15. Conclusion

Comme nous le soulignions en début de chapitre, à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, pour qu'une proposition soit botanique, elle doit concerner la structure visible de la plante et s'éloigner des valeurs symboliques, des vertus ou propriétés qu'on lui reconnaissait dans l'Antiquité. Elle doit donc s'éloigner des Commentaires, des Histoires et des Théâtres des botanistes du XVIe siècle et du début du XVIIe.

Les figures et le texte de Nicolas reflètent d'une part la structure visible et une classification primaire des plantes. D'autre part, nous avons démontré qu'ils consacrent une grande place à l'Histoire des propriétés et des usages des plantes.

Pour dix des dix-huit figures de plantes du Codex nous avons établi des parentés avec certains traités de botanique connus en Europe. Ces rapprochements directs ou indirects mènent surtout à des ouvrages du milieu et de la fin du XVIe siècle qui connaissent une large diffusion et qui sont réédités jusque vers le début et même le milieu du XVIIe siècle.

La plupart des spécialistes s'entendent pour dater le Codex de la fin du XVIIe siècle. Les filigranes et certaines informations contenues dans le manuscrit repoussent au-delà de 1680 la date de rédaction du Codex, alors que le type de classification visuelle des plantes renvoie plutôt au milieu du XVIe siècle, au début du XVIIe, ou encore à des rééditions de figures anciennes du milieu du XVIIe siècle. La classification visuelle du Codex est donc anachronique et les descriptions de plantes de l'Histoire naturelle s'apparentent beaucoup à celles de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe. Il faut en conclure que la classification botanique de Nicolas s'inscrit dans la ligne de pensée des auteurs de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècles. Celle qui scrute, utilise les anciens traités, compare et différencie le fruit de ses observations avec la science du passé :

"/... /quoyque à dire le vray les pensées qu'on prend dans la lecture des livres de cette nature (traités de botanique) sont bien différentes de celles qu'on a sur les lieux ou l'on a veu les choses dont on parle, et desquelles des esprits bien éclairés diroient infiniment plus de belles choses que celles que j'ay rapportées / ... /".*.


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