Voici une sélection de quelques constats provenant d’articles scientifiques récents sur le thème Repérage des personnes aînées à risque d’isolement et orientation vers les services.
Communauté bienveillante en milieu rural : des citoyens formés pour référer les personnes aînées vers des intervenants communautaires en vue d'un accompagnement personnalisé pour s'intégrer dans la communauté
- Une recherche-action1 2 impliquant des partenaires des milieux communautaires, de la santé et des services sociaux a permis de développer une « Communauté bienveillante » en milieu rural, pour repérer et intégrer les aînés en situation d’isolement et de vulnérabilité. Cette Communauté bienveillante inclut notamment 1) un réseau d'éclaireurs qui sont des citoyens formés pour identifier et référer à un travailleur communautaire les personnes aînées isolées ou vulnérables et leurs aidants3 » et 2) un programme d’Accompagnement personnalisé d'intégration communautaire (APIC)4. Le travailleur communautaire est chargé d’orienter les personnes aînées vers les ressources appropriées, dont un programme d’Accompagnement personnalisé d'intégration communautaire. Le fait de bénéficier de cet accompagnement offrirait de nouvelles occasions pour les personnes aînées de s’intégrer à la communauté et d’améliorer leur vie sociale et leurs ressources.
Rejoindre les personnes aînées isolées pour les orienter vers des ressources grâce à une évaluation socio-gériatrique à distance : le coup de fil en vaut la peine !
- Une étude québécoise5 a examiné les perceptions d’intervenants ayant procédé à une évaluation socio-gériatrique par téléphone durant la pandémie. Les résultats indiquent que les entrevues téléphoniques ou en ligne sont une bonne initiative à adopter pour rejoindre les personnes aînées isolées et pour les rediriger vers les services dont elles ont besoin. L’outil d’évaluation (questionnaire ESOGER) a été décrit comme étant un bon guide pour l’entrevue. Le fait que l’entrevue soit réalisée par téléphone et en ligne permettait également une bonne interaction avec les personnes aînées.
À deux, c’est mieux ! Le pairage favorise les connexions sociales, améliore l’humeur et favorise le sentiment d’appartenance à la communauté
- Une recherche américaine6 7 a décrit une intervention de pairage mise en place pour des personnes aînées en situation d’isolement et à faible revenu, avec des pairs ayant connu des situations similaires. Les résultats montrent une réduction du sentiment d’isolement vécu, une amélioration de l'humeur et une augmentation du sentiment d’appartenance à la communauté. Les personnes aidées ont dit avoir pu reconnecter avec la communauté grâce à l’accompagnement par une personne de confiance et aux groupes d’activités. De plus, la relation sur une longue période et la concordance des caractéristiques des pairs avec celles des participants ont permis à ces derniers de développer des amitiés, un fort sentiment d’affinité et une motivation à s'impliquer dans d'autres domaines.
Des appels téléphoniques pour offrir un soutien émotionnel et favoriser le bien-être et la santé : un service apprécié en période de pandémie et au-delà
- Une étude israélienne8 a décrit une intervention thérapeutique téléphonique qui a été implantée durant la pandémie pour soutenir les personnes aînées de la communauté. Les appels étaient effectués par des étudiants en travail social. Un des objectifs était d’identifier les personnes aînées à risque et de leur fournir les soins ou services nécessaires. Les participants et les étudiants ont indiqué avoir bénéficié du programme et que les relations thérapeutiques étaient significatives pour eux. Près de la moitié des personnes a exprimé le désir de rester en contact avec ces services sociaux et plus de 93 % des conversations ont comporté une intervention de soutien émotionnel.
- Des chercheurs américains ont aussi étudié9 l’impact d’un programme téléphonique visant à rassurer les personnes aînées isolées durant la pandémie. Les participants disent avoir retiré une expérience positive du programme et montrent : 1) une amélioration globale de leur état de santé, 2) une augmentation du sentiment de bonheur et de sécurité, 3) une légère diminution du stress et du sentiment de solitude. De plus, les participants ont mentionné avoir hâte de recevoir les appels et avoir bénéficié d’une orientation personnalisée vers des ressources communautaires.
- Une étude10 américaine a évalué une intervention de soutien téléphonique auprès de 121 personnes à risque d’isolement. La fréquence des appels était choisie par les participants, soit 1 ou 3 fois par semaine, et les appels duraient en moyenne 10 minutes. Les résultats après 6 mois ont démontré chez les participants une réduction significative de 18% du sentiment de solitude, une réduction significative de l’anxiété de 20%, ainsi qu’une diminution significative du nombre de mauvaises journées (aux plans physique ou mental). Les participants ont mentionné être hautement satisfaits des appels téléphoniques reçus et disent avoir perçu une amélioration de leur santé et de leur humeur grâce aux appels.
Les repas livrés à domicile pour contribuer au filet social et réduire l'isolement : des bienfaits au-delà du service alimentaire !
- Une étude réalisée au Royaume-Uni11 a examiné les perceptions d’employés d’un service de popote roulante et les changements observés durant le premier confinement national lié à la pandémie de Covid-19. Les résultats montrent que le service de popote roulante est considéré par ses bénévoles et ses bénéficiaires (majoritairement aînés) comme un service de première ligne pour les personnes isolées et vulnérables. En effet, ces bénévoles sont souvent les seules personnes que les utilisateurs vont rencontrer au cours d’une journée. En plus de fournir des repas préparés, le service permet d’établir des liens sociaux, de s’assurer du bien-être des personnes aidées et surtout d’apporter du soutien et de l’accompagnement à domicile, par exemple en référant à d’autres services. L’étude permet de comprendre l’importance du service de livraison de repas à domicile.
La zoothérapie, les exercices, les interventions technologiques, la thérapie ou une combinaison de ces interventions pour contrer la solitude et l’isolement social
- Une revue systématique12 recensant les interventions associées à une réduction de la solitude et de l'isolement social auprès des personnes aînées a été réalisée en 2022. Les interventions prennent la forme de zoothérapie, d'exercices (danse, yoga, Tai Chi, entrainement de force et d'équilibre), d'interventions technologiques et de thérapie (ex.: thérapie cognitivo-comportementale, psychothérapie) ou de combinaison de diverses modalités (ex.: activités artistiques, activités manuelles, soins à domicile, Tai Chi, TCC, programmes de gestion de la douleur), et sont réalisées dans des contextes de soins de longue durée ou en communauté. Chez les aînés de la communauté, les exercices et les interventions technologiques démontrent une grande précision sans toutefois démontrer une grande association entre les interventions et l’effet désiré. La combinaison de l’exercice avec d’autres interventions thérapeutiques pourrait toutefois accroître les bienfaits éprouvés.
Quelles sont les interventions efficaces pour réduire la solitude chez les personnes aînées vivant en communauté?
- Une revue des écrits scientifiques13 a évalué l’efficacité des interventions visant à contrer la solitude chez les personnes aînées vivant dans la communauté. Selon les résultats des 60 articles retenus, les interventions de groupe et les formations pour apprendre à utiliser l’internet ou les médias sociaux réduiraient la solitude chez les aînés vivant en communauté (preuves modérées), alors que les exercices en groupe sont aussi associés à une réduction de la solitude, mais plus modeste (preuves faibles). Enfin, les auteurs n’ont pas pu tirer des conclusions claires sur l’efficacité des activités de groupe, des interactions individuelles en personne, ainsi que des interventions en ligne ou téléphoniques, en raison de preuves insuffisantes. Les auteurs croient que ces résultats peuvent guider la conception de programmes et la mise en œuvre d'interventions fondées sur les données probantes pour lutter contre la solitude.
Une initiative pour soutenir les personnes aînées vulnérables immigrantes vivant dans des communautés du nord de Toronto (Canada)
- Un article présente une étude de cas14 sur un programme de jour pour les personnes aînées vulnérables en Ontario, soit le programme Healthy at Home (H@H). Celui-ci vise à répondre aux besoins en matière d'isolement social et de santé d'une population de personnes âgées vulnérables du nord de Toronto, soit des personnes immigrantes juives russophones. Onze facteurs clés ont favorisé des soins intégrés en tenant compte de la culture et des traumatismes de ces personnes. Ces facteurs incluent : une vision et des objectifs harmonisés, la communication, une culture de collaboration entre les organismes, la présence de champions, et les liens préexistants. En outre, le fait d'opérer avec un but non lucratif, la diversité des secteurs impliqués, des politiques publiques favorables et un fort sentiment d'appartenance à la communauté ont influencé l'intégration des services entre les partenaires pour soutenir cette clientèle à haut risque d’isolement et d’enjeux de santé.
État des lieux sur les interventions efficaces pour lutter contre l'isolement social et la solitude chez les personnes aînées
- Les programmes de prescription sociale représentent une avenue pertinente pour connecter les personnes recevant des soins primaires à des services communautaires. Une équipe de recherche montréalaise a réalisé une méta-revue15 de littérature qui a permis d'identifier 11 types d'interventions visant à lutter contre l'isolement social et la solitude chez les personnes âgées, soit en augmentant les interactions sociales, en fournissant un soutien instrumental, en promouvant le bien-être mental et physique, ou en fournissant des services à domicile et des soins communautaires. Les activités sociales de groupe, les groupes de soutien éducatifs, les activités récréatives et la formation ou l'utilisation des technologies de l'information et de la communication s’avèrent les plus efficaces. Un résultat intéressant est que les interventions intergénérationnelles et les interventions de type « communautés conviviales » ont présenté plus de 70% d'efficacité pour la réduction de la solitude et l'augmentation du soutien social.