L’art est indissociable de toute culture ou société éminente, il est l’un des fondements de la civilisation. L’origine de l’art remonte à plus de 35 000 ans et il est probablement lié à des croyances ayant trait à la fertilité, au soleil, à la mort et à la chance. À ce sujet, je recommande fortement la lecture de l'excellent ouvrage de Jean Rouaud ; La splendeur occultée de frère Cheval. Voici le résumé de ce livre : « Les fresques animalières des grottes ornées, miraculeusement préservées, nous disent la cosmologie du paléolithique supérieur : durant vingt-cinq mille ans, sur un territoire immense, la représentation des grands animaux n’a pas varié. Pour peu qu’on échappe au diktat matérialiste, où un cheval ne peut figurer qu’un cheval, ce bestiaire des grottes apporte une réponse cohérente à l’effroi des hommes qui ne savaient rien sur le jour et la nuit, la course du soleil, la disparition et la réapparition par morceaux de la lune, les éclairs, l’orage, l’arc-en-ciel, la mort dont ils présumaient qu’elle n’était peut-être pas un arrêt. Le cheval, avant qu’on ne le « domestique » en le contraignant à tirer de lourdes charges, était la figure du soleil…
Nous avons appelé « évolution » cette frise qui, partant du singe, conduit par « désanimalisation » successive à l’homme triomphant. Le secret des grottes ornées souffle à notre cerveau poétique une tout autre leçon : et si la « part animale » était ce que l’homme avait encore de divin en lui ? »
La statuette pèse 33,3 grammes et mesure 59,7 millimètres de haut pour 34,6 de large.
Elle est sculptée dans l’ivoire d’une défense de mammouth laineux.
Auteur de la photo: Ramessos
Cette image est publiée sous la licence Creative Commons
La taille directe est, avec le modelage, l’un des premiers procédés de sculpture utilisés par nos ancêtres. Les artéfacts les plus âgés que nous connaissons sont des objets qui furent réalisés par les techniques de taille directe à l’époque de la préhistoire. «Les premières représentations humaines plus ou moins précises sont réalisées entre - 40 000 et - 30 000, au début du paléolithique supérieur, qui dure de - 40 000 à - 10 000. À cette période, des techniques et des outils plus sophistiqués permettent d'exécuter des sculptures figuratives dans la roche, l'argile, les os et l'ivoire. Des centaines de statuettes, dont la plupart datent de - 30 000 à - 22 000 ont été retrouvées à divers endroits en Europe, notamment dans les abris, les grottes, et les cimetières des premiers humains. (L'art, les grands concept expliqués DK, 2017)» Parmi ceux-ci, les célèbres vénus paléolithiques, de petites figures féminines aux formes généreuses symbolisant la fertilité. Elles sont représentées nues ou très peu vêtues, les fesses, les seins, les parties génitales sont exagérées, le jambes et la tête sont plus petites. Elle n'ont pas de mains ni de pieds et plusieurs d'entre elle ne possèdent pas de visage. La plus ancienne de ces statuettes connue est la Vénus de Hohle Fels âgée d'environ 40 000 ans.
Une grande variété des matériaux furent utilisés pour réaliser des sculptures par des procédés de taille, seuls les objets sculptés dans les matières les plus dures ont traversé le temps. La plupart des espèces de bois résistent moins bien au passage du temps que l’os ou l’ivoire. La pierre est un matériau plus durable et plusieurs des sculptures préhistoriques qui nous sont parvenues sont en pierre. Les objets sculptés provenant de cette période sont généralement de petite taille, leurs créateurs étaient des nomades-chasseurs/cueilleurs qui transportaient probablement ces amulettes lors de leurs déplacements.
La Vénus de Willendorf est une statuette en calcaire du Paléolithique supérieur, elle mesure 11 cm de hauteur et est âgée approximativement de 23000 ans.
L'auteur des photos : Matthias Kabel, publiées sous GNU Free Documentation License