L'illustration botanique: un art et des styles (suite 2.)

Les exemples des séries d'images de différentes époques traitant du rhinocéros font ressurgir les différences et les influences mentionnées plus haut. Gombrich confirme le statut de l'image comme archives en ce sens qu'elle porte toujours trace de ses influences et de ses sources. C'est alors qu'elle instruit sur son histoire, qu'elle fait apparaître ce qu'elle est, ou encore, qu'elle se re-présente c'est-à-dire qu'elle illustre le réel à partir du familier.

D'autre part, la grille de lecture de M. Foucault propose une archéologie du domaine des choses dites de l'archives. L'intérêt est d'expérimenter l'application d'une telle grille pour saisir la constitution d'une discipline comme la botanique et de voir comment l'illustration re-présente la formation de ce savoir.

Compte tenu de l'ampleur et de la complexité du champ d'investigation, notre analyse, quoique brève, étudie le rapport aux choses qu'entretiennent les illustrations en botanique et la botanique du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe. Les filiations d'illustrations botaniques montrent précisément quand et comment s'opèrent les changements dans la manière de classer les plantes.

Du XVIe jusqu'au milieu du XVIIe, Foucault retient qu'il n'existe que des histoires de la botanique. Si nous analysons les illustrations botaniques en fonction des transformations que subit cette science de la nature, nous pouvons faire un portrait beaucoup plus nuancé.

Vers la fin du XVIIe, Malpighi, Ray, Tournefort et surtout Linné, au début du XVIIIe siècle, repoussent à la dernière limite tout le langage déposé par le temps sur les choses. C'est le partage de l'Observation, du Document et de la Fable*  en botanique. On classe (classification), on nomme les plantes (taxonomie) pour les inscrire dans un ensemble plus général qui ordonne et unifie la totalité des êtres classifiés (systématique végétale).


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