4. Le Brief discours et la doctrine des Signatures.

À l'époque de la publication du Brief Discours et même après*, il y a encore une place pour un type de classification issu des botanistes de l'Antiquité grecque et latine. Ceux-ci croyaient que la nature était utile à l'homme, que les plantes avaient été créées pour satisfaire les besoins de l'homme et que toutes les plantes dont l'utilité, comme nourriture, fibres ou combustibles n'est pas immédiatement apparente devaient posséder des vertus thérapeutiques. C'est Theophrastus Bombastus von Hohenheim* mieux connu de son nom latin de Paracelsus qui a synthétisé ces idées dans la doctrine des Signatures:

"Ce n'est pas la volonté de Dieu, que ce qu'il crée pour le bénéfice de l'homme et ce qu'il lui a donné demeure caché / ... /. Et même s'il a caché certaines choses, il n'a rien laissé sans signes extérieurs et visibles avec des marques spéciales - tout comme un homme qui a enterré un trésor en marque l'endroit afin qu'il puisse le retrouver." *.

La morphologie des plantes révélait aux cueilleurs de racines et d'herbes un peu de leurs secrets, "de leurs vertus intérieures cachées sous le voile du silence de la nature"*.

Par exemple la Chélidoine, au sang jaune, était souveraine contre la jaunisse; le Lilas, aux feuilles cordiformes, guérissait des maladies de coeur; la Pulmonaire, qui doit précisément son nom vulgaire à l'ornementation du limbe de ses feuilles qui rappelle vaguement les lobes du poumon, était préconisée contre les maladies de poitrine.

Giambattista della Porta* fera connaître la doctrine des Signatures. Il laisse un ouvrage bien illustré qui s'intitule Phytognomonica, édité à Naples en 1588. Il y fait la démonstration de sa théorie. Par exemple, il suppose qu'une plante qui vit longtemps sera une excellente source de longévité pour l'humain qui s'en nourrit; alors que la plante dont la vie est courte peut abréger celle de l'humain, s'il la consomme.

Il croit que les plantes à la texture plus rugueuse peuvent guérir les lésions cutanées. Les feuilles, les fruits et les bulbes en forme de coeur peuvent soulager des malaises cardiaques*. Giambattista della Porta tente d'établir des analogies entre les plantes, leur forme et les propriétés médicinales gardées dans le silence, dans la nature, même du végétal. Dans le Phytognomonica, il se plait à représenter la Signature: c'est-à-dire la ressemblance entre, par exemple, les feuilles du Batrychium Lunaria avec la Lune Illustration; Punica granatum et du cône de pin les associe aux remèdes pouvant guérir les maux de dents Illustration ; la Capillaire aux racines comme des cheveux guérirait la calvitie; et l'Herbe à queue de Scorpion serait efficace contre la piqûre de cet arachnide venimeux Illustration.

 

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