Voici une sélection de quelques constats provenant d’articles scientifiques récents sur le thème Milieux de vie inclusifs :
Promotion d'un vieillissement actif par des environnements favorisant les liens de proximité et répondant à des besoins communs
Inclusion en centre communautaire et de loisirs : l'importance des partenariats et de la sensibilisation des divers acteurs, de l’adaptation de l’environnement et des activités ainsi que de la création d’espaces partagés
- Une étude de cas2 auprès de divers acteurs du milieu communautaire de loisir au Québec a permis d’identifier différents facteurs internes et externes à l’organisation pouvant influencer l’inclusion de personnes aînées vivant avec des atteintes neurocognitives, une déficience intellectuelle ou des enjeux de santé mentale. Certaines pistes d’action ont été dégagées afin de guider le développement d’outils pour soutenir les milieux de loisir pour l’inclusion d’aînés avec une condition invisible. Les auteurs insistent aussi sur l’importance du partenariat et de la concertation des divers acteurs de la communauté. Ils considèrent ainsi l’inclusion comme une responsabilité partagée.
- Une autre étude québécoise3 a documenté la perception des intervenants, des bénévoles et d’usagers quant à l’inclusion des personnes vivant avec des atteintes cognitives en centre communautaire de loisir. Plusieurs pistes de solutions ont été proposées : préparer le terrain concernant les besoins des personnes présentes; adapter l’environnement (par des repères visuels), adapter les activités (en offrant des cours de base, en plaçant des indications écrites ou des pictogrammes, en encourageant les activités non compétitives et basées sur l’échange interpersonnel); adopter une approche humaniste; proposer des activités pour promouvoir la santé cognitive; former les personnes en contact avec les membres; faire de la publicité pour faire connaître ces services à cette clientèle ou encore encourager les membres actuels à poursuivre leur participation. Enfin, tenir compte des besoins des proches aidants, dont ceux liés au répit, permettait d’améliorer la participation des personnes ayant des atteintes cognitives dans les activités offertes par les centres communautaires de loisir.
- Une équipe de recherche chinoise4 a interrogé 270 personnes aînées et 250 personnes de moins de 60 ans à propos de la mise en place d’un centre communautaire inclusif. Ils visaient à explorer les besoins et les avis similaires ou divergents entre les deux groupes. Leurs résultats indiquent que les personnes aînées acceptent plus facilement que les jeunes adultes la conception inclusive et le partage d’espace pour améliorer les interactions intergénérationnelles. Les résidents de tous âges sont plus enclins à partager des espaces fonctionnels liés aux services de santé, aux services de vie communautaire et à l'exercice physique. En outre, l'étude révèle quelques suggestions de conception. Par exemple, le centre devrait être intégré dans un bâtiment communautaire public. Des services complets et accessibles devraient être fournis à tous. De plus, le climat et les espaces voisins devraient être considérés.
Pratiques inspirantes à l’international pour créer des environnements conviviaux favorables à la santé
- Une recherche japonaise5 a étudié la perception de résidents d’une communauté amie des personnes aînées (ou age-friendly), qui comportait un environnement convivial pour les personnes aînées. Cette communauté offrait aussi diverses activités physiques (ex. taïchi, golf, marche) ou culturelles et artistiques (ex. chorale, poésie, jeux, peinture, etc.). Les résultats ont démontré que les environnements conviviaux ont permis aux personnes aînées de maintenir leur réseau social. Ceci favorise la participation civique et l'engagement dans des activités de groupes de pairs conduisant à un vieillissement actif, et éventuellement à une qualité de vie améliorée à long terme.
- Une étude6 sur un sujet similaire réalisée à Taiwan montre que deux éléments liés aux environnements conviviaux pour personnes aînées contribuent à alléger le sentiment de solitude et à réduire le risque de dépression chez les résidents. Il s’agit de la présence d’hébergement ainsi que le soutien et les services de santé à la communauté. Les auteurs mentionnent cependant que l’utilisation d’Internet est souvent nécessaire pour tirer le maximum de bénéfices de ces environnements adaptés aux personnes aînées.
- Une étude américaine7 mentionne que le fait de vivre dans des environnements conviviaux pour les personnes aînées (age-friendly) est associé à une meilleure santé. L'aménagement d’espaces verts, des programmes de voisinage sécuritaires, des options variées de transport ainsi que des occasions sociales pourraient représenter les moyens les plus efficaces de soutenir un vieillissement actif et en santé.
Amélioration de l'activité physique par des interventions visant des changements de comportement combinées à la promotion des liens sociaux et l'accès aux espaces verts
- Un sondage8 a été mené en Irlande auprès de plus de 10 000 personnes aînées. Les résultats ont montré que la solitude, la participation à la vie communautaire et la difficulté d'accès aux espaces verts expliqueraient en partie les différences dans le nombre de minutes d’activité physique pratiquées par les répondants. Pour favoriser l'activité physique chez les personnes aînées, les auteurs mentionnent que des interventions individuelles visant à amener un changement de comportement, combinées à l'amélioration de l'environnement local et à la promotion des liens sociaux, seraient utiles.
Guide de pratique et programme de formation en ligne pour l’inclusion des personnes ayant des incapacités dans les organisations pour aînés
Une initiative pour soutenir les personnes aînées vulnérables immigrantes vivant dans des communautés du nord de Toronto (Canada)
- Un article présente une étude de cas10 sur un programme de jour pour les personnes aînées vulnérables en Ontario, soit le programme Healthy at Home (H@H). Celui-ci vise à répondre aux besoins en matière d'isolement social et de santé d'une population de personnes âgées vulnérables du nord de Toronto, soit des personnes immigrantes juives russophones. Onze facteurs clés ont favorisé des soins intégrés en tenant compte de la culture et des traumatismes de ces personnes. Ces facteurs incluent : une vision et des objectifs harmonisés, la communication, une culture de collaboration entre les organismes, la présence de champions, et les liens préexistants. En outre, le fait d'opérer avec un but non lucratif, la diversité des secteurs impliqués, des politiques publiques favorables et un fort sentiment d'appartenance à la communauté ont influencé l'intégration des services entre les partenaires pour soutenir cette clientèle à haut risque d’isolement et d’enjeux de santé.
Quel est l’impact des technologies numériques sur le bien-être des personnes aînées immigrantes et réfugiées?
- Une revue de la littérature11 suggère que les technologies numériques sont essentielles au bien-être et à la qualité de vie des personnes aînées immigrantes et des personnes réfugiées. Elles permettent de : 1) maintenir et construire de nouveaux réseaux de soutien social, 2) saisir les opportunités, 3) faire face au stress induit par la migration au moyen de loisirs électroniques et 4) rester en contact avec leur culture. Les écrits révèlent aussi une faible utilisation des technologies numériques chez les personnes plus âgées de ces groupes, ce qui suggère des obstacles pour leur accès. Les auteurs recommandent d'améliorer l’accès aux technologies numériques et d’en accroître l’utilisation chez ces populations. Ils proposent de mener davantage de recherches pour mettre en place des interventions combinant différentes stratégies, dont l’éducation. Cela permettrait d’assurer qu'un plus grand nombre de personnes aînées immigrantes et réfugiées puissent bénéficier des avantages de la technologie numérique en toute sécurité.
Quelle est la valeur accordée par les personnes aînées à l’engagement au sein de communautés amies des aînés?
- Des chercheurs américains ont interrogé 23 participants à diverses initiatives au sein de communautés amies des aînés dans le but d’explorer12 ce qu'ils apprécient de leur engagement dans ces initiatives. Trois thèmes sont ressortis : 1) la contribution à la société, 2) le lien social et l'intégration, et 3) le fait de rester actif et le développement personnel. Ainsi, les auteurs suggèrent de considérer l’intérêt des personnes aînées à contribuer à leur communauté, à s'y connecter et à s'y épanouir pour favoriser le recrutement et la fidélisation de participants au sein de ces initiatives communautaires.
Quels éléments mis en place par les municipalités favorisent la participation sociale des personnes vieillissantes?
- Une étude13 menée par une équipe de l’Université de Sherbrooke a identifié divers aspects à considérer par les municipalités pour favoriser la participation sociale des personnes aînées canadiennes. Ces éléments incluent : 1) des conditions de logement favorables, 2) des options de transports accessibles et abordables, 3) des espaces extérieurs et des bâtiments propres et accessibles, 4) la sécurité (en termes de protection, de réponse aux besoins et de dignité), 5) les loisirs, 6) la participation au marché du travail ou à la vie active, 7) l’accès à la communication et à l'information, 8) le respect (courtoisie et interactions intergénérationnelles), et 9) des services communautaires et de santé qui soient accessibles, de qualité et en quantité suffisante.
Comment le logement de proximité favorise-t-il la participation sociale des personnes aînées?
- Le soutien au vieillissement actif et en bonne santé nécessite différentes solutions de logement communautaire qui favorisent la participation sociale. En ce sens, une équipe de l’Université de Sherbrooke a identifié 46 études14 documentant six modèles de logement communautaire sur quatre continents. Ces modèles favorisent la participation sociale des personnes aînées en leur offrant notamment 1) un espace commun accessible et conçu pour favoriser les interactions sociales, 2) la proximité des ressources, 3) des règles et des politiques flexibles qui facilitent les interactions des résidents avec les co-résidents ainsi qu’avec les voisins de la communauté, et 4) des communautés bienveillantes.
Quel est le rôle des environnements bâtis dans la participation sociale et l’engagement des personnes aînées?
- Des chercheurs américains ont réalisé une revue15 de la littérature résumant les connaissances existantes sur le rôle de l'environnement bâti dans le soutien de l'engagement physique et social des personnes aînées à domicile, dans leur quartier ou dans les établissements de soins. Les principales caractéristiques de l’environnement bâti qui soutiennent l’engagement des personnes aînées sont les possibilités de connexion (avec des personnes, des espaces et des ressources), l’accès à des opportunités d’action et d’engagement et la sécurité. En conclusion, différentes stratégies de conception des espaces peuvent soutenir l'engagement des personnes aînées. Toutefois, des recherches supplémentaires demeurent nécessaires.
Les espaces verts urbains peuvent-ils contribuer à réduire l’isolement social chez les personnes aînées?
- Une recherche16 canadienne a examiné les associations entre la verdure environnante en zones résidentielles et la solitude et l'isolement social chez les personnes aînées. Pour ce faire, un indice de verdure a été attribué aux adresses résidentielles des 811 participants âgés de 45 à 86 ans. Des associations ont été réalisées entre l'indice de verdure et des données recueillies sur la dépression, le sentiment de solitude et l'isolement social. Les résultats suggèrent qu’une augmentation de l’indice de verdure concordait avec la réduction de 7% de la prévalence de l’isolement social, et de 15% du risque de solitude auto-déclarée. De plus, les associations étaient plus fortes pour les personnes vivant seules. Les auteurs concluent que la verdure urbaine joue un rôle à mettre de l’avant pour réduire la solitude et l'isolement social chez les citadins canadiens.
Les obstacles à l’inclusion sociale vécus par les personnes aînées immigrantes canadiennes
- Une équipe canadienne17 a mis en place des forums de discussion18 pour sensibiliser différents acteurs œuvrant auprès des personnes immigrantes canadiennes aux expériences de vieillissement de ces dernières. Cette méthode a permis de créer un espace de réflexion et de discussion en incitant les participants à partager leurs expériences et leurs connaissances. Les personnes immigrantes ont nommé des barrières structurelles et systémiques à leur vieillissement telles que : 1) les services déficients de traduction, 2) le manque d’éducation culturelle des intervenants, 3) le design peu optimal des services et des établissements de soins de santé, et 4) les politiques rigides. La précarité financière, le manque de soutien à l’inclusion sociale, le faible soutien aux proches aidants et le manque d’hébergement et de moyens de transport adaptés aux besoins des personnes immigrantes sont des barrières également nommées. Enfin, l’article inclut plusieurs recommandations pour solutionner ces enjeux et favoriser l’inclusion sociale.
État des lieux des expériences et des perceptions des personnes aînées concernant les interactions sociales en groupe
- Une revue de littérature19 a permis de réaliser une synthèse de 25 études qualitatives sur les expériences d'interactions sociales dans des programmes de groupe de 395 personnes aînées vivant dans la communauté. Cinq grands thèmes sont ressortis : 1) se sentir en sécurité dans un environnement familier, 2) rassembler les gens, 3) établir des relations utiles, 4) améliorer le bien-être personnel et 5) relever les défis de la socialisation. Les programmes d'interaction de groupe offrent un espace sûr et familier leur permettant de nouer des relations significatives et d'améliorer leur santé mentale et leur qualité de vie. Enfin, les résultats appuient la conception d’une diversité de programmes de groupe répondant de manière flexible aux différents intérêts des personnes aînées.