Voici une sélection de constats provenant d’écrits scientifiques récents sur le thème Appropriation des technologies et activités en ligne :
Activité physique en ligne pour promouvoir la santé en période de confinement
- Une étude québécoise1 a examiné et comparé l’acceptabilité, la faisabilité et les bienfaits potentiels de deux programmes d’activité physique en ligne auprès des personnes aînées durant la période de confinement reliée à la pandémie de COVID-19. Le premier programme proposait des séances d’entraînement en groupe et en direct alors que le second proposait des séances préenregistrées à faire de façon autonome. Il en ressort que le taux d’abandon est plus élevé chez le groupe de participants qui faisaient les séances préenregistrées. Ainsi, participer à un groupe en direct entraîne davantage de bienfaits sur la santé physique et mentale et améliore la qualité de vie. Somme toute, les programmes d’activité physique en ligne (en direct ou non) ont un bon niveau d’acceptabilité et de faisabilité auprès des personnes aînées et présentent des bienfaits pour leur santé globale.
- Un projet de recherche2 québécois est en cours dans l’objectif de cocréer un programme de télésanté appelé PROMOSANTÉ, axé sur l’autogestion de la santé et de la participation sociale de personnes aînées à risque de déconditionnement. PROMOSANTÉ est inspiré de différentes modalités éprouvées en activité physique (ex. Move 50), en ergothérapie préventive (programme Remodeler sa vie-Lifestyle redesign) et en santé mentale (Équilia, version française de This Way Up).
Apprentissage des technologies pour favoriser les connexions sociales : facilitateurs, défis et leçons tirées d’un programme offert par des organismes du milieu communautaire
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Dans une étude américaine3, un programme d’entraînement à l’utilisation des technologies d’information et de communication a été offert individuellement durant 14 semaines à des personnes aînées confinées à domicile, avec l’aide de bénévoles formés par des organismes du milieu communautaire. Suivre l’entraînement en personne a été jugé important et facilitant pour les participants. Ceux-ci ont apprécié de façon variable l’utilisation de la technologie selon leur degré de confort, de leurs inquiétudes relatives à la vie privée, de leur perception de la technologie et de la valeur ajoutée à leur qualité de vie. L’étude a identifié plusieurs facilitateurs, défis et leçons pour guider la mise en oeuvre de ces interventions dans les milieux communautaires :
Parmi les aspects qui ont facilité la mise en œuvre, notons la relation existante de l'organisation avec la clientèle, une infrastructure établie pour fournir des interventions communautaires, l'alignement des objectifs de l'intervention avec les objectifs plus larges de l'organisation, et le financement pour soutenir le personnel dédié au programme.
Les difficultés rencontrées comprenaient le temps et les ressources considérables du personnel du programme, la coordination des efforts de partage d’informations entre les multiples partenaires, le recrutement des participants et des bénévoles, et les interruptions dues à la COVID-19.
Les leçons tirées suggèrent l’importance de: l'identification de stratégies efficaces de recrutement de participants et de bénévoles en fonction de la capacité organisationnelle et des stratégies de recrutement existantes; l'utilisation d'une approche ciblée pour identifier les participants potentiels; la flexibilité dans la conception de l'intervention lorsque l'on travaille avec une population de personnes aînées confinées à domicile; et le suivi de la relation participant-bénévole par le biais de rapports remplis par les bénévoles afin d'atténuer et de prévenir les enjeux potentiels. [traduction intégrale de Jiménez et al., 2021, p. 13]
Diverses applications des technologies numériques pour réduire l’isolement social : des interventions télévisées, l’assistance vocale et des cours interactifs en ligne et l’encouragement à la participation sociale.
- Les résultats d’une étude de portée4 canadienne font ressortir que l’utilisation de la technologie a un impact positif sur le soutien social, la résilience ainsi que l’isolement social des personnes aînées. De plus, on constate que le soutien social favorise l’adoption et l’utilisation des technologies par les personnes aînées. Enfin, certaines technologies, comme les vidéos et la télévision, favorisent la recherche de services de santé chez les personnes aînées. Cependant, il est important de tenir compte des iniquités relatives à la santé lorsqu’on évalue l’utilisation ainsi que les effets des technologies, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une population hétérogène.
- Une équipe américaine a publié un article5 sur le développement d’un programme d’intervention interactif télévisé visant à aborder l’isolement social chez les personnes aînées en période de pandémie. La télévision a été choisie comme média pour rejoindre facilement les aînés. Ainsi, 25 épisodes diffusés sur une période de 10 semaines ont été proposés aux participants. Les émissions suggéraient des interventions telles que la thérapie par la réminiscence, par l’horticulture, par le rire; l’exercice, l’art-thérapie, la pleine conscience, la méditation, etc. Ce programme a rejoint 4000 téléspectateurs par épisode et leur a permis de s’engager dans des activités physiques, psychologiques et sociales, réduisant ainsi la solitude et l’isolement des aînés.
- Une recherche6 américaine s’est penchée sur l’utilisation d’un assistant vocal par des personnes aînées et son effet sur le sentiment de solitude. Il a été proposé à 16 résidents d’interagir un minimum de 5 fois par jour avec un appareil Amazon Echo en choisissant dans une liste de 100 commandes, et ce, pour une durée de 8 semaines. Les résultats démontrent que les personnes aînées ont beaucoup plus utilisé l’appareil que demandé (soit en moyenne 18 interactions par jour durant les quatre premières semaines) et que leur sentiment de solitude était significativement moins élevé.
- Une étude7 menée au Japon a évalué l'efficacité d'une application mobile visant à promouvoir la participation sociale et l'activité physique chez les personnes aînées vivant dans la communauté. Cent-quatre-vingt-un adultes âgés de 60 ans ou plus ont été assignés au hasard soit au groupe d'intervention, qui a utilisé l'application pendant 12 semaines, soit au groupe témoin, qui n'utilisait que Google Fit. Les résultats de cette étude montrent que le groupe ayant utilisé l’application a participé plus fréquemment à des passe-temps et à des clubs culturels par rapport au groupe témoin. Cependant, il n'y avait pas de différence significative entre les groupes pour le nombre de pas hebdomadaires. Les analyses de sous-groupes ont suggéré des effets potentiellement plus importants chez les participants âgés de plus de 70 ans, les femmes et les personnes ayant un faible niveau d'éducation. En conclusion, cette application mobile encouragerait la participation sociale des personnes aînées vivant dans la communauté.
Interventions technologiques soutenant la participation sociale : la pertinence d’inclure des interactions sociales, des contacts en personne et des opportunités d’engagement intergénérationnel
- Des auteurs européens ont réalisé une revue systématique8 de la littérature avec l'objectif de fournir une vue d'ensemble des effets des interventions technologiques ciblant la participation sociale. La littérature visée concernait les personnes aînées atteintes ou non de démence et vivant dans la communauté. Les 36 articles sélectionnés démontrent des effets limités sur la solitude, l'isolement social et le soutien social. Néanmoins, plusieurs avantages liés à la participation sociale ont été relatés de façon qualitative. En effet, l'interaction sociale, le contact en personne et l'engagement intergénérationnel ont été suggérés comme des éléments efficaces des interventions technologiques pour améliorer la participation sociale des personnes vivant dans la communauté.
- Une étude contrôlée randomisée9 réalisée à Taiwan avait pour but d’évaluer l’efficacité d’un programme intensif de cours interactifs en ligne auprès des personnes aînées durant la période de pandémie. Le groupe témoin participait à un programme où il n’y avait pas d’interaction entre les participants. En comparaison, les participants du groupe expérimental ont présenté une amélioration supérieure du sentiment de solitude et de leur qualité de vie en regard des domaines de la santé psychologique et des relations sociales. Ainsi, la participation à ce type de programme interactif peut contribuer à réduire la solitude et à améliorer la qualité de vie des personnes aînées.
Quelles sont les interventions efficaces pour réduire la solitude chez les personnes aînées vivant en communauté?
- Une revue des écrits scientifiques10 a évalué l’efficacité des interventions visant à contrer la solitude chez les personnes aînées vivant dans la communauté. Selon les résultats des 60 articles retenus, les interventions de groupe et les formations pour apprendre à utiliser l’internet ou les médias sociaux réduiraient la solitude chez les aînés vivant en communauté (preuves modérées), alors que les exercices en groupe sont aussi associés à une réduction de la solitude, mais plus modeste (preuves faibles). Enfin, les auteurs n’ont pas pu tirer des conclusions claires sur l’efficacité des activités de groupe, des interactions individuelles en personne, ainsi que des interventions en ligne ou téléphoniques, en raison de preuves insuffisantes. Les auteurs croient que ces résultats peuvent guider la conception de programmes et la mise en œuvre d'interventions fondées sur les données probantes pour lutter contre la solitude.
Quel est l’impact des technologies numériques sur le bien-être des personnes aînées immigrantes et réfugiées?
- Une revue de la littérature11 suggère que les technologies numériques sont essentielles au bien-être et à la qualité de vie des personnes aînées immigrantes et des personnes réfugiées. Elles permettent de : 1) maintenir et construire de nouveaux réseaux de soutien social, 2) saisir les opportunités, 3) faire face au stress induit par la migration au moyen de loisirs électroniques et 4) rester en contact avec leur culture. Les écrits révèlent aussi une faible utilisation des technologies numériques chez les personnes plus âgées de ces groupes, ce qui suggère des obstacles pour leur accès. Les auteurs recommandent d'améliorer l’accès aux technologies numériques et d’en accroître l’utilisation chez ces populations. Ils proposent de mener davantage de recherches pour mettre en place des interventions combinant différentes stratégies, dont l’éducation. Cela permettrait d’assurer qu'un plus grand nombre de personnes aînées immigrantes et réfugiées puissent bénéficier des avantages de la technologie numérique en toute sécurité.