Les services de garde éducatifs à l'enfance sont des lieux privilégiés permettant de modifier les croyances et les attitudes face à la violence. Ils permettent de développer la bienveillance, la tolérance et l’égalité dans les relations. Les tout-petits y apprennent des habiletés adéquates de gestion de la colère, de communication avec les autres et de résolution des conflits (Lessard et coll., 2003).
L’objectif du processus de l’intervention éducative est donc de soutenir, au jour le jour, le développement des enfants, en plus d’assurer leur santé et leur sécurité. Il ne vise pas à corriger des comportements. Le terme « intervention » est ici employé dans un sens large et non spécialisé (cette mise en garde est tirée de Accueillir la petite enfance : programme éducatif pour les services de garde éducatifs à l'enfance (2019)).
Assurer le bien-être, la santé et la sécurité de tous les enfants, dans une perspective de prévention et d’intervention face à l’exposition à la violence conjugale, c’est primordial. Les tout-petits nécessitent un milieu où ils peuvent se déposer et se sentir en sécurité.
Offrir un milieu de vie propre à accompagner les jeunes enfants dans leur développement global, c’est leur offrir des facteurs de protection à court terme (ex. : développement des habiletés sociales) et à long terme (ex. : développement des valeurs d’égalité au sein des relations).
Contribuer à prévenir l’apparition de difficultés liées au développement global des jeunes enfants et favoriser leur inclusion sociale, c’est leur permettre de diminuer les impacts de l’exposition à la violence conjugale et l’isolement de ces familles.
Les SGEE sont appelés à favoriser l’inclusion sociale des enfants présentant des besoins particuliers en leur faisant une place parmi leurs pairs pour leur permettre de se développer en participant aux activités quotidiennes. Différentes mesures sont d’ailleurs prévues pour les soutenir financièrement à cet effet (Gouvernement du Québec, 2019).
Lorsqu’un enfant est questionné de façon générale sur la violence conjugale, celui-ci a plus souvent tendance à indiquer que ses deux parents sont responsables ou, au contraire, qu’aucun d’entre eux n’est responsable. Lorsqu’il est questionné plus directement sur le contexte entourant l’éclatement de la violence, il identifie plus distinctement un parent qui commet la violence conjugale et un parent qui la subit, souvent l’homme envers la femme respectivement. Cette distinction est plus importante lorsqu’elle fait référence à des évènements violents de nature plus grave.
Exposé à la violence conjugale, l’enfant tente de comprendre les évènements. Il interprète la violence comme une perte de contrôle de la part du parent qui commet les actes (même si nous savons que c’est plutôt une prise de contrôle), de la colère (« C’est plus fort que lui, il devient très en colère, il ne sait plus ce qu’il fait. », « J’ai peur de ma colère à moi après avoir vu ce que la colère de papa peut faire. ») ou des caractéristiques qui leur seraient propres (« Parce que mon papa, il est méchant, il est jaloux. Parce qu’il ne vit pas la joie comme nous. »).
Son interprétation de la violence et sa compréhension de son rôle au sein de la famille influencent l’ampleur des répercussions de l’exposition à la violence conjugale. Par exemple, si l’enfant s’attribue, à tort, la responsabilité du déclenchement de la violence entre ses parents par ses difficultés sociales, il aura tendance à se responsabiliser de la situation. Les impacts de l’exposition à la violence conjugale seront donc amplifiés.
Tous les enfants protègent leurs parents, et ce, même lorsqu’un niveau élevé de la violence règne au sein de leur milieu de vie. Nos interventions doivent être sensibles à ce vécu.