Glossaire: C

Changement prescrit axé sur le renouvellement des pratiques professionnelles

Un changement prescrit axé sur le renouvellement des pratiques professionnelles est une proposition orientée de modifications à apporter aux actions professionnelles posées dans le contexte de son travail. Un tel changement comporte des fondements qui lui donnent une cohérence pour aider les personnes visées à respecter les différentes facettes du changement. L'idée de changement prescrit sous-tend une certaine obligation. Tout en sachant qu'il y a prescription, le travail avec des êtres humains considérés comme étant professionnels exige une souplesse, même si une certaine rigueur est nécessaire. Ce qui s'oppose à une rigidité et ce qui explique la nécessité d'un accompagnement d'un changement prescrit (pour plus d'explications, voir Lafortune, 2008a).

Coanimation

La coanimation est une forme de collaboration professionnelle qui s'inscrit dans la foulée d'un accompagnement socioconstructiviste. Elle offre un «?filet de protection?» aux personnes accompagnatrices qui peuvent ainsi compter sur l'appui d'un ou de plusieurs collègues. En plus de se soutenir mutuellement, les personnes bénéficient du regard de l'autre. Les interactions multiples (échanges, partages, discussion, etc.) au niveau des idées, des actions et des stratégies favorisent une meilleure analyse et une distance critique qui contribuent à faire des choix, à prendre de meilleures décisions. La coanimation favorise le partage de bases théoriques qui enrichit la culture liée au champ d'expertise de chaque partenaire qui travaille en complémentarité. Elle dynamise le travail en permettant à chaque personne de participer à la construction, à la justification ainsi qu'à la consolidation de son modèle d'intervention et de se rendre ainsi compte de ses croyances par rapport à l'accompagnement en général et de ses croyances par rapport au travail en équipe de collègues. Elle permet également d'assurer un suivi et une continuité advenant le départ d'une des personnes de l'équipe (pour plus d'explications, voir Lafortune, 2008b).

Coconstruction

La coconstruction est un processus qui vise à construire de nouvelles représentations à partir de ses représentations en les confrontant avec celles d'autres personnes qui sont elles aussi engagées dans ce processus dans une perspective d'échanges et de partage. Construire ses connaissances à propos du changement à partir de son propre modèle de pratiques qui, dans l'accompagnement, est soumis à une série de régulations successives au fur et à mesure que la personne fait de nouveaux apprentissages ou qu'elle progresse dans le processus de changement où elle fait aussi de nouveaux apprentissages. Au cours d'un accompagnement socioconstructiviste, la personne va confronter cette construction à celles d'autres personnes qui sont également engagées dans une démarche semblable. Par ailleurs, ces personnes confrontent et valident aussi leurs constructions au regard de celles d'auteurs ou d'auteures ou de celles proposées par des modèles théoriques. Les constructions individuelles sont alors façonnées en étant confrontées ou remises en question par diverses influences. Une construction collective d'un modèle de pratiques associées au changement contribue à l'élaboration d'une vision partagée du changement. Les personnels se réapproprient cette construction collective et l'intègre à leur propre modèle en continuant à le confronter ou à l'éprouver au contact de leur réalité professionnelle et quotidienne. Au cours de ce processus complexe, elles effectuent de multiples allers et retours entre la théorie et la pratique. Elles partagent et discutent de leurs représentations avec d'autres, elles tirent profit de l'expertise individuelle et collective du groupe avant de recommencer un nouveau cycle avec d'autres personnes ou d'autres groupes (adaptée de Lafortune, 2004, Lafortune et Deaudelin, 2001a) (pour plus d'explications, voir Lafortune, 2008a,b).

Collaboration professionnelle

La collaboration professionnelle est une mise en commun d'actions professionnelles destinées à la réalisation d'une œuvre ou d'un but qui se rapporte à une collectivité ou à une communauté de pratiques. Elle suppose la coopération, la concertation et la coordination d'efforts collectifs, des discussions qui mènent à des prises de décision collectives et à des interventions concertées. Ces interventions sont analysées et régulées régulièrement et collectivement. Cela mène à une responsabilité partagée dans le travail en équipe de collègues pour accompagner la mise en œuvre du changement. Cette collaboration est dite «?professionnelle?» pour tenir compte du regard que les collègues porte sur les différentes pratiques jusqu'à les discuter et les remettre en question dans un climat de respect et de confiance mutuelle. Cela peut vouloir dire partager une certaine «?intimité professionnelle?». Collaborer avec différents partenaires exige de connaître ses collègues, mais surtout de croire à d'éventuelles possibilités de collaboration. Selon l'expertise des personnes, leur champ de compétence, leurs fonctions et l'analyse qu'elles font du changement, chacune peut contribuer à sa mise en œuvre. La réussite d'un changement repose sur la mobilisation et l'engagement de l'ensemble des personnes concernées pour assures cohésion et cohérence (pour plus d'explications, voir Lafortune, 200a).

Communication réflexive-interactive

La communication réflexive-interactive est un processus qui suppose une relation, un rapport, une liaison, une interaction… entre des personnes. Dans le modèle d'accompagnement professionnel, ce processus peut ce réaliser entre des personnes accompagnatrices et accompagnées, mais aussi dans la mise en relation entre le contenu associé au changement et la relation que les personnes accompagnées entretiennent avec la nature de ce contenu (par exemple, des compétences professionnelles à développer) et avec le changement souhaité (des pratiques à mettre en œuvre). Cette communication vise à faire connaître le changement, à faire réfléchir sur le changement et les exigences qu'il suppose au regard des pratiques professionnelles. Il induit des interactions entre des individus, des remises en question de leurs pratiques professionnelles et un passage à l'action. L'intention de la communication réflexive-interactive est de communiquer un changement à des individus qui interprètent ou décodent cette intention dans le but de se l'approprier ou non et de l'intégrer ou non à leurs pratiques en ayant la possibilité d'y rétroagir. Selon la réceptivité ou les expériences antérieures des personnes, la compréhension du message peut varier considérablement. La rétroaction permet de saisir si le message et l'intention ont été bien interprétés et d'anticiper ce qui peut être fait pour favoriser une meilleure compréhension du changement. Dans une communication réflexive-interactive, la prise en compte des connaissances antérieures et des interprétations est essentielle. Elle suppose cependant du temps pour écouter, observer, remettre en question et discuter, l'utilisation d'un vocabulaire approprié, une distance critique et des moyens qui reflètent les perspectives du changement (pour plus d'explications, voir Lafortune, 2008a).

Compétences en développement

Une compétence en développement suppose la poursuite de son développement. Ainsi une personne peut continuer à développer une ou ses compétences tout au long de sa vie. Peu importe son âge, ses connaissances, ses habiletés ou son expérience, elle cherche à atteindre un niveau de maîtrise d'une compétence chaque fois qu'un nouveau contexte exigeant une action originale se présente. Cette ouverture sur une compétence en développement repose sur l'impossibilité de déterminer tous les contextes d'utilisation que le développement d'une compétence peut exiger. En contrepartie, une personne peut mobiliser correctement et à bon escient certains des éléments qui font partie de ses composantes. Dans ce cas, on peut penser que cette personne maîtrise jusqu'à un certain degré la compétence. En conséquence, afin de faire ressortir l'aspect dynamique de l'appropriation d'une compétence, il est approprié de parler de compétence en développement. Elle est en développement lorsqu'il y a progression dans la maîtrise de ses composantes et que le degré de complexité des composantes sollicitées est croissant selon l'aspect inédit de la situation.

Le développement d'une compétence consiste à mobiliser des ressources, comme des connaissances et des habiletés, plus ou moins maîtrisées. Si des éléments de composantes sont relativement maîtrisés, cela veut dire que les individus sont au stade d'utilisation d'une compétence pour en compléter la maîtrise. L'utilisation d'une compétence peut se définir comme l'application de connaissances construites et d'habiletés «?maîtrisées?» permettant de réaliser une tâche ou une production, tandis que le développement d'une compétence fait référence à l'idée de progression dans l'appropriation de celle-ci. Dans le cadre de la mise en œuvre d'un changement, les personnes visées progressent vers l'appropriation de compétences et explorent un terrain qui leur est nouveau, de sorte que le développement d'une compétence revêt un niveau de difficulté plus grand que son utilisation. Ainsi, dans le contexte où le développement d'une compétence n'est jamais entièrement complété puisque toujours en progression, l'utilisation d'une compétence donnée fait référence à son degré d'appropriation tout en considérant la prise de conscience de ses forces et difficultés au regard de celle-ci. Le développement de compétences est stimulé par des déséquilibres cognitifs ou des obstacles qui sèment des doutes, des questionnements et mènent à des essais. De plus, ce développement se fait dans l'action pour faire face à diverses situations, ce qui accroît l'autonomie des personnes accompagnées (Lafortune, 2004d).

Conservation des traces

La conservation de traces est un moyen utile à la collecte d'informations visant à refléter le cheminement ou la progression des personnes à l'intérieur de la démarche d'accompagnement d'un changement, à l'aide de différents outils (questionnaires, fiches, moments de réflexion, synthèse, coconstruction, enregistrements, journal d'accompagnement, etc.). La conservation de traces favorise la réflexion et l'analyse des pratiques professionnelles?: celles qui sont en cours dans le milieu et celles qui sont associées au changement. Ces traces sont également utiles pour effectuer des retours sur les apprentissages réalisés au cours de la démarche ou lorsqu'il y a des bilans. Dans l'élaboration de projets d'action, la personne accompagnatrice planifie le genre de traces qu'elle entend conserver et la manière dont elle prévoit s'y prendre pour en faire la collecte ou l'exploitation. Ces traces balisent la démarche d'accompagnement et peuvent être réinvesties à différents moments de l'accompagnement. Elles servent à faire des amorces, des anticipations, des réinvestissements, des retours, des suivis, des bilans?; elles aident à comprendre l'évolution de la démarche, à repérer les facilités et les difficultés rencontrées, à mesurer le cheminement parcouru, le parcours emprunté, à faire la synthèse de la démarche, à faire des liens entre les rencontres, etc. Elles favorisent la régulation de l'action, les ajustements et l'amélioration de démarche d'accompagnement (pour plus d'explications, voir Lafortune, 2008b).

 

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