son fils s'est engagé dans
l'armée pour aller faire la guerre en Europe. Il porte peut-être un des uniformes qu'elle a faits.

La guerre prend fin six ans plus tard, en 1945 ; et Claire travaille toujours à l'usine. Un jour, le contremaître demande
à toutes les femmes d'aller rejoindre les autres travailleurs dans la cour de l'usine. Le gouvernement veut le remercier
d'avoir fait tous ces uniformes pour les soldats. Toutes les femmes applaudissent le patron et retournent au travail.

Claire pense qu'elle et ses compagnes de travail méritent aussi une récompense. Mais pas une médaille. Elle aurait
aimé avoir une journée de congé pour aller chercher son fils à la gare de chemin de fer. Puisque la guerre est finie, il revient
chez lui.

 

 

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