Jeanne d'Arc

Jeanne

JEANNE D'ARC (1412–1431)

Extrait de Procès de condamnation
Texte dit par Catherine de Seynes

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Le texte écrit est extrait de : Tisset, Pierre. 1960. Procès de condamnation de Jeanne d'Arc, Tome premier, Paris : Librairie C. Klincksieck. Il se peut que l'orthographe puisse être différente dans d'autres versions. Les différences entre l'extrait de référence et ce qui est entendu dans la reconstitution sont entre parenthèses.  

La reconstitution est une adaptation en discours direct de ce qui a été rapporté par ceux qui ont questionné Jeanne d'Arc lors de son procès. L'adaptation s'observe par des ajouts mis entre crochets. Sous chaque ligne, nous transcrivons le texte parlé en alphabet phonétique international et en donnons une traduction.

* * *

Tenue au courant des pourparlers qui la conduiraient à être vendue aux Anglais, Jeanne pria et, malgré la prudence que lui conseillaient ses ' voix ', décida de s'enfuir. Jeanne a donc, en juillet 1430, délibérément sauté du dernier étage de la tour du château de Beaurevoir (Picardie) où elle était cloîtrée après avoir été capturée par les Bourguignon à Compiègne (mai 1430). Jeanne sauta en se recommandant à sainte Catherine, mais se blessa en tombant dans le fossé. Les gardes accoururent pour la porter à nouveau dans sa cellule. Elle dira plus tard à ses geôliers :

Je le faisoye non pas en esperance de moy deesperer,  
[ʒǝ lǝ fǝ.zw͜ej nɔ̃ pɑ zɑ̃ nεs.pe.rɑ̃s dǝ mw͜e de.es.pe.rer  
Je le faisais non dans l'espoir de m'enlever la vie,  

mais en esperance de sauver mon corps  
[mε zɑ̃ nes.pe.rɑ̃s dǝ sa͜w.vεr mɔ̃ kɔr]  
mais dans l'espoir de sauver mon corps  

et de aller secourir plusieurs bonnes gens qui estoient en necessité.  
[e da.lεr sǝ.ku.rir ply.zjœr bɔ̃.nǝ ʒɑ̃ ki e.tw͜e tɑ̃ ne.sε.si.te]  
et d'aller secourir beaucoup de bonnes gens qui étaient dans le besoin.  

Et après le sault, [m'] en [suis] confessee  
[e a.prε lǝ sa͜w mɑ̃ sɥi kɔ̃.fε.se]  
et après ce saut, je m'en suis confessée  

et en ai requis mercy a nostre Sire, et en [ai] pardon de nostre Sire.  
[e ɑ̃ ne rǝ.ki mεr.si a nɔ.trǝ sir e ɑ̃ ne par.dɔ̃ dǝ nɔ.trǝ sir]  
et j'ai demandé grâce à notre Seigneur, et j'ai eu le pardon de notre Seigneur.  

Et croi[s] que ce n'estoit pas bien fait de faire ce sault; mais fust mal fait.  
[e krw͜e kǝ sǝ ne.twe pɑ bjε̃ fε dǝ fεr sǝ sa͜w mε fy mal fε]  
et je crois que de faire ce saut n'était pas bien, mais que cela était mal.(Tisset, p. 153).  

(Greffier)  
Interrogee sy elle sçait qu'elle soit en la grace de Dieu.  
[ε̃.tε.rɔ.ge si εl sε kεl sw͜e tɑ̃ la grɑ:s dǝ djø]  
Interrogé si elle a la certitude qu'elle est dans les bonnes grâces de Dieu.  

(Jeanne D'Arc)  
Se je ny suis, Dieu m'y veuille mettre; et se je y suis, Dieu m'y veuille tenir.  
[sǝ ʒǝ ny sɥi djø mi vœ.jǝ mε.trǝ e se ʒy sɥi djø mi vœ.jǝ tǝ.nir]  
Si je n'y suis pas, que Dieu veuille m'y mettre; et si j'y suis, qu'il veuille m'y tenir.  
(Tisset, p. 62)  

[Mes voix] [m'] ont dit que Dieu [m'] a mandé par sainctes Katherine et Margarite,  
[me vw͜e mɔ̃ di kǝ djø mɑ mɑ̃.de par sε̃t ka.trin e mar.ga.rit]  
Mes voix m'ont dit que Dieu m'a fait savoir, par Sainte Catherine et Sainte Marguerite,  

la grande pitié de la trayson que [j'ay] (~ je) consenty,  
[la grɑ̃d pi.tje dǝ la tra.i.zɔ̃ kǝ ʒǝ kɔ̃.sɑ̃.ti]  
la grande pitié de la trahison que j'ai acceptée  

en faisant l' abiuracion et revocacion, pour sauver [ma] vie;  
[ɑ̃ fǝ.zɑ̃ lab.ʒu.ra.si.jɔ̃ e re.vɔ.ka.si.jɔ̃ pur sa͜w.ver ma vi:]  
en abjurant l'existence des voix qui me parlent pour sauver ma vie.  

et que [je me] dampnoi[e] pour sauver [ma] vie. […]  
[e kǝ ʒǝ mǝ dam.nw͜e pur sa͜w.ver ma vi:]  
et que je damnais pour sauver ma vie;  

Se [je] diroie (~ disoie) que Dieu ne [m'] avoit envoyee, [je me] dampneroi[s];  
[si ʒǝ di.zw͜e kǝ djø nǝ ma.vw͜e tɑ̃.vw͜e.je: ʒǝ mǝ dam.nǝ.rw͜e]  
Si je disais que Dieu ne m'a pas envoyée, je me damnerais;  

vray est que Dieu [m'] a envoyee. […] De paour du feu, [j'ay] dit ce que [j'ay] dit.'  
[vrε ε kǝ djø mɑ ɑ̃.vwe.je: dǝ pa͜wr dy fø ʒe di sǝ kǝ ʒe di]  
Vrai est que Dieu m'a envoyée. […] De peur de mourir sur le bûcher, j'ai dit ce que j'ai dit.  
(Tisset, p. 397)  

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