Les invertébrés et les diatomées

Les algues, les invertébrés et les poissons répondent aux changements environnementaux à différentes échelles temporelles et spatiales en raison de leur cycle de vie, leur physiologie et leur mobilité. Il est donc fondamental de bien comprendre les exigences écologiques propres à chaque type d'organisme, car ils diffèrent dans leur sensibilité à différents types de pollution et dans leur temps de réponse.  Triest et col.40 ont comparé les résultats d'un biosuivi effectué à partir des diatomées et des invertébrés sur des cours d'eau recevant différents types de pollution (agricoles, urbains et industriels) en Belgique. Ils en conclurent que les producteurs primaires, tels les diatomées, étaient plus aptes à détecter l'enrichissement en nutriments, la distribution des diatomées étant principalement expliquée par le phosphore. Les invertébrés intégraient mieux les conditions générales du cours d'eau, leur distribution étant surtout corrélée avec l'oxygène dissous. Soininen et Könönen41 parvinrent à des résultats similaires dans des rivières de la Finlande.

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Dans les rivières du Québec, Boissonneault42 démontra également que les invertébrés benthiques, échantillonnés à l'aide de la méthode du Rapid Bioassessment, sont plus influencés par les perturbations de l'habitat, alors que les diatomées sont plus influencées par les perturbations concernant la physico-chimie de l'eau.

En résumé, les bioindicateurs seraient plutôt complémentaires. Les diatomées sont particulièrement sensibles à des enrichissements en nutriments, alors que les invertébrés benthiques sont davantage sensibles à la qualité de l'habitat et aux déficits en oxygène. Les diatomées sont des indicateurs de pollution à court terme (environ un mois) en raison de leur cycle de vie court, alors que les invertébrés benthiques sont des indicateurs à plus long terme (quelques mois ou une année). Les communautés de diatomées sont peu influencées par les caractéristiques physiques du cours d'eau, alors que les invertébrés benthiques sont de bons indicateurs de la qualité de l'habitat. Les diatomées peuvent par contre être utilisées aussi bien en ruisseau qu'en grande rivière avec le même protocole et sans que la réponse de l'indice en soit affectée, ce qui est plus difficilement réalisable dans le cas des invertébrés. Les invertébrés présentent toutefois l'avantage de permettre le suivi volontaire des cours d'eau, les intervenants locaux, non spécialisés, pouvant eux-mêmes identifier les organismes les plus fréquemment rencontrés42.

bioindicateurs