Ce volet n’est pas délimité dans le temps. Il s’applique auprès de tous les enfants fréquentant le service de garde éducatif à l'enfance. Les interventions proposées s’inscrivent dans la planification standard des activités auprès des tout-petits.
Les activités ludiques développées visent toutefois la prévention des conséquences de l’exposition à la violence conjugale. D’ailleurs, la réalisation de ce type d’activités engendre des contextes propices à la divulgation de diverses formes de violence au sein de la famille, dont l’exposition à la violence conjugale.
L’éducatrice, l’éducateur ou le (la) RSGE peut donc facilement basculer du rôle « J’interviens en mode prévention » à celui de « J’interviens en mode préoccupation ».
Les comportements prévisibles, sensibles et réconfortants de l’éducatrice, l’éducateur ou le (la) RSGE permettent à l’enfant d’établir un lien sécurisant avec cette personne. Ces comportements doivent être manifestés plus souvent et plus longtemps aux enfants exposés à la violence conjugale qu’aux autres enfants
Il s’agit de brèves recommandations; des formations spécialisées en fonction des interventions spécifiques en attachement permettent d’aller plus loin.
Profil d’attachement désorganisé-contrôlant de type punitif ou attentionné : favoriser l’établissement de rôles clairs, indiquer clairement à l’enfant le rôle de l’éducatrice, de l’éducateur ou du (de la) RSGE et ce qui est attendu de lui, en adoptant un ton chaleureux (ex. : « Je vais m’occuper de… », « Tu peux être sûr que je vais m’en occuper. », « Tu peux compter sur moi, et de ton côté je te demande de… »).
Distinguer l’empathie attendue d’un enfant (ex. : l’enfant met sa main dans le dos d’un autre afin de tenter de le consoler, et lui propose des solutions) d’un renversement des rôles (ex. le tout-petit cherche à prendre soin de l’éducatrice, de l’éducateur ou du [de la] RSGE. L’enfant n’est alors pas capable de retourner au jeu même si l’adulte l’invite à le faire.)
La régulation émotionnelle, c’est la façon dont l’enfant peut influencer lui-même ce qu’il vit et peut exprimer ses émotions.
Se référer au matériel ludique de la Trousse FÉE.
Ces rôles agissent à titre de repères afin de mieux comprendre la situation. Ils peuvent être vécus par des enfants qui ne sont pas exposés à la violence conjugale, mais qui vivent dans des contextes de tensions. Ces repères permettent d’observer le comportement de l’enfant sous un angle différent et peuvent signaler que quelque chose ne va pas. Ils peuvent s’avérer utiles dans le dialogue avec les parents.
L’enfant exposé à la violence conjugale peut jouer plusieurs rôles au sein de la dynamique familiale afin de prévenir la violence, de la diminuer ou de protéger les autres membres de la famille.
Il faut souligner qu’un même enfant peut jouer différents rôles, de façon simultanée.
Comme les émotions vécues, ces rôles sont susceptibles d’être liés à la dynamique et au cycle de la violence conjugale. Par exemple, avant les évènements violents, le rôle de gardien de la paix peut prédominer alors que, pendant la scène de violence conjugale, celui de pacificateur ou de protecteur peut être adopté.
Il importe aussi de noter que certains de ces rôles sont utilisés par l’enfant comme des stratégies pour faire face à la violence conjugale et pour composer avec la dynamique familiale difficile.
D’ailleurs, la plupart de ces rôles sont très difficiles à assumer pour l’enfant, car ils placent sur ses épaules de lourdes responsabilités. On observe alors un renversement des rôles entre le parent et l’enfant.
L’enfant tente de prévenir les conflits conjugaux ou de calmer les parents lorsqu’il sent que la tension monte, de manière à empêcher l’éclatement de la violence. Il vit dans un état d’alerte permanent pour mieux déceler tous les signes qui, d’après son expérience antérieure, pourraient constituer des éléments déclencheurs de la violence. Il peut alors ressentir de la culpabilité lorsqu’il ne parvient pas à empêcher l’éclatement de la violence malgré ses efforts.
En service de garde éducatif à l'enfance, ce sont souvent des enfants qui voient tout.
Particulièrement observé lors de l’éclatement de la violence, ce rôle permet de diminuer l’intensité de la crise. Il prend différentes formes, selon l’âge de l’enfant, sa position dans la fratrie et celle qu’il adopte face à ses parents. S’il s’identifie au parent qui exerce la violence, il tentera de maitriser les comportements du parent qui la subit afin d’éviter l’escalade de la violence. S’il s’identifie plutôt au parent victime, il tentera de distraire le parent violent afin qu’il abandonne son comportement violent.
L’enfant qui endosse le rôle de protecteur s’interposera, par exemple, entre ses parents ou il protègera la fratrie en amenant les plus jeunes dans une autre pièce, ou en augmentant le son de la musique ou de la télévision pour ne plus entendre les éclats de voix.
Après les épisodes de violence, ou entre chacun d’eux, il se peut que l’un des parents, ou les deux, nie ou minimise ce qui s’est passé, incitant explicitement ou implicitement l’enfant à préserver le secret familial. Dans ce contexte, l’enfant vit de la confusion et ne sait plus comment se situer dans sa relation avec chacun de ses parents. Le rôle d’agent double réfère à ce sentiment d’être déchiré entre ses deux parents, de ne plus savoir qui croire et qui appuyer. En effet, l’enfant exposé à la violence conjugale vit souvent d’importants conflits de loyauté et peut se sentir forcé de prendre parti pour l’un ou l’autre de ses parents. Ces derniers peuvent amplifier le conflit de loyauté en demandant à l’enfant d’espionner ou de surveiller l’autre parent, ou encore de lui transmettre des messages.
Dans ce rôle, l’enfant conseille ses parents à propos des comportements qu’ils devraient adopter face à la situation de violence conjugale. Il peut, entre autres, tenter de convaincre sa mère que l’attitude ou le comportement de son père est inacceptable et qu’elle devrait le quitter, ou encore suggérer à sa mère des comportements lui permettant d’éviter la violence, comme de s’abstenir de répliquer verbalement ou de soutenir le regard du conjoint qui la menace ou tente de la contrôler.
L’enfant qui agit en sauveur pose des actions concrètes visant à échapper au cycle de la violence avec les autres membres de la famille qui subissent cette violence. Par exemple, en dénonçant la violence à un intervenant ou en demandant une aide extérieure. Comme le rôle d’agent double, le rôle de sauveur peut amener l’enfant à ressentir qu’il trahit ses parents et à se sentir coupable d’avoir brisé le secret de la famille.
Les rôles suivants sont plutôt attribués par les parents à l’enfant :
L’enfant peut être pris comme un bouclier. Le tout-petit est alors utilisé pour désamorcer une situation. Par exemple, le parent qui subit la violence conjugale pourrait demander à l’enfant d’empêcher son partenaire de s’en prendre à lui.
L’enfant est identifié par un ou plusieurs membres de la famille comme étant à la source des problèmes familiaux. Il est tenu responsable pour la violence conjugale.