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Département de psychologie

Risk assessment instruments in clinical practice

Résumé : Au sein du milieu légal, le psychologue est régulièrement invité à titre d'expert afin d'émettre une opinion sur le risque de violence. Considérant l'importance de l'expertise psycholégale dans le verdict du juge ou jury, ces experts se doivent de baser leur opinion sur la littérature scientifique prévue à cet effet. De nombreuses études ont d'ailleurs permis d'établir la validité d'instruments psychométriques utilisés pour prédire le risque de violence chez une population aux prises avec des problèmes de santé mentale, tels que le HCR-20, le PCL-R et le VRAG. Les qualités psychométriques de ces tests furent donc amplement démontrées dans le cadre d'études empiriques, mais qu'en est-il de leur utilité dans un contexte clinique? Divers chercheurs ont pu observer que malgré la reconnaissance des outils permettant l'évaluation du risque par la communauté scientifique, ceux-ci ne sont guère utilisés en pratique. Le but de la présente étude était donc de déterminer si les items du HCR-20 sont utilisés dans les audiences des conseils d'examen pour évaluer le risque de violence chez les personnes déclarées non-criminellement responsable pour cause de troubles mentaux (NCRTM). Les 96 participants furent recrutés entre le mois d'octobre 2004 et le mois d'août 2006, au sein du seul hôpital psychiatrique judiciaire du Québec ainsi que dans deux grands hôpitaux psychiatriques assignés aux soins des personnes déclarés NCRTM dans la région de Montréal. Les évaluations du risque présentées par les cliniciens aux audiences annuelles des conseils d'examen et la justification des conseils pour la libération ou la détention des personnes trouvées NCRTM ont été comparées avec les évaluations du risque menées par l'équipe de recherche à l'aide du HCR-20. Les résultats obtenus indiquent qu'une faible minorité des facteurs de risque identifiés dans le HCR-20  ont été mentionnés dans le processus des audiences, soit dans les rapports cliniques, les discussions durant l'audience, ou la justification de la décision. Les seules corrélations significatives entre les facteurs de risque proposés par le HCR-20 et ceux énoncés au cours des audiences sont les antécédents de violence et la présence d'un trouble mental majeur. Le discours tenu par les cliniciens semblaient plutôt être influencé par d'autres facteurs, notamment la gravité de l'infraction ainsi que la présence de problèmes en lien avec la prise de médication. Les résultats confirment donc qu'un écart significatif persiste entre les données probantes de la recherche et la pratique de l'évaluation du risque. 

Référence : Côté, G., Crocker, A. G., Nicholls, T. L., & Seto, M. C. (2012). Risk assessment instruments in clinical practice. Revue canadienne de psychiatrie, 57(4), 238-244.

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