Vivre au pensionnat / 2

(permissions et sorties)

 

Résumé :

Seuls les décès ou la maladie dans la famille immédiate justifiaient des permissions de sortie pour les pensionnaires.

Référence :

DUMONT, Micheline et Nadia FAHMY-EID, Les couventines, Montréal, Boréal Express, 1986.

Auteure :

Micheline Champoux

 

Jusqu'en 1950, la plupart des pensionnaires du Québec n'avait que deux congés pendant l'année scolaire. Généralement,
le congé des fêtes commençait le lendemain de la fête de Noël et se terminait après le 6 janvier. Le congé de Pâques
durait quatre à cinq jours.

Lorsque les familles habitaient dans des régions éloignées du pensionnat, les élèves n'allaient dans leur famille que
pendant le temps des fêtes et les deux mois d'été. C'est donc dire qu'une fille qui était pensionnaire de 7 ans à
16 ou 17 ans ne connaissait presque pas ses parents ou ses frères et sœurs.

Bien sûr, le dimanche, il était permis de recevoir la visite des parents au parloir. Toutefois, ces visites se faisaient sous
la surveillance d'une religieuse. Il aurait donc été mal vu qu'une élève se plaigne, par exemple, de la nourriture, d'un de
ses professeurs, ou même qu'elle manifeste son ennui ou une quelconque insatisfaction.

Les visites d'amies, d'oncles ou de tantes, de cousins ou de cousines n'étaient permises que si les parents avaient
donné une permission écrite. D'anciennes pensionnaires affirment que toutes les lettres reçues ou envoyées étaient
lues par la directrice ou la maîtresse de discipline. Il était donc impossible de se plaindre dans une lettre ou de
correspondre avec un garçon.

Aussi, pour recevoir des nouvelles d'un garçon rencontré l'été précédent, il fallait qu'une sœur ou une grande amie utilise
un code secret pour donner des nouvelles. Par exemple, en lisant « ma sœur Pierrette a bien hâte de te revoir l'été
prochain », la jeune fille devait comprendre : « Mon frère Pierre… ».

Les règlements n'étaient pas les mêmes partout. Par exemple, à l'École normale de Saint-Hyacinthe, aucune sortie
de plaisir n'était autorisée. Pas de partie de sucre, de pique-nique ou de voyage culturel. Même pas de pèlerinage.
Pas de permission pour aller aux noces de ses frères et sœurs, mais il était possible de sortir pour des noces d'or de
grands-parents.

Les élèves pouvaient sortir en cas de maladie grave des parents, d'une sœur ou d'un frère. Cependant, aucune
permission n'était accordée pour le décès d'un grand-parent, même si celui-ci habitait la même ville. En cas de visite chez
le médecin ou autres occasions très spéciales, les élèves devaient toujours être accompagnées des parents ou d'une
religieuse.

On peut penser que les élèves qui n'étaient pas pensionnaires étaient moins surveillées. Oui et non. Les religieuses
demandaient alors à certaines élèves, jugées plus sérieuses et plus sages, de surveiller les autres filles pendant le retour
à la maison. Les externes devaient marcher en rang et en silence dans la rue jusqu'au moment de leur arrivée chez elles.

Les élèves nommées pour surveiller les externes en dehors du couvent devaient rapporter fidèlement à leurs
maîtresses les manquements à la bonne conduite : se disputer, s'injurier, courir dans la rue, jouer à des jeux indignes de
bonnes jeunes filles, jouer avec des garçons ou même attirer l'attention des garçons.

À l'école ou à la maison, les jeunes filles n'étaient jamais laissées sans surveillance. Après 1950, les règlements sont
devenus moins sévères. Il était possible, par exemple, de sortir pour aller à des noces ou à des funérailles. La plupart
des institutions permettaient que les élèves aillent chez leurs parents au début de novembre. Dans quelques écoles, les
élèves sortaient à la fin de chaque mois.

Puis, de 1960 à 1970, les règlements ont changé très rapidement. Il est vite devenu normal que les pensionnaires sortent
à toutes les fins de semaine. Beaucoup moins d'élèves étaient pensionnaires, car il y avait des autobus scolaires
partout. Les polyvalentes donnaient des cours qui, avant, n'étaient donnés que dans quelques écoles spécialisées.

Aussi, tes parents ont connu des écoles qui ressemblaient beaucoup aux écoles d'aujourd'hui.

 

 

 

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