Les bébés amérindiens et français au 17e siècle

 

Résumé :

Dans la manière de porter, d'habiller et d'enterrer leurs bébés, les Amérindiens étaient très différents des Français.

Référence :

LEMIRE, Denise, Les Petits Innocents. L'enfance en Nouvelle-France, Québec, Institut québécois de recherche sur la
culture, 1985.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Dès leur arrivée en Nouvelle-France, les missionnaires ont immédiatement remarqué des différences entre les Amérindiens
et les Français dans la façon de prendre soin des bébés. Les Françaises portaient leur bébé dans leurs bras et elles les
couvraient de plusieurs épaisseurs de tissu, autant en été qu'en hiver. Les Amérindiennes portaient leur bébé derrière
leur dos. En été, l'enfant pouvait être complètement nu.

Le bébé français était emmailloté. Cela signifie qu'il était habillé avec une camisole, une couche, une chemise et un bonnet.
Ensuite, le corps et la tête étaient enroulés dans des bandes de tissu. On habillait ainsi le bébé pour qu'il n'ait pas froid,
mais aussi parce qu'onvoulait façonner son corps.

On croyait qu'il faillait que le dos et les jambes soient bien serrés afin que le corps du bébé grandisse très droit. Il faut
comprendre  qu'ainsi emmailloté, le bébé ne pouvait pas bouger car, pendant les premiers mois, le bébé avait même
les bras liés au corps par les bandes. Heureusement pour les bébés modernes, cette croyance est disparue.

Entre un et cinq mois, on libérait les bras du bébé. Mais les jambes demeuraient prisonnières jusqu'à huit mois. Les
médecins de l'époque étaient d'accord avec cette pratique. Ils recommandaient seulement de faire attention à ne pas
trop serrer les bandes et de les défaire pour nettoyer l'enfant. C'était tellement long de changer un bébé que les
mères ne les changeaient pas très souvent.

Tu peux imaginer les problèmes de « fesses rouges ». Tu peux comprendre aussi que le bébé français devait pleurer
souvent parce qu'il avait mal aux fesses et parce qu'il ne pouvait pas bouger. Les bébés français étaient donc plus
faibles et plus souvent malades que les bébés amérindiens.

Les bébés amérindiens ne portaient pas de couches. Un père missionnaire a décrit l'ingénieux procédé qui les remplaçait :
« l'enfant était emmailloté sur une planchette (…) elles lui laissaient une ouverture devant la nature, par où il fait son eau,
et si c'était une fille, elles ajoutaient une feuille de blé d'inde renversée qui servait à porter l'eau dehors sans que
l'enfant soit gâté (souffre) de ses eaux (urine). »

Pour dormir, les bébés amérindiens reposaient sur du duvet de roseaux très doux « sur lesquels ils étaient couchés très
mollement (…) et la nuit, ils les couchaient souvent nus entre le père et la mère. » Les Français ont constaté que les
Amérindiennes avaient des méthodes pour prendre soin des bébés qui étaient plus hygiéniques que les leurs.

Les Français ont été très surpris lorsqu'ils ont vu comment les bébés amérindiens étaient forts et souples. Leur corps
grandissait bien droit même s'il n'était pas entouré de bandes. Certains croient que l'exemple des mères amérindiennes
a amené les mères françaises du Canada à changer leur manière de prendre soin des bébés, car les mères du
Québec ont cessé d'emmailloter leurs bébés avant les mères de France.

En 1634, un père Jésuite a raconté comment les coutumes françaises se mêlaient aux traditions amérindiennes lors de
l'enterrement d'un enfant amérindien. Il a raconté que l'enfant mort était entouré de peaux de castor, de toile et d'une
grande écorce. On le déposait ensuite dans un cercueil, à la manière des Français, et on recouvrait le cercueil de fleurs.

Au moment de l'enterrement, on mettait dans la fosse, avec le cercueil, le berceau et les vêtements de l'enfant. Lorsque
l'enfant mourait alors qu'il était encore nourri au sein, la mère tirait quelques gouttes de lait de son sein et les
déposaient sur un morceau d'écorce. L'écorce trempée de lait était immédiatement brûlée. Cette cérémonie signifiait
que la mère donnait à boire à l'âme de son enfant.

Cette belle coutume était accompagnée de prières du prêtre missionnaire. On consolait ensuite la mère en lui disant
qu'il y avait un ange de plus dans le ciel car, tout comme aujourd'hui, on croyait que les enfants morts très jeunes
allaient tout droit au ciel. Après l'enterrement, la famille ne parlait plus jamais du petit enfant décédé. Mais, le premier
enfant à naître par la suite portait le nom du bébé décédé.

 

 

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