Voici une sélection de constats provenant d’écrits scientifiques récents sur le thème Maintien à domicile, accompagnement et transport :
Des programmes d’accompagnement et des services de transport favorisant l’autonomie, la participation sociale et l’intégration dans la communauté des personnes aînées
Des chercheurs du Royaume-Unis1 ont évalué l’expérience des participants à un programme de soutien social et communautaire de 14 semaines. Des bénévoles y sont formés pour accompagner les personnes selon leurs besoins, soutenir l’accès vers les activités de la communauté et diminuer la solitude et l’isolement social. Les participants ont expliqué comment le programme offrait un accès facile et ouvert qui permettait de mieux répondre aux besoins individuels. Le soutien structuré offert aux individus leur donnait la confiance nécessaire pour s'engager dans des activités communautaires et a renforcé leurs réseaux sociaux. De plus, cette initiative a permis aux personnes aînées de participer à des activités sociales au sein de leur communauté, et a donc contribué à leur participation sociale.
Les résultats d'études québécoises suggèrent aussi que l’intervention d’Accompagnement citoyen personnalisé d’intégration communautaire (APIC)23 offrirait de nouvelles occasions pour les personnes aînées de s’intégrer à la communauté et d’améliorer leur vie sociale et leurs ressources.
Une équipe québécoise de l’Université de Sherbrooke développe actuellement une plateforme4 de transport pour aider les personnes aînées à se déplacer dans leur communauté, où, quand et comment elles le souhaitent. Il s’agit d’un projet de cocréation, pour et par les personnes aînées, appelé Mobilaînés. L’étude n’est pas terminée à ce jour, mais des résultats seront bientôt disponibles.
Les repas livrés à domicile pour contribuer au filet social et réduire l'isolement : des bienfaits au-delà du service alimentaire !
Une étude réalisée au Royaume-Uni5 a examiné les perceptions d’employés d’un service de popote roulante et les changements observés durant le premier confinement lié à la pandémie. Les résultats montrent que le service de popote roulante est considéré par ses bénévoles et ses bénéficiaires (majoritairement aînés) comme un service de première ligne pour les personnes isolées et vulnérables. En effet, ces bénévoles sont souvent les seules personnes que les utilisateurs vont rencontrer au cours d’une journée. En plus de fournir des repas préparés, le service permet d’établir des liens sociaux, de s’assurer du bien-être des aidés et surtout d’apporter du soutien et de l’accompagnement à domicile, par exemple en référant à d’autres services. L’étude illustre l’importance du service de livraison de repas à domicile.
L'accompagnement sous forme d'appels téléphoniques pour favoriser l'accès aux services des personnes en situation de vulnérabilité en période de pandémie
Dans une recherche6 menée au Royaume-Uni en période de pandémie de Covid-19, une équipe clinique a ciblé des patients à risque qui recevaient des soins de santé à domicile avant le confinement. Pendant quatre mois durant la période de confinement, l’équipe a contacté les patients par téléphone afin de les soutenir malgré l’isolement, les aider à comprendre les consignes sanitaires, leur offrir de l’assistance médicale et les mettre en contact avec des ressources au besoin. Cette initiative a permis d'établir des liens précieux avec les populations vulnérables, de les informer et les rassurer. Cela a aussi permis aux professionnels de la santé de rejoindre des patients isolés ayant besoin d'éducation et d’aide. Les auteurs mentionnent que la mise en œuvre d'une pratique similaire devrait être envisagée dans la période postpandémique.
Une équipe canadienne a mis en place un programme7 d’appels téléphoniques auprès de personnes aînées présentant un risque élevé de déconditionnement. L’objectif a été d’identifier les risques d'isolement social, de déconditionnement de santé, de problèmes de médication, d'inadéquation des services, et de stress des proches aidants. Les appels de proximité ont été très bien accueillis par les patients et les soignants. Les patients ont dit s'être sentis pris en charge et valorisés à un moment où ils vivaient de l’isolement social et un sentiment de solitude. Aussi, les patients qui étaient peu informés ont été rassurés sur la disponibilité des soins; ainsi des crises potentielles ont été évitées.
Le pouvoir d'agir des communautés rurales pour répondre à des besoins prioritaires en soutien à domicile tels que l'entretien extérieur, le transport et l'habitation intergénérationnelle
Une recherche-action8 québécoise menée dans trois municipalités rurales visait à développer le pouvoir d’agir des communautés dans une optique de soutien à domicile. Quarante-cinq personnes de 65 à 95 ans ont participé aux entrevues et 34 personnes (proches aidants, personnes aînées et acteurs des milieux communautaire, municipal ou de la santé) ont participé aux groupes de réflexion-action. Les chercheurs ont soutenu les participants lors d’un processus d’identification des forces, des défis, des interventions déjà existantes et du choix d’interventions à mettre en œuvre. L’entretien extérieur, le transport et l’habitation intergénérationnelle ont été les thèmes choisis pour mettre sur pied de nouvelles interventions. L’article décrit les aspects positifs et les obstacles rencontrés durant les nombreuses étapes de ce projet. Bien qu’aucune des interventions n’ait pu être complètement mise sur pied pendant la durée de la recherche, cette initiative a permis aux citoyens d’agir sur un besoin important pour eux. Le pouvoir d’agir de ces communautés a augmenté puisque de nouvelles forces ont émergé chez les personnes et les organisations participantes, ainsi qu’une meilleure connaissance des ressources existantes.
État des lieux des transports inclusifs pour personnes aînées et de leurs besoins en matière d’accompagnement-transport
Une revue9 de littérature effectuée en Chine a recensé les connaissances scientifiques des 30 dernières années et relève les tendances de la recherche sur la mobilité des personnes aînées. L'analyse des 138 articles retenus suggère que l'inclusion dans les transports peut contribuer à améliorer la santé des personnes aînées, leur participation sociale et leur bien-être. Les pratiques inclusives peuvent améliorer leurs possibilités de déplacement de quatre façons, soit par : l'accessibilité des opportunités, l'accessibilité physique, l'information adaptée et conviviale et l'accessibilité financière.
Une revue10 de littérature sur les besoins des personnes aînées en matière d’accompagnement-transport a été publiée par une équipe de recherche de l’Université Laval. Les résultats de cette revue sont présentés en cinq sections, soit : 1) les besoins physiologiques des personnes aînées, 2) leurs besoins psychologiques et émotionnels, 3) leurs besoins sociaux et relationnels, 4) leurs besoins informationnels, et 5) l’adéquation entre l’offre de services et ces besoins. En résumé :
L’état de santé physique des personnes aînées influence directement leurs besoins en transport, que ce soit pour accéder aux soins médicaux, aux services communautaires, ou pour maintenir leur autonomie et leur bien-être par l’activité physique.
L’accès à un service de transport adapté renforce le sentiment de sécurité, d’indépendance et d’appartenance des personnes aînées, tout en contribuant à réduire l’isolement social et les impacts psychologiques liés à la perte du permis de conduire.
Les services de transport adaptés facilitent l’inclusion sociale des personnes aînées en leur permettant de rejoindre leurs proches, de participer à des activités favorisant leur bien-être, et d’interagir avec des accompagnateurs à l’écoute de leurs besoins.
Les personnes aînées ont des besoins informationnels ; elles ont besoin de connaître les services et les activités de leur communauté et de savoir comment y accéder.
Les services d’accompagnement-transport doivent être adaptés au public visé, soit en étant accessibles, abordables et flexibles, et en répondant aux besoins essentiels et sociaux des personnes aînées.