En rappelant les effets de la présence européenne sur les Autochtones, le jésuite Barthélemy Vimont parle, en 1644, de «ces restes de Nations» autrefois nombreuses.
La maladie, la guerre, et la famine sont les trois fléaux dont il a plu à Dieu de frapper nos Néophytes [nouveau converti], depuis qu'ils ont commencé à l'adorer, et se soumettre à ses lois. À peine eurent-ils ouï parler de la Doctrine [religion catholique] que nous leur prêchons, et commencé à recevoir cette divine semence, qu'une maladie contagieuse s'épandit dans toutes ces nations, et en moissonna la plus saine partie. Cette maladie n'eut pas plutôt cessé, que la guerre, qui jusqu'alors leur avait été si avantageuse qu'ils s'étaient rendus Maîtres du pays de leurs ennemis, et les avaient battus partout, commença, et a continué depuis, à leur être si funeste, qu'ils y ont perdu tous les meilleurs guerriers, ont été chassés de leur propre pays, et ne font plus maintenant autre chose que fuir la cruauté des Iroquois [...].
En fuite de ce malheur, étant contraints de quitter les bois les plus commodes à la chasse, qui sont au Midi du grand fleuve, et sujets aux courses de leurs ennemis, ils sont tombés entre les mains d'un autre ennemi non moins cruel, qui est la faim, laquelle en a ramené plusieurs du milieu des forêts à nos portes, pour nous demander l'aumône en un temps auquel ils avaient accoutumé d'être tous les jours dans les festins. […]
Tous ces accidents ont tellement éclairci nos Sauvages [diminué leur population], que là où l'on voyait, il y a huit ans, quatre-vingt et cent cabanes, à peine en voit-on maintenant cinq ou six, et tel Capitaine qui commandait pour lors à huit cents guerriers, n'en compte plus à présent que trente ou quarante, et au lieu des flottes de trois ou quatre cents Canots, nous n'en voyons plus que de vingt ou trente [...].
Source : R.G. Thwaites, The Jesuit Relations and Allied Documents, Cleveland, Burrows, 1898, vol. 25, p. 104-108.