Rosalie Hétu

Monocle

Ma création vise à présenter ma réflexion personnelle sur ce qu’est une sculpture autonome. Une sculpture n’est, selon moi, jamais totalement autonome, puisqu’il y a une présence constante de l’intervention humaine lors de sa création. Cette intervention peut être directe, comme c’est le cas avec ma sculpture d’argile, où ce sont mes mains qui ont manipulé le matériel. Le monocle, quant à lui, met l’accent sur l’utilité de l’objet. Ce dernier sert à mieux discerner les détails et à corriger la vue de celui qui le porte. Le sujet de ma sculpture est utilisé pour faire référence à une paire de lunettes. Une vision qui peut être différente d’une personne à l’autre, ainsi influencer la façon dont la sculpture est interprétée. C’est le regard de l’humain qui lui donne son sens. Cette perspective personnelle est influencée par mon parcours en intervention, où je crois que rien ne peut être pris à part, sans son contexte. Les traits fins et circulaires du monocle veulent mettre en contraste l’aspect flou et nébuleux de ce qui se trouve en son centre. J’opte pour une démarche qui joue entre le réaliste et l’abstrait. Mon processus créatif s’inspire souvent du mystérieux et c’est ce que l’œil suggéré au centre du monocle suppose. Ce faisant, cela permet à ma sculpture d’aborder le réalisme de l’objet et d’ouvrir la discussion sur les différentes perceptions individuelles

Le squatteur se fait squatter

Squattage est un projet que j’aborde par le biais de l’humour et de l’ironie. Le chat est un animal qui a souvent tendance à se coucher ou aller dans des endroits inédits et donc de squatter des lieux étranges. L’ironie réside dans le fait de squatter le squatteur. C’est la raison pour laquelle mon installation est faite dans le poil de cet animal. J’ai aussi opté pour une décision artistique qui me permettait d’utiliser un être vivant comme espace sculptural, auquel j’impose d’abriter le jouet vert et de servir de contenant imperméable à l’eau. J’ai donc choisi mon chat, Mico, de 13 livres pour réaliser mon projet. Mon installation devient très éphémère, parce que dès que le chat se déplacera, l’œuvre n’existera plus. J’ai aussi pris la décision artistique de travailler en miniature, puisque je fais souvent des sculptures grandes et très détaillées. Il s’agit d’explorer d’une méthode artistique que je connais peu, l’installation. Cette dernière reste minimaliste et me permet de mettre l’accent sur les trois seuls éléments présents : le petit crocodile de plastique vert, l’eau où flotte l'objet et le poil du chat, le corps du chat. Les photos qui incluent le corps du chat permettent de comprendre la subtilité du concept de squattage dans son ensemble, considérant que les photos prises de proche n’offrent aucune information particulière sur le lieu choisi. Il est même difficile de distinguer s’il s’agit d’un lieu organique ou non et quel est le matériau utilisé, ce qui suppose une ambiance mystérieuse.

Désolation et réalité

Le présent projet m’a permis d’explorer la sculpture grandeur nature et de prendre position sur un sujet écologique. L’installation démontre mon intérêt artistique pour les matériaux organiques. J’ai utilisé le bois présent sur le site pour ma construction et je n’ai fait usage d’aucune autre matière pour faire tenir les morceaux ensemble. Je respecte donc une perspective personnelle sur la récupération. Le milieu dans lequel se trouve mon œuvre ouvre sur une critique en lien avec l’environnement, soit la déforestation ou la perte d’espaces naturels pour la construction de maisons et de terrains résidentiels. C’est la raison pour laquelle mon installation prend la forme d’une maison, qui possède les dimensions de 5 x 6 x 4 pieds. Les murs non achevés dévoilent que des bouleaux poussent et que sous les constructions de l’homme peuvent se cacher les cicatrices d’anciens arbres, ce que la déforestation coûte à la nature. Sur le site, une partie de la forêt a été coupée où tous les troncs, les branches et les souches fraîchement coupés ont été laissés sur place, ainsi que le matériel comme les scies, qu’on ne peut malheureusement pas voir sur les photos. La pertinence créative réside dans le fait qu’il a une destruction visible de la nature dans le but de créer et construire toute autre chose. La désolation qu’offre la section coupée contraste avec l’environnement du reste de la forêt qu’il est possible de deviner autour du site, donc l’environnement fait partie intégrante de l’œuvre.

Mode débordante

Le présent projet propose une réflexion personnelle sur ce qu’est un espace restreint. À mon sens, il s’agit d’un endroit insolite habité par des objets miniatures dont les dimensions et leur environnement sont atypiques. Je me suis donc questionnée sur le principe de contenant et contenu. C’est ce qui m’a poussé à vouloir mettre en scène une forme qui déborde d’une autre. Mon œuvre s’articule autour de deux éléments : la robe abstraite, faite d’un voile bleu dont la traine va jusqu’à environ 60 centimètres, et la théière de verre d'environ 15x15 centimètres comparables à celles utilisées dans les salles à manger. Il devient clair que la robe insérée dans la théière est trop grosse pour l’espace dans laquelle elle est restreinte. Alors, est-ce le contenant qui est trop petit ou la robe qui est trop grosse? Cette façon plus ludique et abstraite d’aborder le sujet apporte un grain de nouveauté, puisque la question reste sans réponse précise. J’ai conservé ma tendance à aller vers des sujets qui abordent le mouvement, la transparence et les courbes grâce au tissu. Le verre transparent permet d’avoir une vue sur ce qui se passe à l’intérieur de la théière, une vision de voyeur. Le fait que le voile bleu ait l’air et paraît visiblement compressé dans la théière pousse l’observateur à se rapprocher pour comprendre ce qui se passe. Cette envie et ce questionnement de voir la robe dans son ensemble renforce la réflexion sur si le contenant est adapté ou non.