Le cannabis est une plante aux multiples usages. La récente légalisation de son utilisation au Canada a entrainé un regain de l'intérêt pour cette plante autrefois communément cultivée. Face aux défis de notre siècle, un enjeu majeur est la réduction des engrais et des pesticides en agriculture. Une solution potentielle réside dans l'utilisation de microorganismes comme biostimulants ou biopesticides. Comme chez les êtres humains, ceux-ci vivent en interactions avec les plantes. Ils leur permettent de pousser en bonne santé en facilitant l'accès aux nutriments, en stimulant leur réponse immunitaire ou en luttant directement contre les maladies. Ils peuvent également augmenter la concentration de la plante en molécules actives. D'autre part, les microorganismes peuvent également causer des dérèglements dans la physiologie de la plante et entrainer des maladies.
La compréhension des interactions plante-microorganismes est devenu un sujet majeur de recherche en biologie végétale. Dans le but d'explorer ces interactions chez le cannabis, je m'intéresse au rôle de la génétique de la plante dans la sélection des microorganismes qui colonisent ses feuilles. Pour ce faire, j'ai effectué, avec une équipe d'étudiants de l'UQTR et de l'IIT Roorkee en Inde, une expédition scientifique en Himalaya, là où le cannabis pousse de manière naturelle. En effet, les populations de cannabis sauvage y poussent dans leur écosystème natif et n'ont subi aucune sélection humaine. De cette façon, il est possible d'étudier les interactions entre génétique et microbiotes telles qu'elles ont été façonnées au fil de l'évolution. Durant cette expédition nous avons récupéré des échantillons de feuilles de cannabis afin d'en extraire l'ADN et l'analyser. Dans ces échantillons, j'ai été capable de séparer l'ADN provenant de la plante de cannabis de celui provenant des microorganismes pour les analyser séparément. Après avoir séquencé cet ADN, je peux assigner l'ADN microbien à l'espèce dont il provient en utilisant des bases de données. De cette façon, je suis capable de savoir précisément quels microorganismes sont présents dans la plante. En séquençant d’autre part le génome de cette plante, je suis capable de mettre en relation sa génétique avec les microorganismes qu'elle abrite.
Ainsi j’espère déchiffrer les liens existants entre la génétique de la plante et les microorganismes qu’elle abrite. A long terme, cette recherche pourra mener à des programmes de sélection de plantes de cannabis plus résilients à leur environnement de culture avec un minimum d’engrais et de pesticides de synthèse.