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Trousse virtuelle à l'intention du personnel éducateur œuvrant auprès des enfants 0-5 ans

J’interviens auprès de tous les enfants

J’interviensauprès de tous les enfants

Introduction - J’interviens auprès de tous les enfants

Quel est son rôle et dans quels contextes?

Les services de garde éducatifs à l'enfance sont des lieux privilégiés permettant de modifier les croyances et les attitudes face à la violence. Ils permettent de développer la bienveillance, la tolérance et l’égalité dans les relations. Les tout-petits y apprennent des habiletés adéquates de gestion de la colère, de communication avec les autres et de résolution des conflits (Lessard et coll., 2003).

L’objectif du processus de l’intervention éducative est donc de soutenir, au jour le jour, le développement des enfants, en plus d’assurer leur santé et leur sécurité. Il ne vise pas à corriger des comportements. Le terme « intervention » est ici employé dans un sens large et non spécialisé (cette mise en garde est tirée de Accueillir la petite enfance : programme éducatif pour les services de garde éducatifs à l'enfance (2019)).

J’interviens auprès de tous les enfants · Introduction

C'est aussi :

  • d'offrir un lieu permettant au tout-petit de s’exprimer librement, de se développer et de contrer les conséquences de l’exposition à la violence conjugale;
  • d'offrir un milieu de vie axé sur la bienveillance, l’ouverture et la diversité;
  • de réaliser des interventions éducatives générales auprès de l’ensemble des enfants. Cela peut notamment se traduire par des interventions touchant les différents éléments de l’exposition à la violence conjugale (par exemple, aborder le thème des conflits, des relations familiales, des émotions, etc.);
  • de réaliser des interventions spécifiques auprès des enfants soupçonnés d’être exposés à la violence conjugale.

Visionnez cette capsule vidéo pour mieux comprendre le rôle

« J'interviens »

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À cette étape, le protocole d'intervention permet d'avoir une vue d'ensemble des actions qui peuvent être posées selon chacun des rôles.

Consultez le document (version interactive)

Votre triple mission adaptée aux enfants exposés à la violence conjugale

La qualité du programme éducatif des SGEE influence de façon significative le développement des jeunes enfants, cette incidence étant plus marquée pour les enfants les plus vulnérables (dont font partie les tout-petits exposés à la violence conjugale).

Mission 1

Assurer le bien-être, la santé et la sécurité de tous les enfants, dans une perspective de prévention et d’intervention face à l’exposition à la violence conjugale, c’est primordial. Les tout-petits nécessitent un milieu où ils peuvent se déposer et se sentir en sécurité.

Mission 2

Offrir un milieu de vie propre à accompagner les jeunes enfants dans leur développement global, c’est leur offrir des facteurs de protection à court terme (ex. : développement des habiletés sociales) et à long terme (ex. : développement des valeurs d’égalité au sein des relations).

Mission 3

Contribuer à prévenir l’apparition de difficultés liées au développement global des jeunes enfants et favoriser leur inclusion sociale, c’est leur permettre de diminuer les impacts de l’exposition à la violence conjugale et l’isolement de ces familles.

Les SGEE sont appelés à favoriser l’inclusion sociale des enfants présentant des besoins particuliers en leur faisant une place parmi leurs pairs pour leur permettre de se développer en participant aux activités quotidiennes. Différentes mesures sont d’ailleurs prévues pour les soutenir financièrement à cet effet (Gouvernement du Québec, 2019).

Votre triple mission

Portrait des enfants âgés de 0 à 5 ans exposés à la violence conjugale

  • Deux enfants sur huit. C’est la proportion d’enfants exposés à la violence conjugale (verbale, psychologique ou physique) au cours d’une année, au Québec.
  • « Le taux élevé et la progression rapide de l’exposition à la violence conjugale observés chez les 0-5 ans sont préoccupants, considérant la grande vulnérabilité des enfants de cet âge et considérant aussi que d’autres études démontrent que les enfants exposés à la violence conjugale sont plus à risque d’être victimes d’abus physique de la part de leurs parents » (Stipanicic & Lacharité, 2020).
  • Il ne s’agit pas d’un phénomène rare. Ce phénomène est en constante augmentation depuis plusieurs années.
  • Dans des cas extrêmes, la violence conjugale peut causer la mort de l’enfant. Ce sont majoritairement les hommes — père ou beau-père — qui en sont la cause.
  • On observe des atteintes plus sévères en ce qui a trait à la capacité d’adaptation (problèmes de comportements intériorisés et extériorisés, problème d’attention et problèmes sociaux) lorsque l’auteur des actes de violence n’est pas le parent biologique de l’enfant.
  • Ils vivent avec une figure parentale ayant un problème de violence conjugale :
    • 58 % des enfants ayant un problème d’attachement
    • 42 % des enfants ayant un problème scolaire d’apprentissage
    • 34 % des enfants ayant un problème d’attention avec ou sans hyperactivité
    • 46 % des enfants ayant un retard de développement

La vulnérabilité du tout-petit exposé à la violence conjugale

  • Le tout-petit est très vulnérable.
  • Il n’est pas en mesure de demander par lui-même les services dont il a besoin. Le moins de trois ans est incapable de nommer la violence vécue. Il s’exprime par des morceaux, des bouts de récits. Il faut toutefois se rappeler qu’au-delà des mots, un tout-petit parle. Beaucoup même. Par des gestes, des comportements, des réactions dans ses relations; par ses gouts et ses champs d’intérêt.
  • Il dispose de très peu de moyens pour dénoncer sa propre victimisation. Il est pris dans un secret familial. Ce sont aux adultes qui l’entourent de voir, d’entendre son message et de prendre la parole pour lui. De faire entendre sa voix.
  • Une multitude de professionnels, dont les personnes responsables d’un service de garde éducatif en milieu familial ainsi que les éducatrices et éducateurs en CPE et en garderies, affirment se sentir peu outillés pour intervenir auprès des enfants qui sont exposés à la violence conjugale, pour réaliser les interventions justes et orienter les familles vers des ressources appropriées à leurs besoins.
La vulnérabilité du tout-petit

La perception de l’enfant

Lorsqu’un enfant est questionné de façon générale sur la violence conjugale, celui-ci a plus souvent tendance à indiquer que ses deux parents sont responsables ou, au contraire, qu’aucun d’entre eux n’est responsable. Lorsqu’il est questionné plus directement sur le contexte entourant l’éclatement de la violence, il identifie plus distinctement un parent qui commet la violence conjugale et un parent qui la subit, souvent l’homme envers la femme respectivement. Cette distinction est plus importante lorsqu’elle fait référence à des évènements violents de nature plus grave.

Exposé à la violence conjugale, l’enfant tente de comprendre les évènements. Il interprète la violence comme une perte de contrôle de la part du parent qui commet les actes (même si nous savons que c’est plutôt une prise de contrôle), de la colère (« C’est plus fort que lui, il devient très en colère, il ne sait plus ce qu’il fait. », « J’ai peur de ma colère à moi après avoir vu ce que la colère de papa peut faire. ») ou des caractéristiques qui leur seraient propres (« Parce que mon papa, il est méchant, il est jaloux. Parce qu’il ne vit pas la joie comme nous. »).

Son interprétation de la violence et sa compréhension de son rôle au sein de la famille influencent l’ampleur des répercussions de l’exposition à la violence conjugale. Par exemple, si l’enfant s’attribue, à tort, la responsabilité du déclenchement de la violence entre ses parents par ses difficultés sociales, il aura tendance à se responsabiliser de la situation. Les impacts de l’exposition à la violence conjugale seront donc amplifiés.

Tous les enfants protègent leurs parents, et ce, même lorsqu’un niveau élevé de la violence règne au sein de leur milieu de vie. Nos interventions doivent être sensibles à ce vécu.