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Trousse virtuelle à l'intention du personnel éducateur œuvrant auprès des enfants 0-5 ans

Une journée mouvementée

Aujourd’hui, la journée a été pénible pour Marine. Elle était agitée et elle a fait plusieurs pipis dans ses pantalons. Alexandre croise Louise (sa directrice) sur l’heure du dîner et lui demande de venir le voir pendant la sieste. Il lui parle des réactions de Marine aujourd’hui. Ça se détériore, dans les derniers jours. Elle est plus maussade, plus irritable et un rien la fait pleurer. Elle regarde en permanence les autres et elle n’est pas en mesure de s’investir dans le jeu. Comme le bureau de Louise est tout près de l’entrée du CPE et qu’elle voit les parents lorsqu’ils arrivent, elle convient de parler directement à la mère. Pour sa part, Alexandre n’est pas présent en fin de journée, puisqu’il ne travaille que les matins.

Le soir venu, lorsque Louise voit la mère arriver, elle demande à lui parler.

Directrice : « Isabelle, vous devez avoir vu dans le portail (nom utilisé par ce CPE pour désigner le bilan quotidien envoyé par courriel) que votre fille a eu une journée difficile. Il se peut donc qu’elle soit plus fragile ce soir. »

La directrice entre dans son bureau, suivie de la mère.

Mère : « Je suis désolée pour cela, je vais essayer que ça se passe mieux demain. »

Directrice : « Je sais que vous faites votre possible. » (Écouter.)

« Les comportements de Marine, tout comme ceux que manifestait Thomas, peuvent nous indiquer qu’elle se tient sur ses gardes et peut être apeurée pendant une longue période de temps. »

La mère se met à pleurer.

La directrice, avec un regard bienveillant : « Vous savez, nous sommes dans votre vie depuis longtemps. Nous avons vu Louis grandir ici, ainsi que tout votre courage à utiliser l’aide autour de vous pour reprendre le pouvoir sur votre vie. »

Mère : « Oui, mais là, y faut que je recommence à zéro, zéro. Regarde dans quoi je suis pognée, asteure. Tu as raison, j’avais réussi à m’en sortir, en quittant le père de Louis et de Marine, pis quand j’ai eu Tomas, les problèmes ont recommencé, pis ça a juste empiré. J’ai tellement peur que la DPJ revienne dans ma vie. »

La directrice prend le temps d’écouter la mère : « Vos peurs, votre colère et votre découragement sont normaux, avec tout ce que vous vivez. Et vous avez déjà réussi à vous sortir d’une situation comme celle-là. Est-ce que vous vous sentiriez à l’aise de contacter la ressource qui vous avait aidée, vous, Louis et Marine la dernière fois? » (Normaliser le vécu émotif du parent.)

*La directrice peut vivre un certain découragement. Elle évite toutefois de dire à la mère ce qu’elle ferait à sa place et de se mettre en colère contre le conjoint de celle-ci.

Mère : « Je pense que oui. »

Directrice : « Est-ce que vous êtes à l’aise que je vous revienne la semaine prochaine afin de prendre de vos nouvelles pour savoir comment s’est déroulée votre prise de contact avec eux? »
(Démontrer du soutien envers le parent.)

Mère : « Oui. Vous pouvez, mais ce n’est pas obligé. »

Directrice : « Excellent, je ferai un suivi auprès de vous. Marine et Thomas vous attendent. Comment vous sentez-vous pour aller les chercher? »