Vivre au pensionnat / 3

(silence et hygiène)

 

Résumé :

Dans les pensionnats d'autrefois, on observait le silence partout sauf à la récréation. La toilette se faisait d'une manière
qui nous paraît maintenant bizarre.

Référence :

DUMONT, Micheline et Nadia FAHMY-EID, Les couventines, Montréal, Boréal Express, 1986.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Dans la classe, tu trouves très difficile de ne pas parler lorsque ton professeur explique quelque chose. Tu as souvent envie
de dire ton opinion, ton accord ou ton désaccord sur tout ce que tu entends dans la classe. Mais, il faut t'entendre à la
cafétéria ou dans les corridors…

Tu cries. Tu ris. Quelquefois tu te fâches. Et quelquefois aussi, tu parles tout bas pour confier un secret à ton copain
ou à ta copine. Imagine qu'il y a plus de cent ans, les élèves n'avaient jamais le droit de parler ni dans la classe, ni dans
les corridors, ni dans les dortoirs, ni même pendant les repas.

Dès leur arrivée, les nouvelles pensionnaires apprenaient à communiquer par gestes à la table. Par exemple, pour avoir
du pain, on donnait de petites tapes sur la table ; on pinçait les doigts pour avoir du sel ; on levait la main droite pour
avoir le pot d'eau. Ce rituel se déroulait avec beaucoup de sérieux. Attention aux fous rires, car ils étaient immédiatement
notés dans « le bulletin de bonne conduite ».

Bien se conduire, c'était savoir garder le silence. C'était aussi ne pas se promener seulement deux filles ensemble
dans la cour de récréation. Il fallait être en groupe d'au moins trois ; ceci afin d'éviter que deux filles ne deviennent
de trop grandes amies.

À la récréation, il était interdit de parler à voix basse parce que les religieuses supposaient que ces conversations
portaient sur des sujets interdits : se moquer des autres élèves, critiquer la nourriture, le règlement, se plaindre des
religieuses, etc.

Ces règlements apparaissent aujourd'hui très sévères et, quelquefois stupides. Mais parmi tous les règlements, ceux
qui nous semblent les plus étranges sont sans doute les règlements concernant l'hygiène du corps.

Jusqu'au milieu du 20e siècle, il était très important qu'une fille ne regarde jamais son corps ; encore moins celui
des autres. Or, les jeunes filles couchaient dans de vastes dortoirs, sans aucun mur pour séparer les lits. Elles
devaient donc se déshabiller et se laver devant les autres. Comment pouvaient-elles faire leur toilette sans regarder
ni montrer leur corps ?

Sur la manière de s'habiller et de faire sa toilette, les souvenirs des anciennes pensionnaires peuvent nous renseigner.
Dans tous les couvents, les filles apprenaient, dès leur arrivée, à se vêtir et à se dévêtir sous leur robe de nuit. Cette
robe de nuit était longue et très ample.

Aussi, pour s'habiller, il suffisait de mettre d'abord ses bras, d'enlever les manches de la robe de nuit et d'habiller le haut
du corps avant d'enlever complètement sa robe de nuit. Pour la toilette du matin et du soir, les pensionnaires
se lavaient à la débarbouillette… sous leur robe de nuit.

Il y a plus de cent ans, les pensionnaires pouvaient prendre un bain une fois par deux semaines. Au 20e siècle, l'eau
chaude était plus facile à obtenir et les médecins-hygiénistes insistaient davantage sur la nécessité d'avoir un
corps propre. Les pensionnaires prenaient donc leur bain une fois par semaine.

Toutefois, la manière de se laver n'avait pas changé. En prenant son bain, la jeune fille ne devait pas regarder son corps.
Même seule dans la chambre de bains, elle ne devait jamais se dévêtir totalement. Dans certains couvents, on gardait
sa petite culotte pour prendre son bain ; ailleurs, les filles cachaient leur corps sous une sorte de tente constituée
de deux grandes serviettes attachées sur l'épaule.

Tous ces règlements, qui paraissent si sévères aujourd'hui, reflètent pourtant la manière de penser d'autrefois.
D'anciennes pensionnaires de 1920 à 1950, surtout si elles étaient pensionnaires de 7 à 17 ou 18 ans, vous
diront qu'elles ne connaissaient pas d'autres genres de vie. Elles n'étaient donc pas malheureuses.

Il faut ajouter que la discipline dans les familles était presque aussi sévère que dans les couvents. Les enfants avaient
rarement le droit de parler à table, surtout s'il y avait des invités. De plus, les jeunes filles ne pouvaient pas
sortir sans être accompagnées d'un adulte de confiance.

Qu'elles aient été pensionnaires ou externes, la plupart des étudiantes d'autrefois ont conservé, malgré tout, de bons
souvenirs, autant des religieuses que de leurs camarades de classe. Tu veux savoir d'autres choses sur la
vie des anciens pensionnats ? Interroge les vieilles personnes. Elles auront beaucoup de plaisir à tout te raconter,
même leurs mauvaises blagues.

 

 

 

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