Les Iroquoiens habitaient des régions où le sol était assez fertile pour permettre la culture d’une grande variété de légumes, principalement le maïs.
Le climat tempéré et la saison végétative de plus de 100 jours par année leur donnaient amplement le temps de récolter. À cette époque, le maïs (blé d'Inde) était cultivé depuis la région des Grands Lacs jusque dans le sud du Chili.
Sur le continent américain, il existait au moins 150 variétés de maïs adaptées à des conditions diverses. Les Huronnes-Wendates connaissaient au moins 15 sortes de maïs qui donnaient des épis de différentes formes et longueurs et des grains de diverses grosseurs aux couleurs variées (jaune, blanc, rouge ou violet). Selon la variété de maïs, la période de croissance variait de 50 à 180 jours.
Les trois soeurs
En plus du maïs, les femmes iroquoiennes cultivaient des courges, des haricots et des tournesols. Le maïs, la courge et le haricot étaient tellement bien associés dans leur esprit qu’elles nommaient ces plantes les trois sœurs. Cultivées ensemble, elles étaient bénéfiques pour le sol. Tandis que les feuilles du maïs protégeaient les courges du soleil et du vent, ses tiges servaient de tuteurs aux haricots grimpants.
Les haricots fixaient l’azote dans le sol et en retardaient l’épuisement. Quant à elles, les courges qui s'étendaient sur le sol limitaient la présence des mauvaises herbes et prévenaient l'érosion tout en conservant l'humidité du sol. Cette connaissance de ce que l'on appelle aujourd'hui le compagnonnage des plantes dénote une observation attentive de la part des agricultrices autochtones.
Les techniques agricoles des Iroquoiennes donnaient de très bons rendements. Leurs méthodes permettaient l'accumulation de larges surplus pour l'hiver et même de réserves pour deux, trois ou quatre ans, en cas de mauvaise récolte.
Une fois leurs besoins comblés, les surplus accumulés étaient échangés avec d’autres nations autochtones contre divers produits.
Les Huronnes-Wendates avaient acquis une longue expérience dans le domaine de l’agriculture. Elles cultivaient d’immenses champs de maïs qui entouraient leurs villages. Le récollet Gabriel Sagard, un missionnaire qui visitera leur pays, la Huronie, au début du 17e siècle, mentionnera qu’il est plus facile de s’y perdre dans un champ de maïs que dans une forêt.
Comme les Huronnes-Wendates, les femmes iroquoises pratiquaient également l'agriculture. Un observateur du 17e siècle mentionnera que les Onontagués cultivent des champs de maïs qui s’étendent sur une distance de trois kilomètres autour de leur village.
Les hommes avaient pour tâche de défricher les terres nécessaires à l’agriculture en pratiquant la méthode d’abattage des arbres par brûlis. Ils enlevaient l’écorce et les branches des arbres puis les faisaient brûler à leurs pieds après avoir appliquer une couche d’argile sur leur tronc pour empêcher la propagation du feu dans la cime des arbres.
L'arbre brûlé était ainsi plus facile à couper à l'aide d'une hache faite d'une pierre très dure et peu cassante. Avec le temps, les souches pourrissaient et pouvaient facilement être déracinées. Toutes les autres tâches reliées à l'agriculture, des semences en passant par l'entretien des champs jusqu'à la récolte, revenaient aux femmes aidées des enfants. Seule la culture du tabac était réservée aux hommes.
Dès que les neiges étaient fondues, les femmes se réunissaient dans les champs situés près du village. À l’aide de l’herminette et de la houx, elles préparaient le sol pour les semences. Elles formaient de petites buttes où elles semaient de neuf à dix grains de maïs. Ces grains avaient déjà été placés entre deux écorces humides pour hâter leur germination.
Pendant l’été, elles entretenaient leurs jardins. Accompagnées de leurs enfants, elles arrachaient les mauvaises herbes et repoussaient les oiseaux qui venaient manger leur maïs.
À l'automne, les Iroquoiennes récoltaient le maïs et les autres plantes cultivées. Les épis de maïs cueillis étaient attachés en paquets à l’aide des feuilles qui les enveloppaient et qui étaient retournées vers le haut. Cette activité donnait lieu à la fête des récoltes. Pendant la nuit, les femmes et les hommes se rassemblaient dans les champs pour tresser le maïs. Les épis de maïs étaient ensuite disposés à l’intérieur de la maison, le long des murs, sur des perches où ils séchaient.
Une fois que le grain était sec et prêt à être serré, les femmes et les filles l'égrenaient, puis le nettoyaient. Ensuite, elles l’entreposaient dans de grands paniers d’écorce ou de grands vases en argile à l’intérieur des maisons. La plus grande partie du maïs récolté était ainsi séché, pilé, puis transformé en farine.
Entrevue avec Philippe Decloître au Centre d’interprétation du site archéologique Droulers/Tsiionhiakwatha
Pour en savoir plus : Jardin des Premières Nations du Jardin botanique de Montréal