11. Du Cotonaria à la Hoüette (suite 1.)

Dans sa description le marchand épicier et droguiste Pomet mentionne d'abord cet usage singulier. Il fait ensuite état de plusieurs autres usages comme la fabrication du fil de Guibray qui "est fort en usage par les Ciriers, tant pour faire des Cierges, de la bougie filée, que pour faire des collets bancs aux mèches, ou bas de flambeaux"*. Il souligne que les mèches à mousquets sont faites avec les mêmes étoupes. Nicolas cherche une valeur économique au "Cotonaria". Il est plus proche de l'esprit du texte d'un marchand épicier et droguiste que de celui des botanistes Gerard et Johnson, ce qui est caractéristique de la science des cueilleurs de racines. La figure du Codex est très éloignée de l'Apocynum majus Syriacum rectum  de 1635 de Cornuti*. Ce dernier montre toute la plante à l'exception des follicules. En ce sens, le dessin du Codex est plus précis. Mais quelle est la plante montrée par Nicolas?

En 1629, Parkinson dit du Virginian Silke Illustration qu'il a de la soie comme l'Asclepias ou le Swallow-wort. Il précise que de l'Ecluse donne dans son Rariorum Plantarum Historia plusieurs noms à cette plante comme: Apocynum Syriacum, Palestinum et Aegyptiacum. Il ajoute que Gerard montre une figure très grossière de cette plante sauf pour les épis et leurs graines. Il mentionne que les Virginiens la nomment Wisanck et il y réfère comme à l'Asclépiade dans son Herball, or Generall Historie of Plantes Illustration. Caspar Bauhin dans son Pinax Theatri Botanici, contrairement à tous les autres botanistes, parle de Lapathum Aegyptiacum Lactescens siliqua Asclepiadis. Parkinson dit qu'il donne un nom différent de celui de Gerard parce que l'Asclepias ne donne pas de lait alors que le Periploca recta Virgiana ou Virginian Silke ou encore l'Apocynum en donne. Le Cotonaria du Codex possède

"plusieurs houppes formées par une infinité de forts belles fleurs bien odoriferantes plaines d'une rozée extremement emmielée: le petit oyseau mouche ce nourrit de cette liqueur."*.

Si l'on tient compte de la description de 1629 de Parkinson, Nicolas aurait dessiné l'Asclepias syriaca (Linné) ou Asclépiade Cornutii, nommée aussi l'Herbe à la ouate (Provancher) ou Herbe aux perruches.


Page précédente  Retour au début du chapitre  Page suivante