13. Le plus beau et le plus rare de tous les simples (suite 2.)

La série de figures datant de 1566 à 1700 fait voir et comprendre que les botanistes réutilisent souvent les illustrations d'ouvrages antérieurs. Par exemple, la figure du Citron de Matthioli de 1566 est reprise par Laguna en 1570; celle de Dodoens de 1583 inspire fortement Clusius en 1601 et Johnson dans sa réédition de Gerard en 1633; et finalement celle de Tabernaemontanus de 1588 est réutilisée par Gerard dans la première édition de son Herball, or Generall Historie of Plantes de 1597. Nicolas ne s'inscrit pas dans cette filiation iconographique pour les figures des pages 23 et 25 du Codex qui montrent surtout des plantes aux racines multiformes et aux usages variés .

L'étude de la série de figures du Citron depuis 1566 jusqu'à 1700 permet de voir en celle de Nicolas la particularité de représenter toute la plante sans ses fleurs  . Nicolas, comme les botanistes du XVIe et XVIIe siècles, agrandit le fruit pour bien le faire voir et montrer son intérêt. C'est en 1696, dans le Theatrum Botanicum de Zwinger Illustration et en 1700, dans l'Institutiones Rei Herbariae de Tournefort qu'est montré l'intérieur du fruit Illustration et que se voit le début de l'illustration d'une classification à partir de la fleur Illustration. Le peu de précision dans la représentation de la feuille, l'absence de fleur et le nombre exagéré de fruits par rapport aux feuilles permet de dater la structure du dessin de Nicolas d'avant les travaux de ces botanistes qui montrent les feuilles, les fleurs et les fruits: c'est-à-dire avant 1566.

Dans le Philosophia botanica, Linné, en parlant des formes de classification qui ont précédé la sienne, dit que les rhizotomes classaient les végétaux d'après la structure des racines, à la manière les jardiniers*. Nicolas tente une telle classification visuelle principalement aux pages 23 Illustration et 25 Illustration du Codex.

Une autre façon de montrer les plantes proches de celles du Codex trouve son modèle dans la page frontispice de certains ouvrages sur la botanique, comme par exemple, le Theatrum botanicum* de Parkinson de 1640 .  Dans la partie supérieure de la page, à droite de la colonne, on peut voir un Citronnier et en dessous, un Oranger. Souvent ces pages montrent des paysages imaginaires où la flore et la faune exotiques de même que celle du Paradis terrestre servent de toile de fond à des personnages légendaires comme Adam, Salomon, Flore et un Amérindien. La figure du Codex laisse alors entrevoir l'intérêt de son auteur pour un monde imaginaire où se côtoient des plantes rares et exotiques un peu comme au Paradis terrestre. Une fois de plus, il s'éloigne des préoccupations des botanistes de son temps qui cherchent à montrer les parties des plantes servant à les classer.


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