Le commerce du bois à Nicolet

 

Résumé :

Le commerce du bois a été une partie importante du développement de la région de Nicolet entre 1760 et 1870.

Références :

BLANCHARD, Raoul, Le Centre du Canada Français, Montréal, Librairie Beauchemin, 1948.

BELLEMARE, abbé Jos.-Elz, Histoire de Nicolet 1669-1924, Arthabaska, Imprimerie d'Arthabaska, 1924.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Bien avant l'arrivée des premiers colons français, la forêt occupait les deux rives de la rivière Nicolet. On y retrouvait
beaucoup de feuillus (des chênes, des noyers, des hêtres, des frênes, différentes variétés d'érables, des tilleuls, des
merisiers et des bouleaux) mais aussi une grande variété de conifères (pins blancs, sapins, cèdres, mélèzes
et épinettes) qui occupaient tout le sol disponible.

Cette forêt constituait un obstacle pour les nouveaux arrivants qui voulaient s'établir dans cette région. Mais elle leur
offrait aussi beaucoup de ressources. Elle abritait beaucoup d'animaux pouvant servir soit à se nourrir, soit à faire le
commerce des fourrures. Chasser et faire le commerce des fourrures étaient beaucoup plus facile que l'abattage des arbres
et la culture de la terre.

Les premiers colons de la région de Nicolet ont d'abord été des chasseurs qui se sont peu préoccupés de défricher et de
mettre la terre en valeur. Ils se sont contentés de se construire une maison, de défricher un peu de terre autour de la
maison, juste assez pour cultiver un peu de légumes et de céréales. Jusqu'en 1760, le paysage de la région n'a pas
beaucoup changé.

Les arbres abattus servaient à construire ou à chauffer les maisons, à fabriquer des meubles. On brûlait les branches
et les souches dans les champs. Souvent, des incendies de forêt naissaient à la suite de ces feux. On ne pouvait rien
faire, sauf prier pour qu'il pleuve. Ces incendies permettaient de cultiver de nouvelles terres sans avoir à les défricher.
On appelait ces régions les « Pays Brûlés ».

Au début du 19e siècle, des commerçants anglais ont vite compris que le commerce du bois et de ses sous-produits pouvait
les enrichir rapidement. Ils se sont mis à acheter du bois partout où ils le pouvaient. Ils revendaient ce bois pour la
construction de bateaux ou de maisons, soit au Canada, soit en Angleterre.

Le bois était bûché à l'intérieur des terres. Au printemps, on faisait la « drave » (du mot anglais « drive » qui signifie
conduire) en dirigeant le flottage des billots sur la rivière, jusqu'au village de Nicolet. Là, des scieries les sciaient en
planches ou en madriers. Puis, on envoyait le bois par petits voiliers jusqu'au Port Saint-François. Alors, des bateaux plus
gros l'amenait vers Québec ou vers Montréal.

La coupe du bois faisait beaucoup de déchets. On brûlait ces déchets et on récupérait la cendre de ce bois pour en faire
de la potasse, produit très recherché parce qu'il servait à fabriquer des engrais et du savon. On se servait également
du bois pour alimenter les chaudières des bateaux à vapeur qui naviguaient sur le Saint-Laurent.

Peu à peu, la coupe du bois et la vente de la potasse sont devenues un gagne-pain pour beaucoup de colons. Entre 1760
et 1860, on a abattu presque 90% des arbres de la région de Nicolet, ne laissant qu'un peu de bois de chauffage de
mauvaise qualité pour les besoins locaux. Une fois la terre dégarnie de la forêt, les gens se sont mis à cultiver du blé et
de l'avoine.

Le commerce du bois atteignit un sommet dans les années 1840-1860. On devait aller de plus en plus loin pour
trouver le bois nécessaire à la demande. Graduellement, on remontait le long de la rivière Nicolet, on s'enfonçait dans
les Townships (appelés maintenant les Cantons de l'Est). On se servait encore de la rivière pour transporter le bois
jusqu'aux scieries situées à Nicolet.

En 1866, la compagnie du Chemin de fer du comté de Drummond construisit une voie ferrée qui reliait Nicolet à
Montréal. On a considéré le passage du train comme un progrès pour Nicolet. Cependant, le chemin de fer marqua le début
de la fin du commerce du bois dans la ville de Nicolet.

Peu à peu, on a arrêté le flottage du bois sur la rivière. Tous les moulins à scie créés après 1866 à Nicolet ont fait faillite
ou ont fermé parce qu'ils ne pouvaient pas trouver assez de bois pour fonctionner.

 

 

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