Qu'en dit la recherche?

Le Rapport1 mondial sur l’âgisme de l’Organisation mondiale de la santé recommande trois stratégies pour contrer l’âgisme. Ces stratégies incluent : l’adoption de politiques et de lois, ainsi que la mise en œuvre d’interventions éducatives et favorisant les contacts intergénérationnels (ou une combinaison de ces types d’interventions).

Une initiative québécoise intitulée GIRA (la Grande interaction pour rompre avec l’âgisme) offre aussi une plateforme web entièrement dédiée à contrer l’âgisme incluant de multiples stratégies, ressources et informations pertinentes s’appuyant sur la recherche : https://rompreaveclagisme.ca/(nouvelle fenêtre)

Voici une sélection d’autres résultats scientifiques publiés entre 2021 et 2023 sur le thème Parole et pouvoir d’agir aux personnes aînées/ contrer l’âgisme.

  • Selon les résultats d’une recension2 de diverses interventions impliquant des contacts intergénérationnels, le fait de réunir différents groupes d'âge peut réduire l'âgisme. Notamment, des interventions éducatives et nuancées 1) favorisent le développement des compétences sociales chez les plus jeunes, contribuant ainsi à la diminution des préjugés, 2) augmentent leur compassion envers les besoins des personnes aînées et 3) les aident à éviter ou à déconstruire les stéréotypes.
  • Une autre revue de la littérature3 appuie la pertinence de la narration numérique. La narration numérique permet de raconter des histoires que l’on peut ensuite partager et diffuser en tirant profit d’éléments multimédias tels que la photo, la vidéo, des composantes audios, etc. Cette méthode aurait un effet positif sur le bien-être ainsi que sur la création de liens sociaux, améliorerait les compétences numériques et atténuerait l’âgisme négatif.
  • Une étude autrichienne4 recommande des conceptions technologiques inclusives, des environnements d'apprentissage exempts d'âgisme et des campagnes de sensibilisation à l'apprentissage tout au long de la vie. Ceci pourrait aider à réduire la fracture numérique et à garantir des expériences de vieillissement optimales pour les personnes aînées.
  • Des résultats d’une recherche américaine5 démontrent aussi des effets directs de l'exercice et l'utilisation de l'ordinateur sur le sentiment d'auto-efficacité chez les personnes aînées, c’est-à-dire leur confiance en leurs capacités. Ceci pourrait favoriser la diminution de l’autoâgisme (c’est-à-dire l’âgisme envers soi-même).
  • La participation à une intervention d’Accompagnement citoyen personnalisé d’intégration communautaire (APIC)6 7 offrirait de nouvelles occasions pour les personnes aînées de s’intégrer à la communauté et d’améliorer leur vie sociale et leurs ressources.
  • Une étude chinoise8 confirme aussi le rôle de l'art dans l'autonomisation des personnes aînées par le biais de nouveaux apprentissages, d’expressions créatives et d’activités plaisantes.
  • Une recherche9 réalisée dans quatre pays européens montre que les valeurs et les contextes culturels peuvent influencer l'efficacité et les résultats des interventions sociales visant à réduire l'autoâgisme. Selon les auteurs, ces aspects doivent être considérés dans les interventions et les politiques futures.

Une équipe québécoise de l’Université de Sherbrooke a effectué une recension10 réaliste de la littérature publiée entre 2000 et 2022 qui avait pour but de fournir une compréhension globale des interventions pour contrer l’âgisme les plus efficaces chez les jeunes. Une analyse du contenu des articles a permis de mettre en lien les contextes entourant ces interventions, les méthodes utilisées et les résultats obtenus. Les résultats suggèrent que les facilitateurs contextuels favorisant des changements des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination étaient les suivants : 1) l'amélioration des connaissances sur le vieillissement et les personnes aînées en fournissant des informations nuancées, 2) l'amélioration de la qualité des contacts intergénérationnels, 3) l’accroissement des possibilités d'appliquer les connaissances acquises précédemment dans les interactions intergénérationnelles et 4) la promotion de la réflexion sur les expériences avec les personnes aînées.

  • Une équipe de chercheurs11 aux États-Unis a examiné si une activité intergénérationnelle virtuelle était réalisable et efficace pour réduire l'âgisme chez les personnes aînées et les jeunes adultes, pendant la pandémie de COVID-19. Ainsi, 16 personnes aînées et 15 jeunes adultes ont participé à une activité virtuelle intergénérationnelle, qui consistait en 1) une activité de nuage de mots destinée à combler le fossé entre les générations, 2) une activité incluant huit énoncés à classer et 3) une réflexion sur les stéréotypes à faire en duo (une personne aînée jumelée à un jeune). Les participants ont répondu à des sondages avant et après l’activité virtuelle. Les analyses des données n'ont montré aucun changement significatif de l'âgisme à l'égard des personnes aînées. Les attitudes âgistes des personnes aînées envers les jeunes adultes ont toutefois été réduites de manière significative. De plus, les commentaires des participants sur l’activité font ressortir les éléments suivants : des conversations intergénérationnelles enrichissantes, la remise en question des stéréotypes, l’engagement communautaire des personnes aînées, des sentiments partagés par rapport au vieillissement, et les bons côtés du vieillissement. Les auteurs concluent que ces résultats, bien que préliminaires, ont démontré la faisabilité de cette activité.
  • Des chercheurs de Hong Kong ont réalisé un projet12 de co-design participatif intergénérationnel visant à contrer l'âgisme par des contacts entre étudiants et personnes de 60 à 75 ans, dans le cadre d’une expérience éducative innovante. Le projet consistait en des ateliers où chaque groupe d’âge en apprenait sur l’autre groupe par des documentaires ou des séances d’apprentissage. Ensuite, les participants des deux groupes d’âge ont été invités à réfléchir ensemble sur des idées pour préserver l’héritage culturel de Hong Kong. Par exemple, un des groupes a travaillé à la préservation du tai-chi sous la forme d'une capture de mouvement en 3D. Ce projet a eu lieu durant tout un semestre scolaire. Les résultats montrent une amélioration significative des attitudes des étudiants à l'égard des personnes aînées, incluant un changement positif de perception, une remise en question de stéréotypes et un ajustement d’attentes et de comportements mutuels. Les auteurs concluent que cette étude peut guider la mise en place d’un modèle d'expérience d'apprentissage intergénérationnel auprès d’étudiants.