Les classes flexibles, au-delà des apports possibles, comportent aussi certaines limites. En effet, dans un espace d’apprentissage qui accueille un aménagement et une pédagogie flexibles, les acteurs et les actrices de l’éducation soulignent certains désavantages ou ajustements requis pour évoluer dans un tel environnement.
La classe flexible serait un environnement adéquat pour l'intégration des connaissances, mais moins efficace pour la mémorisation (Park et Choi, 2014), ce qui implique de considérer un alignement de la préparation du personnel enseignant, des pédagogies choisies, de la conception de la classe et des technologies sollicitées (Pointon et Kershner, 2000; Slotta, 2010, cité dans Mercier et al., 2014).
La littérature nous met en garde contre l’écart qu’il pourrait y avoir entre la conception de l'apprentissage actif du personnel enseignant et la situation perçue par la population étudiante ou réellement vécue dans la classe flexible (Morrone et al., 2014). Ainsi, un exposé magistral interactif peut être considéré comme actif par le personnel enseignant, mais passif pour les élèves.
Si la classe flexible peut représenter un certain effort d’adaptation pour le personnel enseignant, elle peut aussi s’avérer un défi pour les personnes apprenantes :
Pour pallier les limites de l’environnement physique, les personnes qui évoluent dans une classe flexible intégrant les technologies doivent conjuguer avec ce qui peut être considéré comme des sources de distraction, notamment les conversations bruyantes, la possibilité de voir facilement les écrans des ordinateurs portables et des appareils électroniques des autres personnes apprenantes. Le personnel enseignant doit constamment se déplacer pour être en mesure de voir toutes les personnes apprenantes et d'établir un contact visuel avec elles (Petersen et Gorman, 2014).
Dans certains textes utilisés pour dresser le portrait des classes flexibles, des défis à relever sont mentionnés ou des désavantages sont présents, sans qu’ils soient précisément identifiés. On peut convenir que les classes flexibles présentent des défis pour le personnel enseignant habitué à enseigner dans des classes plus traditionnelles et pour les personnes apprenantes qui sont habituées à apprendre dans ces environnements (Petersen et Gorman, 2014).
Enfin, il est suggéré d’agir avec prudence avec certains éléments identifiés comme des limites. Certaines postures traditionnelles sont utilisées pour aborder un espace et une pédagogie renouvelés. À titre d’exemple, on peut lire dans un écrit : « Si on commence par le décrochage du regard. On voit qu’avec l’utilisation d’assises flexibles les élèves continuent de décrocher le regard de temps en temps de la tâche avant de se recentrer sur celle-ci. » (Tiennot, 2018, p. 37). Le fait de « continuer de décrocher » est présenté comme une limite, ou du moins un désagrément. Toutefois, dans une classe flexible, le comportement observable ne peut pas à lui seul expliquer l’activité cognitive des personnes apprenantes.
Pour citer cette page : Parent, S. (2022). Limites. Quelles sont les limites des classes flexibles? Dans G. Bergeron, L. Bergeron, J. Caron, A. Gareau, J. Lacerte, S. Lefebvre, S. Parent, M. Point et L. St‑Vincent (dir.), L’aménagement de classes flexibles. Document produit dans le cadre des Projets inédits du ministère de l’Éducation. Université du Québec à Trois‑Rivières.
Séverine Parent, UQAR