La « Goutte de lait »
Résumé :
Au début du 20e siècle, les bébés qui boivent du lait au biberon sont souvent malades. On fonde alors des cliniques
appelées « Goutte de lait » pour aider les mères.
Références :
Le Nouvelliste, 28 février 1924 et 23 septembre 1926.
Revue d'Histoire de l'Amérique française, vol. 36, no 4, mars 1983, p.522-523.
Auteur :
Pierre Girard
Aujourd'hui, boire du lait frais est très facile. Tu ouvres la porte du réfrigérateur, tu sors le litre de lait et tu te verses un
verre de lait. Au début des années 1900, ce n'était pas si simple pour les gens de la ville.
À la campagne, les cultivateurs avaient des vaches qui leur fournissaient du lait frais tous les jours. En ville, le manque
de place ne permettait pas d'avoir autant de vaches. Seulement quelques personnes en possédaient une ou deux. Des
laitiers avaient des vaches qu'ils trayaient eux-mêmes et ils vendaient le lait aux voisins.
Mais les réfrigérateurs n'existaient pas encore. Souvent, le lait traînait longtemps avant d'être vendu. Des microbes se
développaient dans ce liquide, lequel devenait un poison dangereux. Les principales victimes en étaient les bébés,
puisqu'ils se nourrissent de lait.
On peut se demander pourquoi les mères donnaient du lait de vache sans savoir s'il était frais ou contaminé. La réponse
est simple : on ne savait pas que le lait pouvait contenir des microbes, puisqu'ils sont invisibles.
Avant 1900, les mères ne connaissaient pas d'autres formes de nourriture que l'allaitement au sein. Les mères malades
ou celles qui n'avaient pas assez de lait faisaient nourrir leur bébé par une autre mère qui avait suffisamment de lait
pour en nourrir deux.
Comme le lait maternel est meilleur que le lait de vache, il n'y avait pas d'empoisonnement. Mais, vers 1900, beaucoup
de mères ont arrêté de donner le sein à leur bébé. Pourquoi ? On pense que c'était souvent parce que les mères allaient
travailler dans les manufactures. Elles ne pouvaient donc pas amener leur bébé avec elle.
On a donc inventé le biberon. Ainsi, n'importe qui pouvait nourrir les enfants. Mais, comme on remplissait le biberon avec
du lait plein de microbes et parce qu'on le laissait à la chaleur, les bébés étaient souvent malades, parfois jusqu'à en mourir.
Entre 1900 et 1920, les médecins et les infirmières cherchaient un moyen pour sauver les enfants. Un groupe de
bénévoles et d'infirmières ont alors fondé la « Goutte de lait ». C'était une petite clinique où les mères pouvaient
rencontrer une infirmière ou un médecin. Ceux-ci donnaient des conseils sur la manière de bien nourrir et de soigner
les enfants.
Ces cliniques donnaient aussi du lait frais et sans microbes aux familles les plus pauvres. C'était pour cette raison que
les cliniques s'appelaient la « Goutte de lait ».
Même si aujourd'hui le lait est pasteurisé, donc exempt de microbes, la coutume de distribuer gratuitement du lait
aux enfants est demeurée. Dans certaines écoles primaires du Québec, les enfants reçoivent chaque matin un berlingot
de lait et certains organismes de bénévoles distribuent du lait dans les familles pauvres qui ont un petit bébé.