Le syndrome DOORS est une maladie génétique rare dont l'apparition survient généralement peu de temps après la naissance. Cette maladie se caractérise par une surdité, une malformation des ongles et de certains os, une déficience intellectuelle légère à profonde. Dans certains cas, les individus peuvent également éprouver des crises de convulsions. La collaboration entre les médecins et les biologistes confirme que la cause génétique la plus fréquemment identifiée pour cette maladie est des modifications anormales de l’ADN du gène TBC1D24. Cette molécule biologique est présente dans différents tissus humains, mais la forte expression est au niveau du cerveau, ce que peut expliquer la diversité phénotypique observée chez les patients DOORS. Cependant, la méconnaissance que nous avons sur son rôle exact rend difficile l'élaboration de traitements pour le syndrome DOORS, ce qui entraîne de nombreux obstacles pour les personnes atteintes et leur famille.
Par conséquence, connaître la fonction physiologique de TBC1D24 afin de mieux comprendre comment la mutation conduite à des troubles neurologiques est non seulement l'un des plus grands défis de la recherche scientifique aujourd'hui, mais c'est aussi l'objectif principal de mon projet de recherche. Étant donné que notre système neurologique a besoin d'énergie, et plus particulièrement que les mitochondries (des minuscules organites connus comme la centrale électrique de la cellule et engagées dans la production d'énergie à partir des nutriments) fournissent cette énergie, on pense qu'un rôle vital du TBC1D24 serait de réguler les mitochondries. De plus, les résultats que j'ai obtenus pendant ma maîtrise en travaillant avec certaines cellules de patients DOORS montrent que les mutations TBC1D24 entraînent des changements structurels et éventuellement fonctionnels dans les mitochondries. Cette fonction peut aider à expliquer le phénotype des patients DOORS compte tenu de l'importance des mitochondries dans la fonction cérébrale. Mais aussi, des altérations importantes dans la structure du réticulum endoplasmique (RE) (organite requis pour la synthèse de lipides et protéines sécrétées). Le fait donc que ces mutations causent à la fois des altérations dans les mitochondries et le RE, suggèrent que cette protéine pourrait réguler leurs fonctions en réglant leurs sites de contacts.
L’identification de TBC1D24 comme régulateur important des mitochondries et de leurs sites de contacts nous permettra de mieux comprendre ces troubles neurologiques et de proposer de nouveaux traitements. Enfin, ce projet permettra donc de mieux comprendre les altérations cellulaires menant au syndrome DOORS, donnant l’espoir d’un jour développer une thérapie pour cette maladie rare.