L'ancien français

 

Résumé :

Après la disparition presque complète du latin et la formation de plusieurs dialectes en France, le latin reviendra en force
comme langue d'enseignement, tandis qu'à la cour du roi d'Angleterre, on parle français.

Références :

BRUNEAU, Charles, Petite histoire de la langue française, Paris, Armand Colin, 1969.

BRUNEAU, Charles et Ferdinand BRUNOT, Précis de Grammaire historique de la langue française, Paris, Masson et Cie, 1949.

RAYNAUD DE LAGE, Guy, Manuel pratique d'ancien français, Paris, Éditions A. & J. Picard, 1973.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Dans l'ancienne France, les rois avaient découpé le pays en territoires qu'on a appelé duchés. Ces grands territoires se
divisaient en plus petits pour former des villes ou des villages. Chaque grand territoire avait son propre gouvernement.
À part les marchands, les habitants d'un territoire n'avaient pas de contact avec ceux qui habitaient un territoire voisin.

À cause des guerres, le peuple était pauvre et les écoles étaient fermées. Même les prêtres comprenaient mieux les vieux
livres latins. Les gens parlaient rarement aux gens des autres territoires et il n'y avait presque plus de gens instruits qui
savaient le latin. C'est pourquoi chaque région a développé sa propre langue.

À la même époque, des représentants de tous les territoires de l'Europe partent en croisade. Les Croisades ont pour but
de chasser les musulmans de Jérusalem afin de libérer le tombeau du Christ. En revenant des Croisades, les chrétiens
rapportent de nouveaux produits, de nouvelles sciences (mathématique, astronomie, médecine) et de nouveaux mots,
comme orange, chiffre, zéro.

Après le retour des croisées, l'Église est acclamée et elle augmente son pouvoir. Elle devient si puissante qu'elle oblige
les rois et les empereurs à obéir au pape. La vieille langue latine va redevenir la seule langue enseignée dans les
écoles. Tous les textes de loi et tous les textes scientifiques seront écrits en latin.

Paris, ville où réside le roi de France, devient célèbre pour ses grandes écoles. Dirigée par l'évêque de Paris, une d'elles
a une si grande réputation que des gens d'Allemagne, d'Italie et d'Angleterre viennent y étudier. Cette grande école,
l'Université de Paris, sera célèbre dans toute l'Europe.

À la cour du roi de France, on parle français. Pendant que le prestige de la France s'étend en Europe, la langue du roi de
France est utilisée par les rois de plusieurs pays, même en Allemagne et en Russie. De plus, au 11e siècle, le duc de
Normandie (un des territoires du roi de France) gagne une guerre contre les Anglais et devient roi d'Angleterre.

Puisque le roi d'Angleterre parle français, toutes les personnes qui travaillent pour lui doivent parler la même langue. Mais
ce français, langue des riches et des puissants, est encore bien différent du français d'aujourd'hui.

Au 13e siècle, par exemple, le « C », qui se prononçait « K » devant toutes les voyelles, va s'adoucir et se prononcer
comme un « S » devant « e » et « i » (le mot « cervu » qui se prononçait « kérwou » va devenir « tserf », puis « cerf ».

À la même époque, le « g » devant « e » et « i » va se prononcer « dj ». Donc, le mot « gelare » (prononcé
« guélaré ») va se transformer en « djéler » (geler). Les voyelles aussi se transforment et c'est probablement à cette époque
qu'apparaît un « L » que l'on dit « mouillé ». Ce son s'entend aujourd'hui dans le mot fille (en comparant avec ville) et aussi
dans le mot soleil, travaille, etc.

C'est dans l'ancien français qu'apparaît le son écrit avec un « y » lorsqu'il y a rencontre de deux voyelles. Ce son est arrivé
parce que des consonnes n'étaient plus prononcées au milieu d'un mot. Par exemple, « pacare », en perdant sa syllabe
du centre est devenu « pa(y)er, « pede » est devenu « pied » (que l'on prononce « piyé »). Nous retrouvons ce phénomène
encoure aujourd'hui ; ainsi, certaines personnes prononcent le mot braguette : « brayette ».

En même temps, il semble que des nouveaux sons, an, on, in, un, arrivent en français. Ces sons n'existaient pas dans le
latin où les lettres « an » se prononçaient « anne ». De plus, beaucoup de voyelles placées en fin de mot vont disparaître.
Par exemple, « lunae die » (le jour de la lune) va devenir « lundi ».

Ces quelques exemples veulent prouver qu'il y a eu des centaines de changements. Et pourtant, l'ancien français est
toujours très différent de notre français. On utilise peu de mots-outils (à, de, par, et, ou, ni, …). Les verbes se conjuguent
de façons différentes.

La langue de cette époque sera surtout influencée par les prêtres et les moines. Un film récent, dont le titre est Au nom
de la rose
, montre bien comment les moines étaient les principaux copieurs de livres de l'époque. Le français écrit
est né par la transcription de chants religieux et l'écriture de quelques vies de saints. On a aussi quelques histoires écrites
de héros de guerre.

 

 

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