Département d'anatomie
Anecdotes anatomiques

Antonio Pacchioni : bien observé mais mal interprété

 

Regis   Régis Olry, professeur titulaire, Département d’anatomie 

 

Le médecin et anatomiste italien Antonio Pacchioni est entré dans l’Histoire de la neuro-anatomie par ses recherches sur l’anatomie et les fonctions des méninges 1. Descriptions anatomiques pertinentes, mais considérations physiologiques faussées par les intangibles théories de son époque.

 

Antonio Pacchioni

Antonio Pacchioni est né à Reggio Emilia, petite ville du Nord de l’Italie, le 13 juin 1665. Après des études de philosophie, il opte pour une formation médicale au cours de laquelle le professeur Antonio Vallisneri 2 (1661-1730) remarque ses talents en dissection. Pacchioni reçoit son diplôme de médecin en 1689, et obtient le 26 mai 1690 un poste à l’Ospedale della Consolazione, dans le service d’urgence où, recevant de nombreux patients atteints de blessures de la tête, il constate sont intérêt croissant pour la neuro-anatomie. Grâce à son ami Marcello Malpighi (1627-1694), il est nommé médecin de la ville de Tivoli en juillet 1693. Sept ans plus tard, il devait succéder à Giovanni Maria Lancisi (1654-1720) à la chaire d’anatomie de l’Université La Sapienza de Rome, mais il préfère céder la place à son compétiteur Giorgio Baglivi (1668-1707), un protégé du pape Innocent XII. Souffrant d’épilepsie, d’hémiparésie, et de détérioration de ses facultés mentales (tumeur ou hématome cérébral?), Antonio Pacchioni décède à Rome le 5 novembre 1726 3, 4.

 

Les fibres radiées de la faux du cerveau

En 1701, Pacchioni décrit l’incisure de la tente (foramen de Pacchioni) et la structure de la faux du cerveau dont, malheureusement, il regarde les fibres radiées comme étant de nature musculaire. Selon lui, ces fibres permettraient, lors de leur contraction, la compression des glandes cérébrales et donc la sécrétion des esprits animaux 5, un mécanisme comparé par le neuropsychiatre Yves De Smet à un « cœur encéphalique » 6.

 

Les villosités arachnoïdiennes

C’est dans une dissertation de 1705 7 qu’Antonio Pacchioni décrit, sous le nom de glandulae conglobatae, ce que l’histoire s’honorait d’appeler « granulations de Pacchioni », et que la culturophobe déchiqueteuse a, depuis 1895, aseptisé sous le nom de granulations arachnoïdiennes 8.

 

188 granulationes

Page de titre  de l’ouvrage d’Antonio Pacchioni dans lequel sont décrites les granulations arachnoïdiennes (1705).

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Malheureusement Pacchioni s’est, là aussi, trompé au sujet de leur fonction : il leur attribue la sécrétion, et non la résorption, du liquide cérébrospinal. Il faudra attendre 1738 pour que ces deux erreurs soient corrigées sous la plume d’un autre médecin italien, Giovanni Fantoni 9 (1675-1758).

 

 

Notes

1 Olry R. (1999) Antonio Pacchioni and Giovanni Fantoni on the Anatomy and Functions of the Human Cerebral Dura Mater. Journal of the International Society for Plastination 14 (10): 9-11.

2 Peut-être le premier à avoir observé ce que l’on appelle aujourd’hui le syndrome de Stein-Leventhal, ou ovaires polykystiques, dans son Istoria dell’Uomo, Venezia, Hertz Gio Gabbriel, 1721, p. 146.

3 Brunori A., Vagnozzi R., Giuffrè R. (1993) Antonio Pacchioni (1665-1726): early studies of the dura mater. Journal of Neurosurgery 78: 515-518.

4 Hirsch A. (1886) Biographisches Lexicon der hervorragenden Aerzte aller Zeiten und Völker. Wien und Leipzig, Urban & Schwarzenberg, vol. 4, p. 457.

5 Pacchioni A. (1701) De durae meningis fabrica & usu disquisition anatomica. Romae, typis D.A. Herculis.

6 De Smet Y. (1986) La neuropsychologie « pré-corticale ». Histoire de la localisation et de la constitution des « fonctions mentales supérieures » de Thalès de Milet à Franz Josef Gall. Bruxelles, U.C.B., p. 108.

7 Pacchioni A. (1705) Dissertatio epistolaris ad Lucam Schroeckium de Glandulis Conglobatis Durae Meningis Humanae, indeque Ortis Lymphaticis ad Piam Meningem Productis. Romae, Giovanni Francisco Buagni.

8 Avec un court intermède Granula meningica sous la JNA de 1935.

9 Fantoni G. (1738) Dissertatio I. De Structura & Motu Durae; de Glandulis ad superiorem ejussinum; & de Lymphaticis Vasis pia meningis. In: Opuscula medica et physiologica. Genevae, Sumptibus Pellissari, pp. 1-15.

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