Il est intéressant de constater que, faute de moyens pour classer, pour reconnaître les plantes, l'annedda de Cartier n'est pas connue de Champlain. Celui-ci connaît l'existence du remède, mais ne donne aucune précision sur la plante utilisée et il ne semble pas très convaincu de ses propriétés quasi miraculeuses:
"Mais si Cartier eust peu juger les causes de sa maladie, & le remède salutaire & certain pour les éviter, bien que luy & ses gens receurent quelques soulagement par le moyen d'une herbe appelée aneda, comme nous avons fait à nos dépens aussi bien que luy, il n'y a point de doute que le Roy dé lors, n'aurait pas négligé d'assister ce dessein."*.
Il ajoute que le seul remède efficace pour soigner cette maladie reste l'abandon des aliments salés et la venue du printemps.
La question restait entière autour de l'identification de cette fameuse plante miracle jusqu'à Marie-Victorin et Jacques Rousseau. Tout cela démontre que les écrits sont une source importante de transmission d'un savoir mais que l'illustration sur une carte ou la figure accompagnant un traité précis décrivant et classant les plantes sont des traces encore plus utiles à la transmission d'un savoir botanique.
La carte de Marc Lescarbot intitulée Figure de la Terre Neuve, Grande Rivière de Canada, et Côtes de l'Océan en la Nouvelle France* de 1609 semble s'inscrire dans la lignée des ouvrages cartographiques divulgant cet intérêt pour les plantes à valeur économique.
En bas, à gauche de la carte, Lescarbot représente un champ de maïs en pousse, deux épis de blé d'Inde encadrés de deux rameaux de vignes avec des grappes de raisins.
Cartier avait parlé de "bledz de leur terre lequel est comme mil de Brazil aussi groz ou plus que poix duquel vivent ainsi que nous faisons du froument"* et avait remarqué la présence de vignes sur l'Ile d'Orléans: "[nous] y trouvasmes force vignes ce que n'avions veu par cy davant à tout la terre. Et pour ce, la nommasmes l'isle de Bazcuz"*.