EDUTIC : AKI - Société et territoires autochtones
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Réactions au traité d'Utrecht (1713)

En avril 1713, le traité d'Utrecht ramène la paix entre les Français et les Anglais en mettant fin à la guerre de Succession d'Espagne. Il délimite des zones française et anglaise d'influence sans tenir compte des Amérindiens qui ont participé à cette guerre à titre d'alliés. Effectivement, par ce traité, la France accorde l'Acadie (sauf l'île du Cap-Breton), Terre-Neuve et la baie d'Hudson aux Anglais. En réalité, elle leur cède les terres de ses alliés abénakis, malécites et micmacs sans les consulter. Le jésuite Charlevoix nous apprend la réaction des Abénakis au sujet du territoire cédé par le traité d'Utrecht :

Ce fut par les Anglais que ces Sauvages [les Abénakis] en eurent connaissance [du traité d'Utrecht]. On commença par leur dire d'un air insultant qu'on avait eu bien raison de les avertir que les Français se moqueraient d'eux et les abandonneraient après avoir fait la guerre à leurs dépens. Que le Roi de France venait de faire la paix avec leur Reine une paix dont une des conditions était que tout leur pays leur appartiendrait.

Les Sauvages eurent de la peine d'abord à croire ce qu'on leur disait et répondirent que leurs missionnaires les assuraient du contraire. Les Anglais répliquèrent qu'ils n'avaient rien avancé qu'ils ne fussent en état de prouver, et que quand les missionnaires voudraient, ils leur montreraient le traité par écrit. Alors les Abénakis s'emportèrent et demandèrent de quel droit le Français donnait un pays qui ne lui appartenait pas? Leur emportement eut même été plus loin si les missionnaires ne les eussent apaisés en disant qu'on les trompait par une équivoque, et que leur pays n'entrait point dans ce qui était cédé aux Anglais par le Roi de France.

Source : « Mémoire sur les limites de l'Acadie envoyé à Monseigneur le duc d'Orléans par le Père Charlevoix », Collection de manuscrits relatifs à la Nouvelle-France, Québec, A. Côté et Cie, vol. 3, p. 50-51.

Les colons anglais, encouragés par la paix d'Utrecht, recommenceront à empiéter sur les terres abénakises. Ils y construiront des postes et des forts. Repoussés par la colonisation, les Abénakis n'auront accès qu'à un territoire de plus en plus restreint. La disponibilité et l'accessibilité aux ressources étant limitées, leur survie deviendra de plus en plus précaire.