Où échantillonner ?

Dans un contexte idéal, les stations d'échantillonnage devraient être localisées aux endroits suivants (les nombres entre parenthèses réfèrent à la figure ci-dessous) :

  • À l'amont de chacune des branches principales, dans un secteur qui, si possible, n'est pas ou est peu altéré par les activités humaines (1). Ces stations pourront éventuellement servir de référence pour évaluer quel est le niveau d'intégrité écologique auquel on peut s'attendre dans le cas où le bassin versant serait restauré. Si le bassin versant chevauche plus d'une écorégion ou s'il existe une grande variété de formations géologiques et de dépôts de surface, une station de référence devrait idéalement être sélectionnée pour chacune de ces entités territoriales. Bien que l'IDEC ait été développé en tenant compte des conditions de référence présentes au Québec, il est préférable d'évaluer quelles sont les conditions de référence locales en sélectionnant des stations de référence appropriées.

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  • À l'exutoire des lacs (2) et des milieux humides (16). Lorsqu'un lac est mésotrophe ou eutrophe, il est intéressant de connaître quelle est sa contribution à la dégradation des cours d'eau en aval. Il est possible qu'un lac eutrophe exporte une partie de ses nutriments via son exutoire, ce qui abaissera la valeur de l'IDEC. Mais il est également possible que l'ensemble des nutriments d'un lac eutrophe soit recyclé à l'intérieur du lac lui-même; l'IDEC affichera dans ce cas une valeur élevée à l'exutoire. Les milieux humides peuvent également être des zones exportatrices de nutriments. Il est préférable, dans tous les cas, d'éviter d'utiliser les exutoires de lacs et de milieux humides comme stations de référence, puisque ces milieux ne sont pas nécessairement représentatifs des autres écosystèmes du bassin versant. Il faut également se rappeler que l'IDEC fut conçu pour effectuer le suivi des cours d'eau, et non des lacs et des étangs. L'IDEC peut par contre être utilisé pour effectuer le suivi des tributaires d'un lac (15).
  • En amont et en aval des principales sources de pollution des cours d'eau. L'approche amont-aval permet d'évaluer l'impact d'une source de pollution ponctuelle ou l'impact d'un secteur du bassin versant. Les sources potentielles de perturbation peuvent être, entre autres, une municipalité (3-4), des coupes forestières (5), une usine (6-7) ou une pisciculture. Dans le cas d'une source ponctuelle, il est souvent utile de connaître la localisation exacte de l'effluent, afin de bien localiser la station d'échantillonnage. Il faut cependant être conscient que l'impact d'un effluent varie selon la distance et le comportement du panache. Selon l'hydrodynamique du cours d'eau, il est possible qu'une station d'échantillonnage soit à l'extérieur de la zone d'influence du panache de l'effluent. Il est ainsi généralement prudent de localiser la station d'échantillonnage à quelques centaines de mètres, selon la taille du cours d'eau, en aval de l'effluent afin de s'assurer que le panache ait eu le temps de se diluer et que l'on mesure ainsi l'impact sur l'ensemble du cours d'eau récepteur. Il peut également être utile de localiser une station en amont et en aval d'une source de pollution diffuse. Il peut, par exemple, s'agir d'une zone dans laquelle il y a une forte densité d'installations septiques ou un secteur comportant une forte densité de cultures.
  • En aval des tributaires (8-9). Une station située en aval d'un tributaire, avant sa confluence, permet d'évaluer l'impact de l'ensemble du sous-bassin sur le cours d'eau principal. La station doit toutefois être située à une certaine distance en amont de la confluence afin d'éviter l'influence du refoulement des eaux du cours d'eau principal. La distance à respecter dépendra de la taille du tributaire, des niveaux de crues et de la marée dans le cas des tributaires du fleuve en aval de Trois-Rivières.
  • En amont et en aval des confluences (10 à 13). L'approche amont-aval permet d'évaluer l'impact des tributaires sur le cours d'eau principal. Il faut, une fois de plus, tenir compte de la dispersion du panache créé par les eaux du tributaire dans le cours d'eau récepteur. Selon la taille du cours d'eau, il faut parfois quelques centaines de mètres et même quelques kilomètres avant que le panache se soit dilué dans le cours d'eau récepteur.
  • En aval du bassin versant (14). Une station située en aval du bassin versant permettra d'évaluer l'état de l'écosystème aquatique à cet endroit en tenant compte de l'ensemble des activités humaines présentes en amont. La station doit toutefois être située à une certaine distance en amont de la confluence afin d'éviter l'influence du refoulement des eaux du cours d'eau récepteur. La distance à respecter dépendra de la taille du cours d'eau, des niveaux de crues et éventuellement de la marée.

La validité des résultats obtenus dépendra de la qualité du plan d'échantillonnage. Un bon plan d'échantillonnage doit permettre, autant que possible, de distinguer l'impact de chacune des sources potentielles de pollution. Imaginons, par exemple, que vous localisiez une station d'échantillonnage en aval d'une ville, en négligeant de localiser une station en amont. L'impact que vous mesurerez dépendra-t-il de la ville ou des cultures en amont de la municipalité ? Cet exemple met en lumière la nécessité de définir quels sont les objectifs du programme de suivi et d'élaborer un plan d'échantillonnage en conséquence.

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